mardi 31 mai 2011

Claude CAHUN

Claude Cahun, l’artiste visionnaire, la personnalité dérangeante, la résistante condamnée à mort, celle qui n’a jamais voulu se contenter d’être une muse du surréalisme a longtemps été occultée, tronquée, trahie. Elle est exposée à Paris, au musée du Jeu de Paume, du 24 mai au 25 septembre 2011.

cahun claude

Naître en 1894 et façonner son destin de femme, juive, lesbienne, artiste et activiste révolutionnaire dans le contexte de deux guerres mondiales et de l’explosion surréaliste est déjà peu courant. Mais s’avérer aujourd'hui la plus actuelle, voire futuriste, de toute la scène d’alors est nettement plus époustouflant. Ses collègues sont représentatifs d’une époque. Elle seule les transcende. Cette audace, cette originalité, cette détermination ont un prix. Beaucoup s’ingénièrent à l’enterrer vivante. A nous aujourd’hui de la chercher. La tache promet d’être des plus exaltantes.

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La quatrième de couverture de la biographie de François Leperlier, publiée en 1992, s’ouvre sur cette succulente déclaration : “J’ai la manie de l’exception” et précise que l’on va parler d’une personnalité “excentrique” (loin du centre) qui s’est toujours refusée à “l’autorité des évidences”. L’Interdit s’incline. L’introduction de l’essai de Laura Cottingham, Cherchez Claude Cahun, publié en 2002, dépeint en outre sa modernité : “Proust est mort en 1922 et avec lui le dix-neuvième siècle. Claude, pour sa part, anticipa non seulement le vingtième siècle mais également le vingt-et-unième. Et il ne s’agit pas seulement d’une question d’apparences, bien que les apparences soient si importantes. Le crâne rasé de Claude, ses vêtements amples et élégants, son style si chic, son appareil photo, ces éléments qui la caractérisaient si bien sont encore et toujours des accessoires nécessaires et des activités artistiques actuelles. Alors que ce pauvre Proust chercherait, probablement en vain, du Dom Perignon et de l’absinthe s’il débarquait dans l’East village en 2002, Claude, tout comme nous, aurait son tapis de yoga et connaîtrait déjà le premier cycle de la série Astanga”.

Choisir un pseudonyme unisexe

Claude Cahun est née Lucy Schwob le 25 octobre 1894. Elle ne perd pas son nom en l’aliénant par un mariage mais en choisissant un pseudonyme unisexe. Elle partagera sa vie entière (privée, artistique et politique) avec Suzanne Malherbe dite “Moore”, la fille de sa belle-mère, avec qui elle a été élevée et qu’elle ne quittera jamais. Les amantes travailleront ensemble dans les écrits, photographies, autoportraits, photo-montages et lutteront au quotidien. On peut d’ailleurs supposer qu’attribuer à la seule Claude Cahun son œuvre géniale est un peu injuste : cette œuvre tient certainement à une étroite collaboration entre les deux femmes : “En mettant Claude Cahun comme unique créatrice de ces photos, en gommant le rapport d’adresse à Suzanne Malherbe et même sa part de créatrice, l’exposition [qui avait alors lieu à Paris au musée d'Art moderne] nie la possibilité que la création soit aussi l’œuvre du couple, sans doute parce que la complicité du couple homosexuel échappe ici à une norme établie. Or comment ignorer cette probabilité quand on sait que dès l’adolescence elles ne se sont jamais quittées, qu’elles ont eu une éducation quasi semblable dans des familles de même milieu et qu’elles ont participé aux mêmes aventures : théâtre, revues (l’une par l’écrit, l’autre par le graphisme), mouvement surréaliste, Résistance… Evidemment, cela va à l’encontre du créateur un et unique mais nous connaissons à notre époque de nombreux couples homosexuels créateurs qui se revendiquent comme tels” (Catherine Gonnard in Lesbia magazine n° 141, septembre 1995).

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Quoi qu’il en soit, il s’agit de s’affranchir des images imposées, invivables, à commencer par le clivage féminin/masculin. Ainsi tout au long de son livre Aveux non avenus (1930), Claude Cahun veille à l’alternance des deux genres grammaticaux. De même, ses fulgurants autoportraits ne peuvent la rapprocher de rien de connu. Elle y joue de son aspect ou le truque, cheveux courts ou pas de cheveux, profil accentué, crâne allongé, dédoublements à l’infini, masques, rôles féminins ou masculins joués et triturés. On peine à savoir précisément ce que l’on est en train de regarder, on a beaucoup de mal à croire que ces œuvres datent de 1920, on reste en émerveillement devant l’audacieuse fierté du regard défiant l’objectif.

Apprécier l’indéfini

La biographie de Leperlier et l’enquête de Cottingham interprètent différemment la personnalité sexuelle de Claude Cahun. Pour le premier, “n’ayant aucune complaisance pour tout ce qu’on attache habituellement au sexe féminin, ironisant sur le féminisme, bien convaincue que l’acte poétique intéresse des individus avant d’engager des genres toujours hypothétiques à ses yeux, elle est mieux placée que quiconque pour vérifier que les thèmes masculins et féminins sont en conversion permanente dans l’écriture et que l’imagination n’a pas de sexe, ou bien elle les a tous”. Leperlier déclare joliment que pour lui Cahun n’est pas “fixée” sur son identité sexuelle et que là comme ailleurs elle “appréciait l’indéfini”.

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Cottingham, elle, craint que par là on occulte que Cahun soit femme et lesbienne. A son sens, Cahun s’est revendiquée femme, refusant seulement d’être féminisée, ce qui n’est pas la même chose : “Tout en refusant d’être “féminisée” (et par conséquent d’admettre que le corps des femmes soit à la disposition sexuelle des hommes), Cahun revendiquait consciemment sa position politique de femme dans ses œuvres (…) Ces assignations contemporaines parmi d’autres au sujet d’une Cahun masculine ou travestie reposent sur des idées extrêmement conservatrices sur l’apparence des femmes et leur production artistique, car il n’y a rien de manifestement “mâle” dans les œuvres de Cahun. Il faudrait plutôt dire que les autoportraits de Cahun présentent souvent l’image d’une femme qui rejette les codes visuels conventionnels de la conduite des femmes : ses cheveux ne sont pas longs, son visage ne se cache pas sous un maquillage, son corps n’est pas fardé de bijoux et elle ne porte pas de robe. Le choix de se représenter non féminisée (…) était orchestré en opposition aux codes établis de l’apparence des femmes et non en fonction d’une quelconque tentative délibérée de se faire passer pour un homme ou une travestie”.

Echapper à l’histoire et à la culture

Personnellement, je me contenterai de rappeler que ne pas s’affirmer femme ne signifie en rien se vouloir homme. Ce qui est sûr c’est que, quelles que soient les nuances à ce sujet, on aura compris que la position de Cahun dérangeait à l’époque et dérange encore. Quant à son lesbianisme, il est régulièrement gommé, comme c’est la tradition. Et là il est beaucoup plus facile de trancher en faveur de Cottingham quand elle dénonce Leperlier qui “a tellement envie d’hétérosexualiser Cahun qu’il prétend que 'Claude Cahun a aimé Breton, d’un amour manifestement impossible comme tous ses amours, mais plus impossible, plus secret, plus désespérément fou que tous ses amours réels ou fictifs'”. La phrase “impossible comme tous ses amours” appliquée à quelqu’un qui partagea sa vie et son œuvre avec une autre est tout simplement scandaleuse. Et me revient forcément en mémoire ma propre indignation à la lecture des biographies de Marguerite Yourcenar : à elle aussi on prêtait volontiers des amours masculines montées en épingle.

Dans un cas comme dans l’autre, je me moque bien sûr complètement de la vérité ou non de ces amours, je suis seulement outrée du fait qu’elles viennent en paravent, masquant et dénigrant de grandioses histoires d’amours féminines (Yourcenar ayant aussi passé l’essentiel de son existence avec la même femme, ce qui semble compter beaucoup moins que de supposées attirances de passage pour un homme ou deux). Il est clair que l’on travaille à faire rentrer dans le rang deux personnalités qui n’ont eu de cesse d’en sortir. Cottingham évoque avec justesse ce fameux regard de Claude évoqué plus haut, si direct, qui “suggère le défi et la maîtrise de soi plutôt que la vulnérabilité et la modération” et constate qu’elle “n’avait de cesse d’imaginer et de photographier la manière dont le commun des mortels pouvait échapper à l’histoire et à la culture”. En ce qui la concerne, son lesbianisme participa pour une grande part à cette “échappée”. La ramener, comme Yourcenar, dans le domaine familier de l’hétérosexualité est une façon de minimiser sa subversion permanente. Une façon de dire “au fond d’elles-mêmes, quoi qu’elles disent et font, elles rêvent de maris et d’enfants”.

Une autre façon de minimiser cette subversion consiste bien sûr à la passer le plus possible sous silence. Il faudra attendre 1937 pour qu’une partie de l’œuvre de Cahun soit exposée au public. 1992 (près d’un siècle après sa naissance) pour consulter une biographie sur elle. 2002 pour découvrir la traduction française de l’essai de Laura Cottingham. L’Encyclopédie du surréalisme et le Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs ne la mentionnent pas. C’est que si le surréalisme était “révolutionnaire”, ce n’était pas à l’égard des femmes, confinées comme toujours au rôle de “muse-modèle-maîtresse”. Un rôle que Claude Cahun n’a pas tenu. Elle a participé aux débats politiques, s’est elle-même photographiée à son idée plutôt que de poser nue, bref s’est investie dans la désobéissance, y compris au sein d’un mouvement qui passait pour être lui-même non conformiste.

C’est pourquoi je ne me suis pas étendue ici sur les données biographiques classiques. Oui, elle fréquenta les étoiles du surréalisme, oui elle traduisit Oscar Wilde, ami de son oncle, etc. Il m’a semblé que ces grandes figures avaient fait assez couler d’encre, et j’ai préféré me consacrer cette fois à elle, rien qu’à elle, qui en fit couler si peu et en méritait tant.

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Source: http://interdits.net/interdits/index.php/Claude-Cahun-la-manie-de-l-exception.html
[Une première version de ce texte est parue dans L'Interdit en 2002].

>> please take a look at: http://dolorosa-reveries.blogspot.com/search/label/Claude%20Cahun

lundi 30 mai 2011

Ce n'est pas tout de le dire...

« Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des banquiers et des politiques », dit la pancarte principale de la #spanishrevolution. Certes, mais ce n’est pas tout de le dire ! Ce n’est pas tout de prôner la non-violence absolue en se réclamant de Gandhi et en oubliant que ce dernier avait pris les coloniaux Britanniques par la bourse en demandant à son peuple de boycotter le sel et, même de manière violente et tragique en certains moments. Ni la révolution espagnole ni les arabes et musulmanes (que l’on voit d’ores et déjà, comme prévu, récupérées ou édulcorées) ne parviendront à leur fin sans toucher la bête (ici appelée banquiers et politiciens) à l’endroit où cela lui fait le plus mal : l’indépendance !

Au risque de me répéter, on ne se façonne pas une révolution pacifique si celle-ci n’est pas supportée par l’immense majorité du peuple et donc, si les revendications ne sont pas susceptibles d’être acceptées comme propres par cette immense majorité. Tant que les « acampados » ne s’allieront pas, d’une manière ou d’une autre, les travailleurs, les petits indépendants et les paysans les plus pauvres autour d’un programme minimal mais crédible et porteur, le mouvement est condamné à disparaître plus ou moins rapidement. Or, qu’est-ce qui fait mal aux politiciens et aux banquiers ? C’est que les premiers n’ont plus aucun pouvoir sur les seconds et que les seconds ont besoin du bras armé des premiers pour continuer leur accumulation. S’attaquer au dieu Marché et à ses contradictions réelles et concrètes ! Bien sûr, l’Espagne n’est pas l’Islande, mais justement, et là-bas, c’est ce qu’ils ont fait : refuser de rembourser la dette, ne plus répondre aux banquiers, etc.

C’est à démonter cet engrenage que les assemblées et le mouvement tout entier doit s’atteler ; à en faire un mot d’ordre général qui fasse prendre la mèche, réellement, objectivement, dans l’ensemble du pays et, en dehors, dans l’ensemble de l’Europe en crise. Je ne sais ce qui va sortir des assemblées qui ont lieu en ce moment même –je sais que l’épisode enthousiasmant de la Bastille, a été stoppé net, par une charge musclée de CRS sans état d’âme- mais, j’espère que les résultats n’en resteront pas à de vagues déclarations sur la méthode et la forme plus que sur le fond de revendications qui, quoi qu’on y fasse, sont des revendications politiques. S’attaquer aux politiciens véreux, critiquer la démocratie formelle et combattre les privilèges, ne peut, en aucune façon, vouloir dire renier la politique, se battre pour plus de démocratie et mettre en place des manières, une manière, de vie en commun qui soit autre, certes, mais ailleurs que dans les places occupées : dans les usines, les villages, les régions, le pays tout entier, les facultés, etc.

Loin de moi l’idée de vouloir faire plaisir à tout le monde –que du contraire. Il me semble qu’un des pièges de mes amis de Sol et d’ailleurs (qui savent très bien ce que je suis en train d’écrire puisque le mouvment s’appelle Démocratie REELLE, tout de suite) réside, précisément, dans un vouloir contenter tout le monde qui, en bout de course, ne contentera personne si ce n’est le pouvoir en place qui verra comment l’illusion s’effrite et le danger, par eux ressenti, s’éloigne ou disparaît. Me propos pourraient sembler contradictoires : d’un côté chercher à rassembler l’immense majorité autour d’un ou deux thèmes d’un programme capable de rassembler le plus grand nombre et, de l’autre, l’appel à ne pas chercher à contenter tout le monde. La contradiction disparaît, dès lors que l’on touche à la politisation obligée du mouvement –il ne peut en aucun cas en rester à l’état de mouvement spontanné. Politiser la lutte, faire pression, s’organiser et organiser des contre-pouvoirs réels, des actions d’envergure qui visent le centre nerveux de ce qu’il faut bien nommer par son nom : le système capitaliste, pour qu’il flanche et qu’à terme il menace de « révolutionner ». La lutte sera longue, on le savait ; il ne faut pas qu’elle s’arrête avant d’avoir été menée, avant d’avoir été au-delà des prémisses de l’espoir et du courage intelligent qui rassemble au départ du concret. Il faut tenir dans la distance et les politiques le savent qui, tous, de la gauche institutionnalisée aux écolos bon teint, en passant par les idéologues sectaires, les sociaux-démocrates et les libéraux, se tiennent en retrait. Je n’ai lu ni entendu aucun appui convaincu et fort, aucun geste fort qui appuie les revendications ni le mouvement de la part de cette clique ! Aucun renoncement à la pension à vie en tant que parlementaire, aucune proposition de projet de loi contre les privilèges basiques repris dans le manifeste de la plate-forme : rien !

Certains se méfient du spontanné, d’autres pensent à leur propre jeunesse soixante-huitarde et replongent dans des dilemmes d’avant la chute du mur, d’autres, enfin, craignent pour leur carrière, leurs privilèges, leur fortune… On n’a pas besoin d’eux : ils ont besoin de nous ; mais, de « nous » qui veut dire le peuple et non pas dix mille, même cent mille personnes, même un million : le peuple ! Et, pour le moment, le peuple continue, comme si de rien –même si les élections italiennes confirment la tendance de l’Espagne, la semaine dernière, l’abstention continue de croître jusqu’à des sommets difficilement soutenables, même en démocratie formelle : terreau pour l’extrême-droite. D’ailleurs, à noter que, pour la première fois depuis des décennies, un partie xénophobe et allié de le Pen, a émergé en Catalogne dimanche dernier… Il en va et en ira de même dans toute l’Europe si personne n’est capable de redonner sens au désespoir, de mettre des mots sur des douleurs et des maux, de redonner ses lettres de noblesse à la politique et à l’Utopie.

Je sais et je suis certain que c’est cela qui sortira des débats épuisants menés dans le plus grand respect de la parole de tous et avec des manières de faire, tellement organisées, qu’il était impossible qu’un petit (ou un grand) leader apparût. Déjà Barcelone a décidé de prendre deux jours de plus afin de « se structurer et pouvoir dé »centraliser le mouvement vers la périphérie » ; Madrid, Séville et Valence viennent, à l’instant (minuit) de décider la même chose. Après, il s’agira d’unifier tous ces petits laboratoires, de les relier autrement que par le Net et les réseaux sociaux. Ces laboratoires portent le germe d’un autre possible, d’une véritable révolution (la première) qui met en avant et l’internationalisme et le pacifisme et la protection de la Nature ! L’Utopie vaut la peine t les gens y adhèrent pour peu qu’elle se montre de face, sans chichis. Le grand écrivain Galeano, disait l’autre jour, sur une chaîne catalane, alors qu’il était interrogé sur ce qu’il venait de voir à Madrid, à peu près ceci que je cite de mémoire : « Un ami cinéaste et moi étions en Colombie, devant un parterre d’étudiants et tout se passait bien jusqu’à ce que quelqu’un nous demande ce qu’est l’Utopie. Je regarde, perdu, mon ami et lui passe la parole en me disant « le pauvre » et, à ma grande surprise, il répond tranquillement cette phrase merveilleuse : l’Utopie, c’est comme l’horizon, toujours visible et toujours inaccessible, tu avances de dix pas et il recule de dix pas, mais tu avances ; l’Utopie, c’est cela, ce qui te permet et qui te fait avancer. »

Sans cela, le risque est grand de tomber dans ce qui, malheureusement, est devenu l’alternatives du Maghreb et du Makrech : démocratie réelle, réformisme mou ou recul et répression. Aucune révolution –et encore moins en ces temps où le pouvoir est tout aussi globalisé que les oppositions et aussi rapidement interconnecté- ne peut se faire sans l’appui des classes populaires et des intellectuels –je l’ai déjà dit- mais sans celui, également, de la petite bourgeoisie et des indépendants, eux aussi victimes du système. En fin de compte, les bénéficiaires du capitalisme sont très peu nombreux, alors pourquoi ses sbires tiennent-ils les rênes si fortement qu’on dirait des laisses invisibles au cou des citoyens avachis, abrutis, manipulés, aliénés ? C’est une des questions auxquelles il faudra répondre et qui n’est pas la plus difficile, afin de mettre en place des contre-pouvoirs efficaces (qui touchent et éveillent la conscience des peuples, au-delà de l’indignation). Pour les pays de l’hiver jasmin, sur la rive méridionale de la Grande Bleue, se défaire des multinationales et des puissances « alliées » encore à la tête des politiques et des militaires aujourd’hui démocrates, afin d’en terminer avec une réelle démocratisation, une réelle indépendance économique et politique, une réelle négociation avec Israël d’égal à égal et se sortir des bourbiers Syrien, Libyen, Yéménite, du Bahreïn, etc. Pour l’Espagne, se défaire du poids des restes du franquisme, récupérer la mémoire historique, et se trouver des alliances autres que celles des politiques aux ordres des agences de notation et de l’empire du marché des armes et de la drogue (le tourisme, pour ne citer que lui, repose sur le grand banditisme et la corruption généralisée, sur la péninsule). Pour tous, viser le FMI, la BM, le G8 et le G20… Parenthèse : Galeano disait aussi, dans la même interview que DSK, avant de violer l’employée de l’hôtel, avait violé impunément des pays et des continents entiers –ce qui peut donner une certaine idée de toute-puissance et il devrait être jugé pour les deux types de viols commis. Fin de la parenthèse.

Je ne vais pas revenir sur mes articles précédents concernant le mouvement Democracia Real Ya (DRY). J’y crois, je veux y croire et nous devrions, nous tous qui sommes pour un monde autre, être solidaires et y croire. La #spanishrevolution a les pieds bien sur terre et a fait preuve d’indépendance, de courage, de ténacité, de lucidité et d’énergies vitales qui la rendent capable non seulement de durer, mais d’aller jusqu’au bout. Il lui faut, à présent, avancer : l’horizon ! La graine semée a d’ores et déjà pris, il s’agit d’en récolter les fruits, en prenant soin, auparavant, et cela durera le temps que cela doit durer, de veiller jalousement à la santé des pousses ! Plus rien ne sera jamais plus comme avant (au Sud de la Méditerranée non plus) : cela a déjà touché le cœur ou l’estomac des partis de la gauche, quoi qu’ils disent, parce que les revendications sont réalistes et que l’analyse de départ est sans failles et inattaquable –raison pour laquelle l’effort doit porter sur l’enracinement de celles-ci parmi les couches les plus larges et de la manière la plus fertile possibles. Il n’est pas inutile de le rappeler : le mouvement est contre le système, mais pas apolitique, il vise à un changement de système, clairement progressiste –même s’ils n’aiment pas qu’on les compare à ce qui existe car ils veulent autre chose de complètement nouveau. Ils ont raison, raison pour laquelle c’est révolutionnaire. Ce contre quoi je les mets en garde c’est précisément cela : des demandes si réalistes au départ d’analyses si évidentes peuvent, si le processus n’est pas huilé et très bien structuré, aboutir à l’inverse de l’effet escompté : renforcer la social-démocratie dont les thèses pourraient se voir enrichies par le travail effectué tout au long de ces semaines par les jeunes et les moins jeunes « acampados ». Car, comme le souligne un politicien de Barcelone : « tout cela met en évidence, le manque de politique au niveau Européen susceptible de donner des réponses aux problèmes de la Société » (repris par le journal publico.es du 29/5)

En fait, le politique que l’on croyait mort, les idéologies et l’histoire finis, reviennent en force –et de quelle manière- sur le devant de la scène, avec des citoyens protagonistes, anxieux de redevenir sujets de leur destin et solidaires des affaires du monde. Jusqu’ici, la révolution cherche à se définir comme révolution sociale : représentation réellement démocratique, lutte contre la corruption et les privilèges, séparation effective et réelle des pouvoirs, contrôle citoyen sur les responsables et les responsabilités des politiques. Un des porte-parole de Sol a pu même déclarer que toutes ces revendications « a minima » se trouvaient déjà dans les textes de Loi et la Constitution, mais sans être respectées ni appliquées. En somme, une évolution plus qu’une révolution au sens classique du terme. Une évolution qui, sans s’en rendre vraiment compte, de se mettre en place, pousserait le système à s’embourber dans ses contradictions car, en l’état actuel du fonctionnement des affaires du monde, pouvoir et corruption, manipulation et mensonge, non respect des Constitutions et inégalités, maintien des privilèges et politiciens aux ordres du fantôme tout-puissant surnommé « communauté internationale » sont tout bonnement indispensables à sa survie !

Je terminerai cet article par les paroles de Natalia Muñoz, une des instigatrices du mouvement DRY : « il est logique que certaines choses que nous disons ne soit pas suffisamment rigoureuses car elles ne sont que l’expression d’un mal-être. C’est pour cette raison que nous avons besoin de l’appui de spécialistes et l’aide de tous ceux qui s’y connaissent dans chacun des points abordés. » (in publico.es, idem supra) en somme une espèce de deuxième transition –véritablement consensuelle et partie du peuple, cette fois- contrairement à celle, peureuse, qui suivit la mort du dictateur, l’instauration de la Monarchie et la rédaction d’une Constitution à la Belge, sous la pression des pouvoirs factieux encore en place, le souvenir des horreurs et, en même temps leur déni de fait, de la mémoire historique, le début des années de crise qui annonçaient les Thatcher-Reagan dont on connaît les méthodes, les objectifs et les limites imposées en des temps dits de Guerre Froide. Aujourd’hui, la rue redevient Agora, et l’on ne se contente plus d’abattre des murs, mais on emploie toute son énergie à construire des ponts. La Parole retrouvée –une Parole vraie tant au sens marxien qu’au sens lacanien du terme : quelle, belle et grande, révolution en ces temps d’uniformité et de replis frileux !

José Camarena 29/05/2011

© Hozé 5/2011
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source: http://samesoule.wordpress.com/2011/05/29/ce-n%E2%80%99est-pas-tout-de-le-dire/

Angela Davis



(France, 2010, 40mn)
ARTE France

http://videos.arte.tv/fr/videos/angela_davis-3926418.html


Angela Davis est aujourd'hui professeur de philosophie à l'université de Californie de Santa Cruz et milite toujours activement pour réformer le système judiciaire américain. Quarante ans après avoir été inculpée par le FBI puis acquittée pour un complot visant à libérer des prisonniers politiques noirs, elle revient sur les événements qui lui ont valu une notoriété politique internationale.

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Angela Yvonne Davis, née le 26 janvier 1944 à Birmingham dans l'État de l'Alabama, est une militante américaine communiste des droits de l'homme et un professeur de philosophie.

Militante des droits civiques, proche du Black Panther Party, elle fut poursuivie par la justice à la suite de la tentative d’évasion de trois prisonniers, surnommés les Frères de Soledad, qui se solda par la mort d’un juge californien en août 1970. Emprisonnée seize mois à New York puis en Californie, elle fut finalement acquittée et poursuivit une carrière universitaire qui la mena au poste de directrice du département d’études féministes de l’université de Californie. Ses centres d’intérêt sont la philosophie féministe, et notamment le Black Feminism, les études afro-américaines, la théorie critique, le marxisme ou encore le système carcéral. En 1997, elle fait son coming out auprès du magazine Out.

Elle fut à deux reprises, en 1980 et 1984, candidate à la vice-présidence des États-Unis pour le parti communiste américain.



Angela Davis est née dans une famille afro-américaine habitant l'Alabama des années 1940, alors que les lois Jim Crow imposaient toujours la ségrégation raciale dans le Sud des États-Unis. Son père était diplômé de St Augustine’s College, une institution réservée aux Noirs Américains située à Raleigh en Caroline du Nord. Il fut brièvement professeur d’histoire dans l’enseignement secondaire mais, estimant son salaire insuffisant, il quitta son emploi de professeur pour acquérir une station service dans le quartier noir de Birmingham (Alabama). Sa mère, qui mena aussi ses études jusqu’au supérieur, était professeur dans le primaire. La famille Davis occupe dans un premier temps les logements sociaux de Birmingham. En 1948, elle quitte les petites maisons uniformes en briques rouges qui composent le logement social de la ville pour une vaste maison en bois, dans un quartier qu’elle est la première famille noire à occuper. Rapidement après son arrivée, elle est suivie par de nombreuses autres familles noires. Cette mixité nouvelle exacerbe les tensions raciales. En 1949 a lieu le premier attentat contre une des maisons nouvellement construites par des Noirs. Il est le premier d’une longue série qui donne au quartier son surnom de « Dynamite Hill ».

Durant sa jeunesse, Davis est profondément marquée par son expérience du racisme, des humiliations de la ségrégation raciale et du climat de violence qui règne dans son environnement quotidien. Cette expérience s’accompagne des premiers éléments de socialisation politique. La famille d’Angela y joue un rôle important. Ses deux parents possèdent une expérience militante : au lycée, sa mère a participé à des mouvements antiracistes, militant notamment pour la libération des Scottsboro Boys. Ses deux parents sont par ailleurs membres de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). Sa grand-mère maternelle, née quelques années après la Proclamation d'émancipation, lui parle de l’esclavage qu’avait connu ses propres parents. Ses premières vacances à New York, où elle goûte aux joies d’une vie non ségréguée dans la famille de son amie Margaret Burnham, sa future avocate, avive encore sa conscience des humiliations quotidiennes qu’impose la ségrégation. Plusieurs nouveaux épisodes viendront lors de ses visites ultérieures- entre six et dix ans, elle passe la plus grande partie de ses étés à New York-, réviser son jugement sur la situation idéale des Noirs dans le Nord.

Elle fréquente l’école primaire de Birmingham réservée aux Noirs. Abritée dans des bâtiments vétustes, elle est moins bien dotée financièrement que l’école réservée aux Blancs. Davis note toutefois que la ségrégation avait aussi pour effet de laisser aux enseignants noirs une marge de liberté qui leur permettait d’orienter le contenu de leur enseignement dans un sens qui favorisait l’émergence d’une identité spécifiquement noire. Outre The Star Spangled Banner, l’hymne national américain, les enfants apprenaient et chantaient en classe l’Hymne national noir de James Weldon Johnson. Ils se voyaient enseigner la vie des personnages historiques noirs qui avaient marqué la vie du pays comme Frederick Douglass, Sojourner Truth ou Harriet Tubman. Le modèle de réussite qui était proposé aux enfants noirs par les enseignants s’appuyait néanmoins selon elle sur une morale de la réussite individuelle qui masquait la dimension collective de la lutte qu’elle pensait devoir être mise en œuvre pour renverser le système raciste et libérer les Noirs de leur oppression.

À quatorze ans, alors qu’elle se dit ennuyée par « le provincialisme de Birmingham », elle doit choisir son orientation pour le lycée. Deux opportunités s’offrent à elle : elle est acceptée dans l’école préparatoire de l'Université Fisk de Nashville, une des institutions réservées aux Noirs les plus prestigieuses du pays, et au sein d’un programme expérimental de l’organisation quaker American Friends Service Committee qui place des étudiants noirs du Sud dans des écoles mixtes du Nord. Intégrer l’Université Fisk lui ouvrirait la voie des études médicales auxquelles elle se destine alors pour devenir pédiatre. La seconde option lui permettrait de rejoindre le lycée Elisabeth-Irwin, une école privée de Greenwich Village (New York) défendant les principes de l’éducation nouvelle. Après de longues hésitations, elle finit par choisir New York.

Son arrivée à New York marque une nouvelle étape dans sa socialisation politique. Elle est logée chez le révérend William Howard Melish. Pasteur de la plus grande église épiscopale de Brooklyn dans les années 1950, il avait perdu ses fonctions au terme d'un long bras de fer avec sa hiérarchie à cause de ses prises de position contre le maccarthisme et son affiliation à la Soviet-American Friendship Organization (Organisation de l’amitié américano-soviétique). Le corps enseignant du lycée Elisabeth Irwin que Davis a rejoint est dans sa grande majorité interdit d’enseignement dans le secteur public à cause de son positionnement politique marqué à gauche. C’est dans ce nouvel environnement qu’elle entend pour la première fois parler du socialisme, s’avouant notamment fascinée par les expériences utopiques, comme celle de Robert Owen. Elle lit le Manifeste communiste qui la conduit « à replacer les problèmes du peuple Noir dans le contexte plus large d’un mouvement de la classe ouvrière ».

Elle est introduite au sein d’une organisation de jeunesse marxiste-léniniste nommée Advance. C’est sa première expérience du militantisme. Elle y côtoie des amies de longues dates comme Margaret Burnham ou Mary Lou Patterson mais rencontre aussi à cette occasion Bettina Aptheker, la fille de l’historien communiste Herbert Aptheker dont le domicile accueille la plupart des réunions du groupe. Elle participe aux manifestations de soutien au mouvement des droits civiques qui connaît un nouvel élan avec la campagne de sit-in initiée le 1er février 1960 à Greensboro (Caroline du Nord). Davis a cependant le sentiment d’avoir quitté le Sud au moment où le mouvement prenait véritablement de l’ampleur et en éprouve une vive frustration. Elle se range néanmoins à l’avis de ses parents qui lui enjoignent de finir son année scolaire à New York.

En 1962, elle obtient une bourse pour étudier à l’université de Brandeis dans le Massachusetts. Elle est l’une des trois étudiantes noires de première année. Davis décrit cette première année comme une année d’isolement qu’elle « cultive de façon quelque peu romantique », se plongeant notamment dans les œuvres des existentialistes français (Jean-Paul Sartre, Albert Camus...). Son année universitaire est marquée par une série de conférences de l'écrivain James Baldwin sur la littérature qui est interrompue par la crise des missiles de Cuba ; Baldwin refuse de poursuivre son exposé mais s’exprime sur le conflit lors d’une assemblée générale, aux côtés du philosophe Herbert Marcuse que Davis entend pour la première fois. Elle occupe divers emplois pour financer un voyage en Finlande où se déroule le Festival mondial de la jeunesse et des étudiants. Elle s’arrête à Londres et passe quelques jours à Paris et à Lausanne. À Helsinki, elle se montre particulièrement impressionnée par l’énergie dégagée par la représentation que donne la délégation cubaine.

Lors de sa deuxième année à Brandeis, elle étudie la littérature et la philosophie française contemporaine ; Sartre en particulier continue de susciter son intérêt. Elle voit Malcolm X haranguer un amphithéâtre composé quasi exclusivement d’étudiants blancs, en leur annonçant la prochaine punition divine de leurs pêchés envers les Noirs.

À l'issue de son cursus, Davis obtient une prolongation de sa bourse pour suivre le programme français de troisième année du Hamilton College. En septembre 1963, elle passe ainsi un mois à Biarritz. C’est dans la station balnéaire française qu’elle apprend l’attentat qui a frappé l’église baptiste de sa ville natale de Birmingham où quatre jeunes filles sont tuées. Trois étaient de proches connaissances. Refusant d’y voir le résultat d’un comportement extrémiste isolé, elle analyse « cet événement violent et spectaculaire » comme l’expression paroxystique de « la routine quotidienne, souvent monotone, de l’oppression raciste ». Elle passe novembre à Paris, puis l’été à Francfort où elle assiste à des conférences de Theodor W. Adorno. Sa formation intellectuelle se poursuit : elle lit Marcuse et de retour à Brandeis se rapproche du philosophe après avoir assisté à sa série de conférences sur la pensée politique européenne depuis la Révolution française. Sur ses conseils, elle décide de partir étudier la philosophie à Francfort. Elle quitte les États-Unis en 1965, au milieu des émeutes de Watts.

En Allemagne, elle côtoie des étudiants allemands membres de l’Union socialiste allemande des étudiants, participe à des manifestations contre l'intervention militaire américaine au Viêt Nam ou contre la projection du film documentaire italien pro-colonisation Africa Addio et visite régulièrement Berlin-Est.

Pendant son séjour en Allemagne, le mouvement de libération des Noirs connaît de profondes évolutions et tend à se radicaliser dans le sillage du slogan Black Power. Frustrée de ne pouvoir participer à l’effervescence militante qui semble régner dans son pays, elle décide de rentrer aux États-Unis à l’issue de sa deuxième année en Allemagne. Marcuse, désormais en poste à l’Université de San Diego, accepte de reprendre la direction de sa thèse, initialement tenue par Adorno.

À son arrivée à San Diego, elle est privée de tout contact au sein du mouvement noir californien et adhère en désespoir de cause à l’organisation radicale des étudiants du campus dont l’action se tourne principalement vers la lutte contre la guerre du Viêt Nam. Elle subit à cette occasion sa première arrestation suite à une distribution de tracts. Souhaitant s’impliquer dans une action spécifique à destination des Noirs, elle travaille à organiser un conseil des étudiants noirs de l’université de San Diego, jusqu’alors inexistant. Sa première action est de participer à un comité de soutien à Ed Lynn, un soldat qui avait lancé une pétition contre la discrimination raciale dans l’armée.

Son implication militante lui révèle la profonde désunion du mouvement de libération des Noirs et les très fortes rivalités qui le traversent. Elle-même occupe une position très minoritaire au sein du mouvement.

Sur le plan des objectifs, elle s’oppose au séparatisme de certaines des organisations du Black Nationalism qui pensent que la libération du peuple noir doit passer par une séparation de la société blanche et la fondation d’une Nation Noire sur le sol américain ou africain. Sur le plan des moyens, elle refuse la méthode consistant à exacerber les antagonismes entre Noirs et Blancs dans le but de provoquer des soulèvements spontanés similaires à ceux de Watts ou de Détroit dans lesquels certaines organisations voyaient les prémices d’un soulèvement généralisé du peuple afro-américain.

Elle n’en refuse pas moins l’intégrationnisme qui fut la position de Martin Luther King. Le marxisme constitue un des éléments centraux de son positionnement : elle pense que la lutte de libération des Noirs doit s’insérer dans le mouvement révolutionnaire dont le socialisme constitue l’horizon. Or le marxisme est rejeté par une grande partie des organisations nationalistes qui le désigne, à l’image de Stokely Carmichael, le leader du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC), comme étant « la chose de l’homme blanc ». Les Blancs ont d’ailleurs été écartés des leviers de commande du SNCC à partir du printemps 1966. Pour les nationalistes, les Noirs ne doivent compter que sur leurs propres valeurs, leurs propres analyses et leurs propres forces pour se libérer.

Si Davis affiche son marxisme, elle hésite plus longuement avant de s’affilier au mouvement communiste. Elle met cette réticence initiale sur le compte de son parcours militant. En Allemagne notamment, elle s’est imprégnée d’un discours libertaire très critique à l’égard du communisme soviétique. Elle finit par adhérer en 1968 au Che-Lumumba Club, une section du parti communiste américain réservée aux Noirs. Elle rejoindra aussi le Black Panther Party dont la position révolutionnaire se caractérise par un égal refus de l’intégrationnisme et du séparatisme.

Une autre composante de son identité militante est son féminisme. Ce dernier est en partie nourri par son parcours militant au cours duquel elle se heurte au sexisme d’une partie du mouvement nationaliste noir voire d’une partie des organisations auxquelles elle appartient. On lui reproche notamment le rôle de leader qu’elle est amenée à assumer au sein du mouvement. Pour l’organisation Unided Slaves de Ron Karenga ou le poète Amiri Baraka (alors nommé Leroi Jones), le leadership masculin est un moyen pour les hommes noirs de regagner leur dignité face aux Blancs. La place des femmes au sein du mouvement ne peut être par conséquent que subordonnée à celle des hommes : les tâches domestiques et l’inspiration des leaders masculins sont les rôles qui leur sont dévolus. Davis estime au contraire qu’un authentique mouvement de libération doit lutter contre toutes les formes de domination : l’homme noir ne peut se libérer s’il continue d’asservir sa femme et sa mère.

Son adhésion au parti communiste américain et au mouvement des Black Panthers lui vaut d'être surveillée par le FBI. Elle enseigne en 1969 à l'UCLA - l'université de Californie à Los Angeles - mais en est renvoyée à cause de son activisme politique. Elle s'investit dans le comité de soutien aux Frères de Soledad, trois prisonniers noirs américains accusés d'avoir assassiné un gardien en représailles de l'assassinat d'un de leur codétenu. Elle est accusée d'avoir organisé une prise d'otages dans un tribunal dont l'issue a été meurtrière : Jonathan Jackson, le jeune frère de George Jackson, le juge et deux autres prisonniers sont tués après que la police a ouvert le feu sur leur véhicule. Commence alors une cavale à travers les États-Unis : elle apparaît sur la liste des femmes les plus recherchées par le FBI. Ce dernier, dirigé par J. Edgar Hoover, lutte dans le cadre du programme COINTELPRO contre les Black Panthers et les communistes dans un contexte de guerre froide et de guerre au Viêt Nam . Après deux semaines de cavale, elle est arrêtée dans un hôtel, puis emprisonnée pendant seize mois à New York puis en Californie, à San Marin puis à San José, avant d'être jugée et acquittée. À New York, elle est d'abord placée dans une cellule d’isolement aménagée spécialement pour elle au sixième étage de la prison. Elle entame une grève de la faim pour exiger son placement avec les autres détenues et, au dixième jour de grève, une décision du tribunal fédéral enjoint aux autorités pénitentiaires de suspendre son isolement, jugeant injustifié un régime exceptionnel motivé par les opinions politiques d’un détenu. Le 5 janvier 1971, elle est officiellement inculpée par l’État de Californie de meurtre, kidnapping et conspiration. Transférée en Californie, elle comparaît avec Ruchell Magee, le seul survivant de la fusillade.

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Son affaire connaît un retentissement international. En France, Jean-Paul Sartre, Gerty Archimède, Pierre Perret et des milliers de manifestants la soutiennent.

Dès sa sortie de prison en 1972, Angela Davis se met à publier. Ses essais autant que ses discours véhéments en font l'une des intellectuelles radicales les plus connues de l'époque : la paix au Vietnam, l'antiracisme, le féminisme constituent son credo.

En 1980 et en 1984, Angela Davis se présente aux élections présidentielles américaines comme vice-présidente du candidat communiste Gus Hall.
Angela Davis : rebelle à la politique de son propre pays, enseigne aujourd'hui l'Histoire de la Prise de conscience dans une université californienne.

De nos jours, Angela Davis est professeur d'histoire de la conscience à l'Université de Californie (campus de Santa Cruz). Elle fait campagne contre la guerre en Irak. Elle a reçu le Prix Thomas Merton en 2006. Angela Davis rejoint le « Comité international de soutien aux victimes vietnamiennes de l'agent orange et au procès de New York » (CIS) conduit par André Bouny. Elle lutte contre l'industrie carcérale et la peine de mort aux États-Unis et dans le monde.


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dimanche 29 mai 2011

Le Trio Joubran


Le Trio Joubran
est un groupe de musique traditionnelle de Palestine formé en 2004.

Héritier d'une famille de oudistes sur quatre générations, le groupe est composé de trois frères virtuoses du oud et originaires de Nazareth : l'aîné et le leader Samir (né en 1973), Wissam (né en 1983), et Adnan (né en 1985). Le trio s'est réellement formé en 2004 autour de Samir Joubran, qui avait commencé une carrière solo quelques années auparavant. Wissam Joubran est par ailleurs un luthier de oud. Ils possèdent la double nationalité palestinienne et israélienne et vivent à Nazareth et à Ramallah.

Un film-documentaire Improvisations, Samir et ses frères de Raed Andoni, retrace la création du groupe et leur premier concert donné en septembre 2004 au Jardin du Luxembourg à Paris. En 2004, le trio participe à la création chorégraphique La Madâa d'Héla Fattoumi & Éric Lamoureux.

Le Trio Joubran se produit régulièrement en Europe, ainsi qu’aux États-Unis, au Canada, en Amérique latine et dans le monde arabe. En 2009, le Trio Joubran signe la musique du premier film de Nassim Amaouche, Adieu Gary, qui utilise l'album Majâz. Samir et Wissam apparaissent également dans le film. La même année, ils composent la bande originale du film Le Dernier Vol de Karim Dridi, interprétée en collaboration avec Chkrrr.



"In The Shade Of Words"
Le Trio Joubran: Samir Joubran, Wissam Joubran & Adnan Joubran (oud) & Mahmoud Darwich (poetry)
With Yousef Hbeisch (percussions)
Oud players from palestine

L'esthétique et le nombre d'or

Un test a été pratiqué à de nombreuses reprises, sur des populations très différentes, dans le monde entier. Il s'agit de demander aux personnes interrogées de choisir, parmi tous les rectangles dessinés sur une feuille, celui qu'il préfèrent. Plus de 95% des réponses désignent instantanément le rectangle d'or, c'est-à-dire le rectangle dont le rapport entre la longueur et la largeur est égale au nombre d'or, 0, 618. Ce nombre particulier, découvert par l'inventeur des mathématiques, Pythagore, au VIème siècle avant J. C., correspond à une proportion qui, outre ses propriétés mathématiques exceptionnelles, possède des qualités esthétiques universelles. L'architecture, la peinture, la sculpture de la Grèce classique, celles de la Renaissance italienne et française utilise largement cette proportion que l'on nomma alors la divine proportion tant elle donne un sentiment de perfection à qui la contemple. Sans rien savoir de cette proportion des milliers de gens ont choisis spontanément le rectangle d'or. C'est un peu comme si notre cerveau était capable de percevoir le nombre d'or et qu'il nous faisait, alors, ressentir cette reconnaissance comme un plaisir esthétique. Ce type de perception immédiate, globale, mathématique et esthétique est typiquement une fonction de l'hémisphère droit. Le professeur Singh, psychologue à l'université d'Austin au Texas, mène depuis de nombreuses années une recherche sur la détermination de l'attirance des sexes chez les humains. Il vient de découvrir que, pour un homme, le véritable critère d'attirance chez une femme est le rapport entre le tour de la taille et le tour des hanches et que le rapport idéal se situe entre 0,6 et 0,7. De tous temps l'homme choisi sa compagne avec le désir, conscient ou inconscient, de procréer, aujourd'hui encore, malgré les apparences. Dès lors l'attirance qui conduit au choix d'une compagne cache le fait de trouver une femme en bonne santé capable de donner de beaux enfants. On a pensé longtemps que le choix des hommes se portait sur des femmes plutôt potelées qui apparaissaient en meilleur santé et plus fertiles. On pensait aussi que les hommes ne regardaient qu'un seul élément du corps, la poitrine, les fesses ou les jambes. Mais pour le professeur Singh l'important est la façon dont la graisse se répartie. "Lorsqu'elle se localise dans le bas du corps, dit-il, on obtient la forme classique en sablier et la réalité du déclic de la beauté devient le rapport entre deux éléments qui sont la taille et les hanches." Contrairement à une idée reçue les seins ne sont pas déterminants, ils peuvent apparaître avant la puberté et demeurent après la ménopause. En revanche le déclic est lié à la fonction hormonale qui agit sur le rapport taille / hanche. Celui-ci n'est pas le bon avant la puberté et s'estompe à la ménopause. Enfin, puisqu'il s'agit d'une proportion, des femmes corpulentes peuvent très bien avoir le bon ratio, comme, par exemple, les femmes de Rubens, qui, bien enrobées, ont un ratio de 0,62, comme la venus de Milo qui date de 3 500 ans ou encore comme les bas reliefs découverts en Dordogne qui eux sont vieux de 5 500 ans ! Brigitte Bardot, Demi Moore, Cindy Crawford ou Marilyn Monroe, ont un ratio taille / hanches compris entre 0,6 et 0,7. Toutefois, Marilyn, avec un ratio de 0,62, est la plus proche du nombre d'or. Ce signal inconscient qui permettait aux hommes de se choisir une compagne est, peut-être, devenu au cours de l'évolution un critère de beauté parfaite pour l'homme, qui aurait pu l'étendre alors à d'autres domaines comme la peinture, la sculpture, l'architecture ou encore la musique lorsqu'on sait que le rapport des sonorités d'un accord de tierces, dit accord parfait, est voisin de 0,6. Ainsi le nombre d'or serait la proportion qui suscite spontanément un sentiment de beauté parfaite pour l'homme.


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source: http://cerveaudroit.ouvaton.org/article.php3?id_article=21

BOLERO (Béjart et le Bolchoï)

Chorégraphie: Maurice Béjart
Musique: Maurice Ravel
Décors et costumes: Maurice Béjart
Interprètes: Tania Bari (B.XXeS.), Suzanne Farrell (B.XXeS.), Louba Dobrievic (B.XXeS.), Anouchka Babkine (B.XXeS.), Angèle Albrecht (B.XXeS.), Shonach Mirk (B.XXeS.), Grazia Galante (B.XXeS.), Claude Bessy (créatrice à l’OP), Jacqueline Rayet (OP), Marie-Claude Pietragalla (OP), Sylvie Guillem (OP), Florence Clerc (OP), Nicole Chouret (OP), Josiane Consoli(OP), Sabine Salle (B. du Rhin), Chantal Chazee (B. du Rhin), Marcia Haydée (Stuttgart), Haidrun Schwarz (Berlin), Brenda Edwards (Londres), Luciana Savignano (Scala de Milan), Carla Fracci (Arène de Vérone), Maïa Plissetskaïa (Bolchoï)


«Mon Boléro», disait Ravel, «devrait porter en exergue: Enfoncez-vous bien cela dans la tête».
Plus sérieusement, il expliqua: «En 1928, sur la demande de Mme Rubinstein [Ida Rubinstein, célèbre danseuse et actrice russe], j’ai composé un boléro pour orchestre. C’est une danse d’un mouvement très modéré et constamment uniforme, tant par la mélodie que par l’harmonie et le rythme, ce dernier marqué sans cesse par le tambour. Le seul élément de diversité y est apporté par le crescendo orchestral».

Maurice Béjart précise en ces termes sa conception de l’œuvre de Ravel: «Musique trop connue et pourtant toujours nouvelle grâce à sa simplicité. Une mélodie – d’origine orientale et non espagnole – s’enroule inlassablement sur elle-même, va en augmentant de volume et d’intensité, dévorant l’espace sonore et engloutissant à la fin la mélodie».

Sans vouloir décrire davantage ce ballet évident par lui-même, remarquons que Maurice Béjart, dans un style très différent, rejoint l’esprit du Sacre du Printemps, en ce sens qu’à l’inverse de la plupart de ceux qui ont illustré chorégraphiquement le Boléro avant lui, il répudie toutes les facilités du pittoresque extérieur pour exprimer uniquement – mais avec quelle force! – l’essentiel.

Maurice Béjart confie le rôle central – la Mélodie – tantôt à une danseuse, tantôt à un danseur. Le Rythme est interprété par un groupe de danseurs.

>> http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9%C3%A2tre_Bolcho%C3%AF






Maja Plisetzkaja

jeudi 26 mai 2011

Lamine KONTE, virtuose de la Kora






Le musicien Lamine Konté nous a quitté dans la nuit du 28 au 29 Septembre 2007. Il fut l'un des premiers artistes à offrir une vision moderne de la kora, mettant en musique les œuvres des grands poètes d’Afrique et de la diaspora.

Né à Kolda, en Casamance (Sénégal), ce virtuose a été l’un des premiers à introduire le mythique instrument dans la musique « moderne », avec le groupe Waatoo Sita dans les années 70. Il a ensuite travaillé à en élargir les possibilités en faisant de sa kora un instrument à 25 cordes au lieu des 21 habituellement connues.

"J’ai vécu la musique avant de la faire" avouait cet artiste élevé dans un "conservatoire familial de griots socés (peuple du mandingue)". Fils de Dialy Keba Konté, célèbre korafola de Kolda en Casamance, il s’installe en 1960 à Dakar chez son oncle Nago Gueye, premier korafola à faire une tournée internationale en 1930, et intègre plus tard l’Ecole des Arts de Dakar, s’émancipant alors du modèle familial.

Installé en France en 1971, il affiche bientôt son style novateur dans trois albums clé : La kora du Sénégal (vol 1 et 2), une réussite d’harmonie et de dextérité mariant airs socés, mbalax, afro-cubain, jazz, soul et r'n'b, puis Chant du Nègre, chant du monde. Sur les écrits des chantres de la littérature négro-africaine, l’artiste crée un accompagnement musical, brodant constamment autour de la partie chantée.

De ses musiques de film (Bako l’autre Rive de Jacques Champreux, Du Sénégal aux Amériques de Jean Mazel, Baara de Souleymane Cissé), on retiendra sa collaboration avec Stevie Wonder sur Journey through the secret life of plants, qui chante en bambara dans ce double album sorti en 1979.





source: http://www.rfimusique.com/musiquefr/articles/094/article_17005.asp
http://www.mali-music.com/index.html

Espagne : « On veut un changement qui vient du peuple, car d’en haut, il ne viendra pas »





En direct du printemps espagnol, la présidente de Comac, le mouvement de jeunes du PTB (Parti du Travail de Belgique >> http://www.ptb.be/), Aurélie Decoene, nous raconte son séjour au milieu des places madrilènes occupées.

Hier soir, juste avant une assemblée, je discute avec Eva, 37 ans, qui est traductrice. C’est la toute première fois qu’elle se mobilise : « Ce qui se passe ici, ça montre que les gens n’en peuvent plus. Je viens chaque soir depuis le début et beaucoup de mes amis aussi, ils viennent dès qu’ils peuvent. Je participe surtout aux discussions sur la préparation des assemblées de quartiers, car le plus important pour moi est que ce mouvement s’élargisse. Avant on se plaignait car chacun restait chez soi, maintenant on essaie de s’organiser pour réclamer ensemble. On veut un changement qui vient du peuple, car on sait maintenant que d’en haut, il ne viendra pas. » Après la conversation, elle me rattrape : « Une chose que je trouve vraiment importante, c’est qu’il n’y a pas que des jeunes ici, il y a de plus en plus de gens plus âgés aussi. »

De fait, tous les âges étaient représentés hier soir aux alentours de la Plaza del Sol : des ados et des pensionnés, des jeunes chômeurs et des jeunes travailleurs, mais aussi des quarantenaires et des quinquas. Les premiers jours de l’occupation, les assemblées avaient lieu toute la journée, à n’importe quelle heure. Après une semaine, les horaires se sont adaptés pour que puissent participer aussi ceux qui travaillent ou étudient. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils s’engagent dans un mouvement social. Et même pour ceux qui se mobilisent régulièrement, c’est souvent la première fois qu’ils participent à quelque chose d’aussi vaste.

espagne mai 2011 - Aurélie Decoene - ptb

Le jour, on croise les plus actifs, ceux qui organisent l’occupation, soit quelques centaines de jeunes. En une semaine, c’est un véritable village qu’ils sont parvenus à construire avec une bibliothèque, une garderie, deux infirmeries, une cuisine, un point d’information, un point pour inclure de nouveaux bénévoles, des points de distribution d’eau, un atelier bricolage, etc. J’étais loin d’imaginer ça en voyant les photos de la place sur internet ! A côté de ça, d’innombrables équipes de travail, les commissions : pour assurer la communication, pour la déco, pour créer des assemblées de quartiers, pour discuter des revendications du mouvement à court terme et une autre pour discuter du long terme, pour discuter et faire respecter les droits des femmes, une commission « respect » qui assure que l’ordre soit respecté dans le campement et qu’on limite la consommation d’alcool, etc. Tous les midis, un rapport est fait en assemblée générale des discussions de chaque commission.

Le soir, l’affluence est énorme. L’enthousiasme est au rendez-vous, l’envie de participer à construire « autre chose » est palpable. Politiquement, le mouvement est très hétérogène, chacun apporte ses conceptions, parfois élaborées, parfois beaucoup moins. « Quand je pense à toutes ces soirées entre potes que j’ai passées à boire et à fumer pour oublier tous ces problèmes qu’on dénonce ici. Ici, on voit qu’on est plein à vouloir agir, que les jeunes sont prêts à travailler, contrairement à ce qu’on entend parfois, mais on n’est pas prêts à travailler à n’importe quel prix. C’est très enthousiasmant d’être ici, ça me touche beaucoup », raconte Maria, qui est venue de Catalogne pour participer au campement. De fait, c’est un même ras-le-bol qui rassemble, vis-à-vis du chômage, des problèmes de logement, des partis au pouvoir, de cette absence de futur pour les jeunes. Anticapitalisme ? Pour beaucoup, c’est la première fois que la question est posée sous cet angle. Le débat est ouvert, mais ne fait pas – encore – unité. Par contre, chacun apprend et se politise : « Le contenu des discussions a déjà pas mal évolué depuis les premiers jours. Au début, on rejetait surtout la “classe politique”. Aujourd’hui, cela est plus mis en lien avec une critique du système économique », m’explique Isabel, une responsable de l’UJCE (Union des jeunes du parti communiste espagnol).

Ils étaient entre 1 500 et 2 000 à s’être réunis hier soir pour débattre sur différentes places pour les assemblées. C’est la Plaza Carmen qui rassemblait le plus de monde car nombreux étaient ceux qui voulaient participer à la préparation des assemblées de quartiers qui auront lieu samedi. Les assemblées de quartier sont au centre de beaucoup de discussions et suscitent beaucoup d’attentes. Dans le campement, on peut voir la liste (impressionnante) de la centaine de places où les occupants projettent d’organiser une assemblée. Devant mon étonnement, Ismaël me dit : « C’est normal non ? Il y a plein de quartiers à Madrid ! » Isabel, responsable de l’UJCE, m’explique le point de vue de son organisation : « Il faut absolument élargir le mouvement, car on ne pourra pas rester ici indéfiniment, on est trop vulnérables. Et puis c’est important d’inclure dans la dynamique des gens de milieux plus populaires que ceux qui sont rassemblés ici. » Bea, une autre responsable de l’organisation, va dans le même sens : « Ce mouvement offre de grandes perspectives. Cela faisait des années qu’on n’avait plus vécu quelque chose de cette ampleur. Et nous sommes à un moment charnière : soit nous parvenons à élargir, soit cela va s’éteindre. Alors nous faisons tout pour que ce mouvement contribue à faire revivre la dynamique des assemblées de voisins qui existait avant. »

La soirée se termine tard, au milieu de discussions sur les prochains jours et prochaines semaines. Suite au prochain numéro !

espagne mai 2011 - Aurélie Decoene - ptb

espagne mai 2011 - Aurélie Decoene - ptb

espagne mai 2011 - Aurélie Decoene - ptb

espagne mai 2011 - Aurélie Decoene - ptb

mardi 24 mai 2011

Architecture insolite (Pologne)

© Marc CHARTIER
© Marc CHARTIER

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© Gilles Hudault


Le cabinet d’architecte Szotynski et Zaleski s’est ici inspiré des univers féeriques d’un illustrateur pour enfants Polonais: Jan Marcin Szancer, et d’un peintre Suédois : Per Dahlberg.


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"Crooked House" (Sopot)

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Preludio a la siesta de un fauno (movie by Bruno Bozzetto, music by Debussy), 1976




Allegro non Troppo, by Bruno Bozzetto (http://www.bozzetto.com/guardali/watch_allegro.html)
>> Trailer Allegro non Troppo: http://vimeo.com/1711593

Featuring six pieces of classical music, the film is a parody of Disney's Fantasia, though possibly more of a challenge to Fantasia. The classical pieces are set to color animation, ranging from comedy to deep tragedy. At the beginning, in between the animation, and at the end are black and white live-action sequences, displaying the fictional animator, orchestra, conductor and filmmaker, with many humorous scenes about the fictional production of the film. Some of these sections mix animation and live action.
"Allegro non Troppo" means to play "fast, but not overly so".


Debussy's Prélude à l'après-midi d'un faune, an elderly satyr repeatedly attempts to cosmetically recapture his youth and virility, all in vain. As the satyr gets smaller and smaller he roams across a vast countryside which turns out to be a woman's body.

Dvořák's Slavonic Dance No. 7, Op. 46, begins in a large community of cave-dwellers. A solitary cave man wants to break away from the group and builds himself a new home. From this point on the rest of the community copies everything that he does. His attempts to break away from them leads to unintended and humorous consequences.

Ravel's Boléro, some slime oozes out of a Coca-Cola bottle. It progresses through fanciful representations of the stages of evolution until man's skyscrapers destroy all that has come before. This segment parallels The Rite of Spring segment from Fantasia. Its opening moment was used as the image for the film poster.

Sibelius's Valse triste, a cat wanders in the ruins of a large house. The cat remembers the life that used to fill the house when it was occupied. Eventually all of these images fade away as does the cat.

Vivaldi's Concerto in C major for 2 Oboes, 2 Clarinets, Strings and Continuo RV 559, a bee attempting to eat a small meal, but is continually interrupted by two lovers sitting down in the grass.

Stravinsky's The Firebird (specifically The Princesses' Khorovod and The Infernal Dance of King Katschey) begins with a lump of clay molded by a monotheistic symbol of the omniscient pyramid, molding first a few unsuccessful creatures with overly awkward limbs, then finally the Adam and Eve as portrayed in Genesis. Adam and Eve then transform into cel animation, and as in Genesis, the serpent comes up to them, offering the fruits of knowledge in the form of an apple. When they both refuse the serpent eats the apple himself, launching him on into a sinful, hellish environment where he is exposed to advertisements and pornography. The serpent eventually returns to Adam and Eve and spits out the apple.

In an epilogue sequence (which features an assortment of short, unidentified orchestral clips instead of a single piece, though Slavonic Dance No. 7 can be very briefly heard again towards the end) the film's host asks an animated Frankenstein's monster (identified as "Frankenstini") to retrieve a finale for the movie from a basement storeroom. Frankenstini rejects several of these, but delightedly approves of one which depicts a ridiculously escalating war, ending with the earth exploding. The serpent from the Firebird Suite pops out and bites him on the nose, and the words "HAPPY END" drop on them.



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Le Prélude à l'après-midi d'un faune est une œuvre symphonique de Claude Debussy (1862-1918), composée entre 1892 et 1894 et inspirée du poème L'Après-Midi d'un faune de Stéphane Mallarmé, qui est lui-même composé de 110 alexandrins.
Debussy écrit dans sa note explicative : « La musique de ce Prélude est une illustration très libre du beau poème de Mallarmé ; elle ne prétend pas en être une synthèse. Il s'agit plutôt de fonds successifs sur lesquels se meuvent les désirs et les rêves du faune dans la chaleur de cet après-midi. »

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L’Après-Midi d’un faune, Stéphane MALLARME


LE FAUNE


Ces nymphes, je les veux perpétuer.

Si clair,
Leur incarnat léger qu’il voltige dans l’air
Assoupi de sommeils touffus.

Aimai-je un rêve ?

Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais
Bois mêmes, prouve, hélas ! que bien seul je m’offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses.

Réfléchissons..

ou si les femmes dont tu gloses
Figurent un souhait de tes sens fabuleux !
Faune, l’illusion s’échappe des yeux bleus
Et froids, comme une source en pleurs, de la plus chaste :
Mais, l’autre tout soupirs, dis-tu qu’elle contraste
Comme brise du jour chaude dans ta toison ?
Que non ! par l’immobile et lasse pamoison
Suffoquant de chaleurs le matin frais s’il lutte,
Ne murmure point d’eau que ne verse ma flûte
Au bosquet arrosé d’accords ; et le seul vent
Hors des deux tuyaux prompt à s’exhaler avant
Qu’il disperse le son dans une pluie aride,
C’est, à l’horizon pas remué d’une ride,
Le visible et serein souffle artificiel
De l’inspiration, qui regagne le ciel.

O bords siciliens d’un calme marécage
Qu’à l’envi des soleils ma vanité saccage,

Tacite sous les fleurs d’étincelles, CONTEZ
» Que je coupais ici les creux roseaux domptés
» Par le talent ; quand, sur l’or glauque de lointaines
» Verdures dédiant leur vigne à des fontaines,
» Ondoie une blancheur animale au repos :
» Et qu’au prélude lent où naissent les pipeaux,
» Ce vol de cygnes, non ! de naïades se sauve
» Ou plonge..

Inerte, tout brûle dans l’heure fauve
Sans marquer par quel art ensemble détala
Trop d’hymen souhaité de qui cherche le la :
Alors m’éveillerais-je à la ferveur première,
Droit et seul, sous un flot antique de lumière,
Lys ! et l’un de vous tous pour l’ingénuité.


Autre que ce doux rien par leur lèvre ébruité,
Le baiser, qui tout bas des perfides assure,
Mon sein, vierge de preuve, atteste une morsure
Mystérieuse, due à quelque auguste dent ;

Mais, bast ! arcane tel élut pour confident
Le jonc vaste et jumeau dont sous l’azur on joue :
Qui, détournant à soi le trouble de la joue,
Rêve, dans un solo long que nous amusions
La beauté d’alentour par des confusions
Fausses entre elle-même et notre chant crédule ;
Et de faire aussi haut que l’amour se module
Évanouir du songe ordinaire de dos
Ou de flanc pur suivis avec mes regards clos,
Une sonore, vaine et monotone ligne.



Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne
Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m’attends !
Moi, de ma rumeur fier, je vais parler longtemps
Des déesses ; et, par d’idolâtres peintures,
A leur ombre enlever encore des ceintures :
Ainsi, quand des raisins j’ai sucé la clarté,
Pour bannir un regret par ma feinte écarté,

Rieur, j’élève au ciel d’été la grappe vide
Et, soufflant dans ses peaux lumineuses, avide
D’ivresse, jusqu’au soir je regarde au travers.


O nymphes, regonflons des SOUVENIRS divers.
» Mon œil, trouant les joncs, dardait chaque encolure
» Immortelle, qui noie en l’onde sa brûlure
» Avec un cri de rage au ciel de la forêt ;
» Et le splendide bain de cheveux disparaît
» Dans les clartés et les frissons, ô pierreries !
» J’accours ; quand, à mes pieds, s’entrejoignent (meurtries
» De la langueur goûtée à ce mal d’être deux)
» Des dormeuses parmi leurs seuls bras hasardeux ;
» Je les ravis, sans les désenlacer, et vole
» A ce massif, haï par l’ombrage frivole,
» De roses tarissant tout parfum au soleil,
» Où notre ébat au jour consumé soit pareil.
Je t’adore, courroux des vierges, ô délice
Farouche du sacré fardeau nu qui se glisse,

Pour fuir ma lèvre en feu buvant, comme un éclair
Tressaille ! la frayeur secrète de la chair :
Des pieds de l’inhumaine au cœur de la timide
Que délaisse à la fois une innocence, humide
De larmes folles ou de moins tristes vapeurs.
» Mon crime, c’est d’avoir, gai de vaincre ces peurs
» Traîtresses, divisé la touffe échevelée
» De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée ;
» Car, à peine j’allais cacher un rire ardent
» Sous les replis heureux d’une seule (gardant
» Par un doigt simple, afin que sa candeur de plume
» Se teignît à l’émoi de sa sœur qui s’allume,
» La petite, naïve et ne rougissant pas :)
» Que de mes bras, défaits par de vagues trépas,
» Cette proie, à jamais ingrate, se délivre
» Sans pitié du sanglot dont j’étais encore ivre.



Tant pis ! vers le bonheur d’autres m’entraîneront

Par leur tresse nouée aux cornes de mon front :
Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
Chaque grenade éclate et d’abeilles murmure ;
Et notre sang, épris de qui le va saisir,
Coule pour tout l’essaim éternel du désir.
A l’heure où ce bois d’or et de cendres se teinte.
Une fête s’exalte en la feuillée éteinte :
Etna ! c’est parmi toi visité de Vénus
Sur ta lave posant ses talons ingénus,
Quand tonne un somme triste ou s’épuise la flamme.
Je tiens la reine !

O sûr châtiment..

Non, mais l’âme

De paroles vacante et ce corps alourdi
Tard succombent au fier silence de midi :
Sans plus il faut dormir en l’oubli du blasphème,

Sur le sable altéré gisant et comme j’aime
Ouvrir ma bouche à l’astre efficace des vins !



Couple, adieu ; je vais voir l’ombre que tu devins.

Buena Vista Social Club (par Wim Wenders)


Buena Vista Social Club - Ibrahim Ferrer par drunkensailor64

Ibrahim Ferrer Planas et Omara Portuondo Peláez


Buena Vista Social Club est un film documentaire allemand, sur la musique cubaine, réalisé et écrit par Wim Wenders, sorti en 1999 en Allemagne et en France. D'abord projeté au Berlinale, il a ensuite participé à de nombreux festivals internationaux tels que le Festival international du film de Jakarta, le Festival international du film norvégien ou encore le Festival international du film de Singapour. Ce film retrace l'enregistrement d'un CD par le groupe Buena Vista Social Club associé à des archives et des interviews.


>> http://www.buenavistasocialclub.com/

Joyce Mansour (Cris)


NEGRESSE morte sur le sable blanc
Sans idées sans odeurs sans vêtements.
Entre ses cuisses se glisse le vent.
Le soleil presse des lèvres brûlantes
Sur son flanc meurtri sur ses yeux ouverts.
Les vagues malicieuses guettent son plaisir
Et vont et viennent.

La révolte des indigné-e-s. Notes depuis la Plaza Tahrir de Barcelone




Qualifiée de « génération perdue » par le Fonds monétaire international, la jeunesse espagnole montre qu’elle ne s’est pas endormie. Depuis le 15 mai, ils sont des centaines de milliers dans la rue, avec pour mot d’ordre : « Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques et des banquiers ». Face aux mesures d’austérité, la révolte gronde...

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Il n’y a plus de doutes. Le vent qui a électrisé le monde arabe ces derniers mois, l’esprit des protestations répétées en Grèce, des luttes étudiantes en Grande-Bretagne et en Italie, des mobilisation anti-Sarkozy en France… est arrivé dans l’État espagnol.

Il n’y a plus de place pour le « business as usual ». Les confortables routines mercantiles de notre « démocratie de marché » et ses rituels électoraux et médiatiques se sont vus soudainement perturbés par l’irruption imprévue dans la rue et dans l’espace public d’une mobilisation citoyenne. Cette révolte des indigné-e-s inquiète les élites politiques, toujours mal à l’aise quand la population prend au sérieux la démocratie… et décide de la pratiquer pour son propre compte.
Il y a deux ans demi, quand la crise historique a éclaté en septembre 2008, les « maîtres du monde » ont connu un bref moment de panique, alarmés par l’ampleur d’une crise qu’ils n’avaient pas prévue, par l’absence d’instruments théoriques pour la comprendre et par la crainte d’une forte réaction sociale. Sont arrivées alors les proclamations creuses sur la « refondation du capitalisme » et les faux mea culpa qui se sont peu à peu évaporés, dès que le système financier a été sauvé, face à l’absence de toute explosion sociale.
La réaction sociale s’est faite attendre. Depuis l’éclatement de la crise, les résistances sociales sont relativement faibles. Il y a eu un énorme gouffre entre le discrédit du modèle économique actuel et sa traduction sous forme d’action collective. Plusieurs facteurs l’expliquent, en particulier la peur, la résignation face à la situation actuelle, le scepticisme par rapport aux syndicats, l’absence de référents politiques et sociaux et l’influence, parmi les salariés, des valeurs individualistes et consuméristes inculquées en permanence depuis des années par le système.
La révolte actuelle, cependant, ne part pas de zéro. Des années de travail à petite échelle des réseaux et mouvements alternatifs, d’initiatives de résistances à l’impact bien plus limité ont maintenu la flamme de la contestation pendant cette période difficile. La grève générale du 29 septembre avait ouvert une première brèche, mais la démobilisation ultérieure des directions des syndicats CCOO et UGT et la honteuse signature du Pacte social l’ont refermée en stoppant toute mobilisation syndicale. Avec comme conséquence le discrédit et la perte de tout prestige des syndicats majoritaires aux yeux de la jeunesse combative qui protagonise aujourd’hui les occupations.
Indignés et indignées !
« L’indignation », rendue populaire à travers le pamphlet de Stéphane Hessel, est une des idées-force qui définissent les protestations en cours. C’est la réapparition, sous une autre forme, du « Ya Basta ! » (« Assez ! ») lancé par les Zapatistes à l’occasion de leur soulèvement le 1er janvier 1994 dans la première révolte contre le « nouvel ordre mondial » proclamé à l’époque par George Bush père après la Première guerre du Golfe, la disparition de l’URSS et la chute du Mur de Berlin.
« L’indignation est un commencement. On s’indigne, on se soulève et puis on voit » soulignait Daniel Bensaïd. Peu à peu, on est passé du malaise à l’indignation et de l’indignation à la mobilisation. Nous sommes face à une véritable « indignation mobilisée ». Du tremblement de terre de la crise commence à surgir le tsunami de la mobilisation sociale.
Pour lutter, il ne faut pas seulement du malaise et de l’indignation, il faut également croire dans l’utilité de l’action collective, dans le fait qu’il soit possible de vaincre et que tout n’est pas perdu avant même de commencer. Pendant des années, les mouvements sociaux dans l’État espagnol n’ont connu que des défaites. L’absence de victoires qui démontre l’utilité de la mobilisation sociale et qui augmente les expectatives du possible ont pesé lourdement dans la lente réaction initiative face à la crise.
C’est précisément ici qu’entre l’immense contribution des révolutions dans le monde arabe aux protestations en cours. Elles nous montrent que l’action collective est utile, que, oui, « on peut le faire ». Il n’est donc pas étonnant que des ces révolutions, tout comme les victoires moins médiatisées du peuple islandais contre les banquiers et la caste politique, constituent, depuis le début, des références pour les manifestant-e-s et les activistes du mouvement actuel.
Ensemble avec la conviction que « c’est possible », que l’ont peut changer les choses, la perte de la peur, dans un contexte de crise et de difficultés personnelles, est un autre facteur clé. « Sans Peur », c’est exactement l’un des slogans les plus exprimés ces derniers jours. La peur paralyse encore une grande majorité des travailleurs et des secteurs populaires, ce qui amplifie la passivité ou favorise les réactions xénophobes et peu solidaires. Mais la mobilisation du 15 mai et les occupations qui se répandent comme une traînée de poudre constituent un puissant antidote contre la peur.
Le Mouvement du 15 mai et les occupations ont une importante composante générationnelle. Comme à chaque fois qu’éclate un nouveau cycle de luttes, c’est une nouvelle génération militante qui émerge avec force, et la « jeunesse » en tant que telle acquiert visibilité et protagonisme. Mais si cette composante générationnelle est fondamentale, et s’exprime par exemple dans certains mouvements organisés tels que « Juventud Sin Futuro », il faut souligner que la protestation en cours n’est pas un mouvement générationnel. C’est un mouvement de critique du modèle économique actuel et des tentatives de faire payer la crise aux travailleurs dans lequel les jeunes ont un poids important. Le défit est précisément que, comme dans tant d’autres occasions, la protestation de la jeunesse agisse comme un facteur déclenchant et un catalyseur d’un cycle de luttes sociales plus vaste.

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L’esprit alterglobaliste est de retour

Le dynamisme, la spontanéité et l’impulsion des protestations actuelles sont les plus fortes depuis l’émergence du mouvement alterglobaliste il y a plus d’une décennie. Né au niveau international en novembre 1999 dans les protestations de Seattle pendant le sommet de l’OMC (bien que ses racines remontent au soulèvement zapatiste au Chiapas en 1994), la vague altermondialiste avait rapidement atteint l’État espagnol. Le référendum pour l’annulation de la dette en mars 2000 (organisé le jour même des élections législatives et qui fut interdit dans plusieurs villes par la Junte Électorale) et la forte participation au contre-sommet de Prague en septembre 2000 contre la Banque mondiale et le FMI furent ses premières batailles, en particulier en Catalogne. Mais son caractère massif et large fut atteint avec les mobilisations contre le sommet de la Banque mondiale à Barcelone les 22 et 24 juin 2001, dont on fêtera sous peu le dixième anniversaire. Dix ans plus tard, nous assistons donc à la naissance d’un mouvement dont l’énergie, l’enthousiasme et la force collective n’a plus été observé depuis lors. Il ne s’agira donc pas d’un anniversaire nostalgique, bien au contraire. Nous allons le fêter avec la naissance d’un nouveau mouvement d’ampleur.
Les assemblées qui se sont tenues ces derniers jours sur la Place de la Catalogne (et, sans aucun doute, dans toutes les occupations qui ont lieu dans le reste de l’État espagnol, à commencer par celle de la Puerta del Sol à Madrid), nous ont offert des moments inoubliables, de cette sorte d’événements qui n’arrivent que peu de fois et qui marquent un avant et un après dans les trajectoires militantes de ceux qui y participent et dans la dynamique des luttes sociales. Le mouvement du 15 mai et les occupations sont d’authentiques « luttes fondatrices » et des symptômes clairs que nous assistons à un changement de cycle et que le vent de la révolte souffle à nouveau. C’est une véritable « génération Tahrir » qui émerge, comme l’a fait avant elle la « génération Seattle » ou la « génération Genova ».
A mesure que l’impulsion du mouvement « alterglobaliste » a parcouru la planète, pourchassant les sommets officiels à Washington, Prague, Québec, Göteborg, Gênes ou Barcelone, des milliers de personnes se sont identifiées à ces protestations et une grande quantité de collectifs de par la monde ont eu la sensation de faire partie d’un même mouvement commun, d’un même « peuple », le « peuple de Seattle » ou de « Gênes , de partager des objectifs communs et se sentir participant à une même lutte.
Le mouvement actuel s’inspire également de références internationales plus récentes et importantes de luttes et de victoires. Il cherche à se situer dans la constellation de mouvements aussi divers que les révolutions en Egypte et en Tunisie, des victoires en Islande, dans le contexte d’un combat général contre le capitalisme global et les élites politiques à sa solde. A l’intérieur de l’État espagnol, les manifestations du 15 mai, et aujourd’hui les occupations, exemplaires du point de vue de la simultanéité, de la décentralisation et de la coordination, tracent les contours d’une identité partagée et d’une communauté d’appartenance symbolique.
Le mouvement alterglobaliste a eu en ligne de mire, dans sa phase la plus élevée, les institutions internationales, OMC, BM, FMI et les multinationales. Ensuite, avec le déclenchement de la « guerre globale contre le terrorisme » lancée par Bush junior, la critique de la guerre et de la domination impérialiste ont acquis une forte centralité. Le mouvement actuel, par contre, axe sa critique contre la caste politique nationale, dont la complicité et la servilité face aux pouvoirs économiques ont été plus que jamais mises à nu avec la crise. « Nous ne sommes pas une marchandise aux mains des politiciens et des banquiers » proclamait l’un des principaux slogans du 15 mai. On relie ainsi la critique frontale de la caste politique, de la politique professionnelle, avec la critique, pas toujours bien articulée ou cohérente, du modèle économique actuel et des pouvoirs financiers. « Capitalism ? Game over ».

Vers l’avenir

L’avenir du mouvement initié le 15 mai est imprévisible. A court terme, le premier défi est de continuer à élargir les occupations en cours, à mettre en marche les villes qui ne sont pas encore touchées et à les maintenir, au moins, jusqu’au dimanche 22 mai. Il n’échappe à personne le fait que les journées du 21, « jour de réflexion » pré-électoral, et du 22, jour des élections, vont être décisifs. Le caractère massif des occupations sera alors fondamental.
Il est également nécessaire de mettre en avant de nouvelles dates de mobilisation, dans la suite directe de celle du 15 mai, afin de maintenir le rythme. Le défi principal est de préserver la dynamique simultanée d’expansion et de radicalisation de la protestation que nous avons connues ces derniers jours. Et, dans le cas spécifique de la Catalogne, de chercher des synergies entre la radicalité et la soif de changement du système, exprimés le 15 mai et dans les occupations, avec les luttes contre l’austérité, en particulier dans les secteurs de la santé et de l’enseignement. L’occupation de la Plaza Catalunya (rebaptisée « Plaza Tahrir » par les occupant-e-s, NdT) est devenue un point de rencontre, un puissant aimant, attirant de nombreux secteurs animant les luttes les plus dynamiques. Il s’agit d’amplifier son caractère de point de rencontre des résistances et des luttes qui permette de jeter des ponts, de faciliter le dialogue et de propulser avec force les mobilisations à venir. Établir des alliances entre les protestations en cours, entre les activistes non organisés, le syndicalisme alternatif et de combat, le mouvement des voisins, les collectifs de quartiers, tel est le grand défi des prochains jours.
« La révolution commence ici » chantions nous hier sur la Plaza Catalunya. Au moins, ce qui commence, c’est un nouveau cycle de luttes de masses. Ce qui ne fait pas de doute par contre, c’est que plus de dix ans après l’émergence du mouvement alterglobaliste et deux ans après l’éclatement de la crise, la révolte sociale est de nouveau à l’ordre du jour.

Voir en ligne : http://esthervivas.wordpress.com/fr...

P.-S.
Josep Maria Antentas est professeur de sociologie à l’Universitat Autónoma de Barcelona (UAB).
Esther Vivas participe au Centre d’études sur les mouvements sociaux (CEMS) de l’Universitat Pompeu Fabra (UPF).
Tous deux sont membres de la Gauche Anticapitaliste (Izquierda Anticapitalista – Revolta Global, en Catalogne) et auteurs de « Resistencias Globales. De Seattle a la Crisis de Wall Street » (Editorial Popular, 2009) et participent à l’occupation de la Plaza Catalunya de Barcelone.

http://www.cadtm.org/La-revolte-des-indigne-e-s-Notes http://www.cadtm.org/La-revolte-des-indigne-e-s-Notes


Source: http://www.alterinfo.net/La-revolte-des-indigne-e-s-Notes-depuis-la-Plaza-Tahrir-de-Barcelone_a59002.html

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The day has come
We have taken the streets for a true democracy now
The day ,when the citizens have decided to meet and join their voices
The day ,when we have covered the streets with a clear message
WE ARE NOT SAFE IN POLITICIANS AND BANKERS HANDS
And the message took the streets across the whole country
And the streets celebrated that day as the first day that we have taken a true change.

A change depends on YOU,on ME, on ALL OF US:young people,elder people,workers,unmployed people.

The Media won't silence our voices any more because we have seen we are REAL people, just as the DEMOCRACY we are demanding.

There is no excuse
HISTORY is looking at us and it is our turn to make a movement

We are ready to CHANGE:
Change Injustice into justice
Change Corruption into responsability and dignity
Change Outrage into action

Today, May the 15th, 2011 has been of something unstoppable
The true Democracy of people who consciously choose their path
True democracy who chose consciusly the way
We are demanding a true democracy ,now
Are you thinking that you can´t do anything?
To accept your responsability is to take the challenge
Be a part of the necessary change for a world which will be as you want it to be
Democracy is your choice. Use it.

lundi 23 mai 2011

Black Panthers (documentaire d'Agnès Varda) - - 1st Part

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Original six Black Panthers (November, 1966) Top left to right: Elbert "Big Man" Howard; Huey P. Newton (Defense Minister), Sherman Forte, Bobby Seale (Chairman). Bottom: Reggie Forte and Little Bobby Hutton (Treasurer).



En 1968, Agnès Varda est installée, en compagnie de Jacques Demy, en Californie. Cette année-là, elle décide de planter sa caméra à Oakland, près de San Francisco, au beau milieu d'une manifestation de militants du Black Panther Party exigeant la libération d'un de leurs leaders, Huey Newton.




In October of 1966, in Oakland California, Huey Newton and Bobby Seale founded the Black Panther Party for Self-Defense. The Panthers practiced militant self-defense of minority communities against the U.S. government, and fought to establish revolutionary socialism through mass organizing and community based programs. The party was one of the first organizations in U.S. history to militantly struggle for ethnic minority and working class emancipation — a party whose agenda was the revolutionary establishment of real economic, social, and political equality across gender and color lines.

dimanche 22 mai 2011

Danyel Waro

danyel waro


Longtemps interdit, le Maloya (style musical de l'île de la Réunion, aux origines africaine, malgache et indienne) a été récupéré dans les années 70 par les mouvements indépendantistes avant de renaître véritablement dans les années 80. Et Danyel Waro est l'un des principaux acteurs de cette renaissance. Par sa musique, il su faire prendre conscience à de nombreux Réunionnais (égarés dans les méandres du jazz, du zouk ou du reggae) de l'importance de leur patrimoine culturel.
Homme d'engagement et au caractère entier, Danyel Waro n'est pas soluble dans l'eau tiède. Il n'aime pas les choses galvaudées ("Le séga a été aménagé en musique de salon"), il leur préfère un essentiel à la limite du rugueux, enregistrant -rarement- la musique qu'il aime et cultivant ses champs. "Je ne veux pas de promotion, expliquait-il dans une interview accordée au journal Diagonales en octobre 1992. Promotion du Maloya, pourquoi pas, mais elle ne passe pas par moi. Les gens ici ne comprennent pas ma démarche. Ils pensent que je devrais gagner beaucoup d'argent en chantant mais ça ne m'intéresse pas : mon métier c'est de fabriquer des instruments". Il cisèle ses mots avec le même soin, le même amour des choses bien faites qu'il peaufine : ses kayams, ses roulérs ou ses pikérs (instruments traditionnels à percussions). Et la langue créole s'envole sur fond de tambours pour dénoncer les nouvelles formes de dépendances qui ligotent encore les îles à la métropole. Perpétuel insoumis (il a préféré faire deux ans de prison plutôt que de servir le drapeau français), Danyel Waro est un homme qui lutte contre les injustices sociales et pour la défense de sa culture. Un homme libre et en colère.




Di mwin la tonbé (Danyel Waro) par metyserver



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