mercredi 29 juin 2011

Mahmoud Darwich (Rita)



Mahmoud Darwich (en arabe : محمود درويش), né le 13 mars 1941 à Al-Birwah en Galilée (Palestine sous mandat britannique) et mort le 9 août 2008 à Houston (Texas, États-Unis), est une des figures de proue de la poésie palestinienne.

Profondément engagé dans la lutte de son peuple, il n'a pour autant jamais cessé d'espérer la paix et sa renommée dépasse largement les frontières de son pays. Il est le président de l'Union des écrivains palestiniens. Il a publié plus de vingt volumes de poésie, sept livres en prose et a été rédacteur de plusieurs publications, comme Al-jadid - (الجديد - Le nouveau), Al-fajr (الفجر - L'aube), Shu'un filistiniyya (شؤون فلسطينية - Affaires palestiniennes) et Al-Karmel (الكرمل) . Il est reconnu internationalement pour sa poésie qui se concentre sur sa nostalgie de la patrie perdue. Ses œuvres lui ont valu de multiples récompenses et il a été publié dans au moins vingt-deux langues.

Dans les années 1960, Darwich a rejoint le Parti communiste d'Israël, le Rakah, mais il est plus connu pour son engagement au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Élu membre du comité exécutif de l'OLP en 1987, il quitte l'organisation en 1993 pour protester contre les accords d'Oslo. Après plus de trente ans de vie en exil, il peut rentrer sous conditions en Palestine, où il s'installe à Ramallah.

Mahmoud Darwich est né en 1941 à Al-Birwah, en Galilée, à 9 kilomètres à l'Est de Saint-Jean-d'Acre en Palestine sous mandat britannique, aujourd'hui Israël. Il est le deuxième enfant d'une famille musulmane sunnite de propriétaires terriens, avec quatre frères et trois sœurs. Après l'établissement d'Israël en 1948, le village fut rasé entièrement et la famille Darwich s'enfuit au Liban, où elle resta un an, avant de rentrer clandestinement en Palestine où elle découvre que leur village a été remplacé par un nouveau village juif. La famille s'installe alors à Dair Al-Assad.

Darwish a commencé ses études primaires à Dair Al-Assad, tout en vivant sous la menace constante d'être découvert et exilé par la police israélienne. Plus tard, il finit ses études secondaires à Kufur Yasif, deux kilomètres au Nord de Jdeideh. Enfin, il part pour Haïfa. Son premier recueil de poésie fut publié quand il avait dix-neuf ans (Asafir bila ajniha, Oiseaux sans ailes, 1960). En 1964, il sera reconnu internationalement comme une voix de la résistance palestinienne grâce à Awraq Al-zaytun (Feuilles d'olives). Ce recueil deviendra très populaire notamment avec le poème Carte d'Identité.

À la fin de ses études, Mahmoud Darwich commence à publier des poèmes et des articles dans des journaux et magazines comme Al-Itihad et Al-Jadid, pour lequel il deviendra plus tard rédacteur. En 1961, il rejoint secrètement le Parti communiste d'Israël, le Maki, et commence à travailler comme rédacteur adjoint de Al-fajr.

Il sera plusieurs fois arrêté et emprisonné pour ses écrits et activités politiques entre 1961 et 1967. Pendant cette période, Darwich rêve de révolution et chante la patrie, la défense de l'identité niée des siens et la solidarité internationaliste. Le poème Identité (Inscris : Je suis arabe), le plus célèbre de son recueil Rameaux d'olivier publié en 1964, dépassent rapidement les frontières palestiniennes pour devenir un hymne chanté dans tout le monde arabe.

En 1970, assigné à résidence à Haïfa à la suite de la publication d'articles politiques jugés trop virulents par la justice en Israël, il demande un visa d'étudiant pour quitter le pays. Il se rend à Moscou. Il y étudie l'économie politique. Il disparaît en 1971. On le retrouve quelques temps plus tard au Caire, où il travaille pour le quotidien Al-Ahram. Puis il part s'installer à Beyrouth, en 1973, il dirige le mensuel Shu'un Filistiniyya (Les affaires palestiniennes) et travaille comme rédacteur en chef au Centre de Recherche Palestinien de l'OLP et rejoint l'organisation. En 1981, il crée et devient rédacteur en chef du journal littéraire Al-Karmel.

Pendant l'été 1982, Beyrouth est l'objet de bombardements du 13 juin au 12 août, l'armée israélienne cherchant à faire fuir l'OLP de la ville. Darwich relatera la résistance palestinienne au siège israélien dans Qasidat Bayrut (1982) et Madih al-xill al'ali (1983). Le poète repart en exil, au Caire, à Tunis puis à Paris. En 1987, il est élu au comité exécutif de l'OLP.

Un an plus tard, en 1988, un de ses poèmes, En traversant les mots passants, est discuté à la Knesset ; il est accusé de souhaiter voir partir les Juifs d'Israël. Mahmoud Darwich s'en défendra en expliquant qu'il voulait dire qu'ils devaient partir de la Bande de Gaza et de Cisjordanie. Le poète écrivit :

« Alors quittez notre Terre
Nos rivages, notre mer
Notre blé, notre sel, notre blessure. »

Membre du comité exécutif de l'OLP, président de l'Union des écrivains palestiniens, Mahmoud Darwich est le fondateur et le directeur de l'une des principales revues littéraires arabes, Al-Karmel, qui a cessé de paraître en 1993. La même année, après les accords d'Oslo, Mahmoud Darwish quitte l'OLP, protestant contre l'attitude conciliante de l'Organisation dans les négociations et préférant une paix mais une paix juste.

Il continue à être rédacteur en chef du magazine Al-Karmel, et vit à Paris avant de retourner en Palestine en 1995, ayant reçu un visa pour voir sa mère. Il eut ainsi la permission de retourner en Palestine pour les funérailles de son ami l'écrivain Emile Habibi et de visiter la ville où il a vécu mais pour quelques jours seulement. Il reçoit une autorisation de séjour des autorités israéliennes et s'installe dans une ville de Cisjordanie, Ramallah, ville où Yasser Arafat avait ses quartiers. La ville deviendra un champ de bataille en 2002.

En mars 2000, Yossi Sarid, ministre israélien de l'Éducation, proposa que certains des poèmes de Mahmoud Darwish soient inclus dans les programmes scolaires israéliens. Mais le premier ministre Ehud Barak refusa, « Israël n'est pas prêt. »

Il est décédé le 9 août 2008 aux États-Unis dans un hôpital de Houston1, où il avait subi une intervention chirurgicale et se trouvait dans un état critique suite à des complications liées à l'opération. Il avait déjà subi deux opérations du cœur en 1984 et 1998.

Après avoir reçu les honneurs à Amman en Jordanie où sa dépouille était arrivée des États-Unis, il a eu des obsèques nationales à Ramallah en présence de nombreux dignitaires palestiniens dont le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il est enterré dans un lopin de terre près du palais de la Culture de Ramallah.


L'œuvre de Darwich, essentiellement poétique, est une véritable défense et illustration d'une terre, d'un peuple, d'une culture en même temps qu'une entreprise hardie de genèse littéraire. Elle est hantée d'un bout à l'autre par une seule idée, une seule référence, un seul corps : la Palestine. La solitude et le désarroi de l'exil exprimés côtoient l'acceptation noble et courageuse où le désespoir profond devient générateur de création, porteur d'une charge poétique intense.

L'œuvre en prose de Darwich comprend un récit, Une mémoire pour l'oubli, qui restitue un jour de la vie d'un homme, le poète lui-même, pendant le siège de Beyrouth en 1982 par les troupes israéliennes.

Beaucoup des poèmes de Mahmoud Darwich ont été interprétés par des chanteurs tels que Marcel Khalifé, Magida El Roumi, et Ahmed Qa'abour.
En 1984, Marcel Khalifé compose et dirige Ahmad al Arabi, un opéra poétique écrit par Mahmoud Darwich. Les chanteurs sont Marcel Khalifé et Oumayma el-Khalil, les chœurs sont assurés par l'ensemble al-Mayadine.
Un disque a été enregistré au Pass Studios, à Beyrouth (Liban) et est disponible dans tous les magasins en France.
Le livret traduit de l’arabe (Palestine) par Etel Adnan peut-être consulté ici.
En 1996, 1999 et 2003, le célèbre musicien Marcel Khalifé a été trainé en justice pour blasphème et insulte aux valeurs religieuses, à cause d'une chanson intitulée Je suis Joseph, oh père, qui a été écrit par Darwish et citait un verset du Coran. Dans ce poème, Darwich partageait la peine de Joseph, rejeté voir haï par ses frères car trop honnête et bon. "Oh mon père, Je suis Joseph, et mes frères ni ne m'aiment ni ne me veulent parmi les leurs." Mais certains chefs religieux prennent sa défense comme Youssef al Qaradawi ce qui calma les tensions.
Le Trio Joubran ont accompagné à plusieurs reprises au son du Oud des récitals de Mahmoud Darwish, dont le tout dernier à Arles en juillet 2008. En 2002, la chanteuse comédienne Dominique Devals et la Mini Compagnie Laccarrière ont mis en musique "Onze astres sur l'épilogue andalou" (suite de onze poèmes évoquant le départ des Arabes de l'Andalousie), traduits en français par Elias Sanbar aux éditions Actes Sud. La musique est signée par Philippe Laccarrière, contrebassiste de Jazz, et l'œuvre a été enregistrée en 2006 sur CD. Les mêmes ont également mis en musique, cette fois pour un big band de Jazz "le dernier discours de l'homme rouge", poème en hommage aux Indiens d'Amérique, interprété pour la première fois en présence de Mahmoud Darwich en novembre 2006 à l'Unesco.




*

RITA (poème de Mahmoud Darwich chanté et mis en musique par Marcel Khalifa)


Marcel Khalife : rita et le fusil

Entre Rita et mes yeux : un fusil
Et celui qui connaît Rita se prosterne
Adresse une prière
A la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel

Moi, j’ai embrassé Rita
Quand elle était petite
Je me rappelle comment elle se colla contre moi
Et de sa plus belle tresse couvrit mon bras
Je me rappelle Rita
Ainsi qu’un moineau se rappelle son étang
Ah Rita
Entre nous, mille oiseaux mille images
D’innombrables rendez-vous
Criblés de balles.

Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête
Dans mon sang le corps de Rita était célébration de noces
Deux ans durant, elle a dormi sur mon bras
Nous prêtâmes serment autour du plus beau calice
Et nous brulâmes
Dans le vin des lèvres
Et ressuscitâmes

Ah Rita
Qu’est-ce qui a pu éloigner mes yeux des tiens
Hormis le sommeil
Et les nuages de miel
Avant que ce fusil ne s’interpose entre nous

Il était une fois
Ô silence du crépuscule
Au matin, ma lune a émigré, loin
Dans les yeux couleur de miel
La ville
A balayé tous les aèdes, et Rita
Entre Rita et mes yeux, un fusil.





>> Mahmoud Darwich - textes

mardi 28 juin 2011

Le théâtre comme la peste est une crise (Antonin Artaud)



Le théâtre comme la peste est une crise qui se dénoue par la mort ou la guérison. Et la peste est un mal supérieur parce qu'elle est une crise complète après laquelle il ne reste rien que la mort ou qu'une extrême purification. De même le théâtre est un mal parce qu'il est l'équilibre suprême qui ne s'acquiert pas sans destruction. Il invite l'esprit à un délire qui exalte les énergies; et l'on peut voir pour finir que du point de vue humain, l'action du théâtre comme celle de la peste, est bienfaisante, car poussant les hommes à se voir tels qu'ils sont, elle fait tomber le masque, elle découvre le mensonge, la veulerie, la bassesse, la tartuferie; elle secoue l'inertie asphyxiante de la matière qui gagne jusqu'aux données les plus claires des sens; et révélant à des collectivités leur puissance sombre, leur force cachée, elle les invite à prendre en face du destin une attitude héroïque et supérieure qu'elles n'auraient jamais eue sans cela.


LE THEATRE ET SON DOUBLE, 1938
"Le théâtre et la peste", 1933

samedi 25 juin 2011

Un chant d'amour (Jean Genet)



Un Chant d'Amour is French writer Jean Genet's only film, which he directed in 1950. Because of its explicit (though artistically presented) homosexual content, the 26-minute movie was long banned and was also disowned by Genet later in his life.

The plot is set in a French prison, where a prison guard takes voyeuristic pleasure in observing the prisoners perform masturbatory sexual acts. In two adjacent cells, there are an older Algerian-looking man and a handsome convict in his twenties. The older man is in love with the younger one, rubbing himself against the wall and sharing his cigarette smoke with his beloved through a straw.

The prison guard, apparently jealous of the prisoner's relationship, enters the older convict's cell, beats him, and makes him suck on his gun in an unmistakably sexual fashion. But the inmate drifts off into a fantasy where he and his object of desire roam the countryside. In the final scene it becomes clear that the guard's power is no match for the intensity of attraction between the prisoners, even though their relationship is not consummated.

Genet does not use sound in his film, forcing the viewer to completely focus on closeups of faces, armpits, and semi-erect penises. Originally produced as a porn movie of sorts, the film with its highly sexualized atmosphere has later been recognized as a formative factor for works such as the films by Andy Warhol.


>> Un chant d'amour sur UBUWEB

wikipedia

calavera

mercredi 22 juin 2011

Univers Zero


"heatwave" 1986

Univers Zéro est un groupe de jazz-rock progressif belge, fondé en 1974 par Daniel Denis et Claude Deron.
Créé comme un groupe de jazz-rock, Univers Zéro évolue bientôt, avec l'introduction d'instruments comme le clavecin ou le basson, vers un son original, beaucoup plus sombre, proche de celui de groupes comme Art Zoyd. Parfois considérés comme les fondateurs du chamber rock (« rock de chambre »), la musique d'Univers Zéro est également rattachée au courant zeuhl dominé par Magma.



With a musical vision that is at the same time dark and ominous, yet stylish and sophisticated, UNIVERS ZERO are one of the most unique and influential bands ever to be associated with progressive rock, and the undisputed creators of the genre known as 'chamber rock'. Getting their inspiration from such diverse sources as rock, jazz, European folk and classical music (both ancient and modern), they have forged a distinctive sound that has received widespread critical acclaim, as well as influencing a vast number of contemporary avant-garde bands and ensembles.

Hailing from Belgium, the band was formed in 1973 by drummer Daniel DENIS and trumpeter Claude Deron, with the original name of Necronomicon - though this was changed to UNIVERS ZERO (after a book by Belgian novelist Jacques Sternberg) in 1974. At the time, their music was strongly influenced by electric jazz, though this changed when Michel Berckmans (reeds) joined the band. Their self-titled debut album (also known as "1313"), composed by DENIS and guitarist Roger Trigaux, was released in 1977 as a limited edition, and soon afterwards reissued by Atem, a label specialized in avant-garde music. The following year, UNIVERS ZERO joined four other groups from different countries (HENRY COW, STORMY SIX, ETRON FOU LELOUBLAN and SAMLA MAMMAS MANNA) to set up the movement known as "Rock in Opposition" (RIO).

Shortly after the release of their second album, "Heresie" (1979), Trigaux left UNIVERS ZERO to form his own band, PRESENT. Then keyboardist Andy Kirk joined the band, and began to contribute his own compositions. The new line-up soon embarked on a tour of France, Yugoslavia, Switzerland and the Netherlands. After the recording of their third album, "Ceux du Dehors" (1981), which featured only a portion of the material the band had composed in that period of time, UNIVERS ZERO ground to a temporary halt because of financial problems, and only resumed their touring activity after several months, with a revamped line-up (including Dirk Descheemaeker on clarinet, and Alan Ward on violin). Their heavy touring schedule in 1981-82, as well as other stresses, led to Kirk's leaving the band in 1983, and yet another line-up change, with Jean-Luc Plouvier (keyboards) and André Mergenthaler (cello) joining, as well as the return of bassist Christian Genet. This version of UNIVERS ZERO played concerts in France, Germany and Belgium, prior to the release of their fifth studio album, "UZED" (1984), considered by many as their masterpiece.

After that, more line-up changes occurred, with Mergenthaler leaving to join French outfit ART ZOYD, and former members Andy Kirk and Patrick Hanappier (violin) returning to the fold, together with a new guitarist, Michel Delory. UNIVERS ZERO; now a seven-piece, participated in a number of prestigious events in 1985 and 1986 (notably the Frankfurt Jazz Festival), performing DENIS' newest compositions, as well as several unrecorded material written by Kirk in 1981-83. In the summer of 1986, this line-up went into the studio to record the band's sixth album, "Heatwave", released in the early months of the following year by US-based label Cuneiform Records. However, in spite of the positive feedback received by the disc, DENIS had already decided to dissolve the band, frustrated by the minimal sales and the lack of opportunities for live performances. The two final line-ups of UNIVERS ZERO's early years are documented by the live album "Relaps", released by Cuneiform in 2009.

After the band's demise, Daniel DENIS worked as a solo artist, releasing two albums of new compositions, "Sirius and the Ghost" (1991) and "Les Eaux Troubles" (1993) on the Cuneiform label, which also began to reissue UNIVERS ZERO's entire back catalogue. He also joined ART ZOYD for a period of seven years. However, the worldwide success of those reissues convinced DENIS to resurrect the band, both as a live and a recording project, at the end of the 1990s. At first UNIVERS ZERO got back together to play a one-off concert at the Festival des Musiques Actuelles at Victoriaville (Canada) in 1997 - with a line-up that included Andy Kirk and Guy Segers. Then, the following year, DENIS and Michel Berckmans reunited, and, with the help of a number of guest musicians (including some former band members), produced four studio albums: "The Hard Quest" (1999), "Rhythmix" (2002), "Implosion" (2004), and "Clivages" (2009), all released on Cuneiform - as well as a live album, "Live!" (2006), and the above-mentioned "Relaps", featuring previously-unreleased archival material.

Raffaella Berry (Raff) - March 2010


>> source: article sur Progarchives





Univers Zero - myspace

Univers Zero - BigBangMag

mardi 21 juin 2011

Lobi Traoré

Bourama Traoré, dit Lobi Traoré est un musicien chanteur de blues malien, né en 1961 à Bakaridianna (Mali, à 20 km de Ségou), et décédé 1er juin 2010, à Bamako. Sa musique est qualifiée de « blues Bambara ».

Appartenant à l’ethnie Bambara, Lobi Traoré adhère à l’adolescence au Komo, société secrète traditionnelle.

Âgé de 16 ans, Lobi Traoré entre dans un orchestre folklorique en tant que chanteur du répertoire bambara, d’abord à Ségou puis à Bamako. Il intègre ensuite le Djata Band, un orchestre créé par Zani Diabaté avant de commencer dans les années 1980 une carrière solo qui l’emmène en tournée en Afrique, en Europe et au Canada.

Lobi Traoré a su lier des instruments traditionnels (la kora, le djembé, la calebasse et le n’goni) à la guitare électrique.

Lobi Traoré a joué avec l’harmoniciste français Vincent Bucher.









>> Lobi Traoré, le précurseur du « bamanan blues » n’est plus

ELIZIR D'AMOR (Tristan Corbière)






ELIZIR D'AMOR

Tu ne me veux pas en rêve,
Tu m'auras en cauchemar !
T'écorchant au vif, sans trêve,
- Pour moi... pour l'amour de l'art.

- Ouvre: je passerai vite,
Les nuits sont courtes, l'été...
Mais ma musique est maudite,
Maudite en l'éternité !

J'assourdirai les recluses,
Ereintant à coups de pieux,
Les Neuf et les autres Muses...
Et qui n'en iront que mieux !...

Répéterai tous mes rôles
Borgnes - et d'aveugles aussi...
D'ordinaire tous ces drôles
Ont assez bon oeil ici:

- A genoux, haut Cavalier,
A pied, traînant ma rapière,
Je baise dans la poussière
Les traces de Ton soulier !

- Je viens, Pélerin austère,
Capucin et Troubadour,
Dire mon bout de rosaire
Sur la viole d'amour.

- Bachelier de Salamanque,
Le plus simple et le dernier...
Ce fonds jamais ne me manque:
- Tout voeux ! et pas un denier ! -

- Retapeur de casseroles,
Sale Gitan vagabond,
Je claque des castagnoles
Et chatouille le jambon...

- Pas-de-loup, loup sur la face,
Moi chien-loup maraudeur,
J'erre en offrant de ma race:
- Pur-Don-Juan-du-Commandeur. -

Maîtresse peut me connaître,
Chien parmi les chiens perdus:
Abeilard n'est pas mon maître,
Alcibiade non plus !






Les Amours Jaunes - Projet Gutenberg

Biographie

jeudi 16 juin 2011

James Ensor et ses eaux fortes













Bien qu'il fût membre du célèbre mouvement belge d'Octave Maus, le "Groupe des XX", et plus tard de celui de la "Libre Esthétique", James Ensor (1860 - 1949 ) demeurait un artiste fort singulier.

Marquées par les thèmes obsessionels de la mort et du désir, ses eaux-fortes tiraient bien leur substance des grands genres grotesques de l'art flamand ancien, tout en ouvrant la voie vers des manifestations avant-gardistes ultérieures, tels l'expressionisme et le surréalisme.




*



L’eau-forte est un procédé de gravure en creux ou taille-douce sur une plaque métallique à l'aide d'un mordant chimique (un acide). L’artiste utilisant l’eau-forte est appelé aquafortiste.

A l'origine, l'eau-forte était le nom donné à l'acide nitrique. « Cette appellation elle-même est celle de l’acide nitrique étendu d’eau : l’aqua-fortis des anciens alchimistes.» Aujourd’hui, l’acide nitrique est remplacée par des mordants moins toxiques, tels le perchlorure de fer.

L'eau-forte est un procédé de taille indirect (par morsure du métal par une acide), par opposition à ceux obtenus par taille directe (à l'aide d'outils tels burin ou pointe sèche). « En un sens général, l’eau-forte, qui est à la fois le procédé, la gravure sur métal et l’estampe obtenue par cette gravure, s’oppose aux autres procédés de taille-douce (ou gravure en creux), exécutés aux outils (burin, pointe sèche, manière noire).»

Parmi les différentes procédés d'eaux-fortes, on trouve l’aquatinte, la gravure au lavis ou la manière de crayon. Toutes désignent une technique de gravure où l’image est creusée sur une plaque de métal à l’aide d’un acide. Elles diffèrent en revanche par les outils ou vernis à graver utilisés.

Le principe est simple : sur la plaque de métal préalablement recouverte d’un vernis à graver, l'artiste dessine son motif à la pointe métallique. La plaque est ensuite placée dans un bain d’acide qui "mord" les zones à découvert et laisse intactes les parties protégées. Après nettoyage du vernis, la plaque est encrée et mise sous presse.

L'eau forte (sans trait d'union) désigne une technique de peinture à la chaux

lundi 13 juin 2011

Mamadou Diabate




Mamadou Diabate Ensemble:
Baye Kouyate (calabash and talking drum), Noah Jarrett (acoustics bass), Mamadou Diabate (composer, arranger and kora), Balia Kouyate (balafon), Djikorya Mory Kante (guitar)


Malian kora musician, Mamadou Diabate is a member of the Mandinka West African jeli (musician caste) family. His musical lineage goes back seven centuries to the time of Sunjata Keita, the conqueror of the Malian empire.




>> http://www.mamadoukora.com/

L'histoire du porno américain :)

>> L'histoire du porno américain




Splendeur et misère du monde du porno, Metropolis vous propose une petite histoire de l’Amérique d’avant le viagra. Ce sont tous les prémices d’une industrie à venir qui sont compilés dans un énorme volume publié chez Allia: The Other Hollywood : l’histoire du porno américain par ceux qui l’ont fait de Legs McNeil et Jennifer Osborne.
Cette histoire est aussi celle de la relation obsessionnelle d’amour/haine entre l’Amérique et le sexe.

Un sujet de Simon Dronet

vendredi 10 juin 2011

Susana BACA, "l'âme noire de la chanson Afro-Péruvienne"

susana baca



“L’Ame du Pérou Noir", l’ambassadrice de la musique afro-peruvienne dans le monde, continue son exploration musicale et son projet de modernisation du patrimoine des descendants d’esclaves africains au Pérou et dans toute l’Amérique latine. Le dernier album de Susana Baca - publié par le label de David Byrne, Luaka Bop - est empreint de fusions qui témoignent de l’ouverture d’esprit de cette artiste. On y retrouve le rap portoricain de Calle 13, de la soul music nord-américaine, de la cumbia colombienne, de puissantes percussions vénézuéliennes, une valse mexicaine et même une chanson de forró, un style qui jusqu’ici n’avait que rarement dépassé les frontières du Brésil. Une véritable célébration de la présence africaine en Amérique.

Susana Baca est née dans la banlieue de Lima, dans un quartier peuplé par des descendants d’esclaves noirs, au beau milieu d’une grande famille de musiciens. Elle n’est pas seulement une brillante chanteuse mais elle est également une chercheuse qui - en compagnie de son mari sociologue - a parcouru les 600 kilomètres de la côte péruvienne (où vivent de nombreux habitants d’origine africaine) pour donner naissance à un disque / livre appelé “Del fuego y del agua” et publié en 1992. Elle compte à ce jour plus d’une dizaine d’albums à son actif et fut récompensée par un Grammy Award.
Avec son mari, le musicologue péruvien Ricardo Pereira, elle collecte les musiques et les chants afro-péruvien et fonde l'Institut Negrocontinuo en 1992.


susana baca







Von Magnet (Electroflamenco)

von magnet

Issu du mouvement post industriel, produit par le légendaire Ken Thomas, le groupe fait ses débuts dans le réseau underground britanique “post industriel” (Test Dept, Psychic TV, Bourbonese Qualk, Greater Than One, SPK…) tout en s'intéressant paradoxalement aux diverses formes rythmiques et expressionnistes du Flamenco. Dès 1987 une synthèse étrange s'opère : machines et sampleurs dialoguent alors avec zapateados (percussions de pieds), danses & guitares flamencas. C'est l'apparition d'un style qu'ils inventent et signent "Electroflamenco".

De 1990 à 1995, en tournée en Europe avec plusieurs spectacles, le groupe devient une troupe cosmopolite, pluridisciplinaire (musiciens, acteurs, plasticiens, acrobates) & itinérante réunie autour d'un noyau humain "cybergitan". Commandité par les Transmusicales (1990/1992) pour la création de "Computador", Von Magnet s'installe en résidences successives à Barcelone, Rennes, Amsterdam & Paris. Ce spectacle à la scénographie mutante envahira des espaces désaffectés (abattoir, église, usines, entrepôts, hôpital) et sera comparé alors aux performances de Royal De Luxe ou de La Fura Dels Baus.

En 1995, Von Magnet collabore avec les 18 danseurs classiques du Komische Oper de Berlin à la construction du ballet "Nuevas Cruzes".

Depuis et jusqu'à ce jour, bousculant les circuits rock, cabaret, gothiques ou même électro, au gré de formules de concerts/performances plus légères toujours fusionnant transes électro-ethniques, actions sonores et théâtrales, impact visuel & expression poétique, le groupe - régulièrement en tournée (France, Allemagne, Belgique, Hollande, Portugal, Danemark, Suisse, Turquie, Tchéquie, Hongrie, Islande, Bosnie, Croatie...) - rayonne d'un activisme scénique passionnel hors norme. Von Magnet crée des performances extravagantes empreintes de futurisme primitif, peuplées de personnages ambigus et s'aventurant au détour d'univers très cinématographiques ("Mezclador" en 1997/1999, "El Planeta" 2000/2002).

D'autres collaborations avec le monde de la danse contemporaine (Ballet Kiel pour le ballet "Guten Morgen Du Schöne" en Allemagne) ou le théâtre de rue ("Deadline Now" avec la compagnie Persona au Portugal, "1+1+1+1= 1" en Turquie) emmèneront le groupe à servir des projets évènementiels de grande envergure.

Après le très flamenco "De L'Aimant" en 2005, Von Magnet déroute à nouveau en 2007/8 avec "Ni Prédateur Ni Proie", un nouvel album accompagné d'une performance radicale, inspirée par la confrontation brutale & magnétique entre 2 mondes contemporains, nord/sud - oriental/occidental...

En 2009 grâce à une toute nouvelle formation, Von Magnet crée en résidence au théâtre de Vanves le nouveau spectacle concert "Polarized" innauguré au festival Riddim Collision de Lyon et au Festival Fade In de Leiria (Portugal).

Au côté de Tit’o (membre de Picore, guitariste de Oddatee ), Def (collaborateur de Balkan Beat Box et Diamanda Galas), Lisa May (danseuse de Jan Fabre), Hugues Villette et Séverine Krouch (le duo électronica « 2 Kilos and More ») et l’éclairagiste Nicolas Priouzeau, Flore Magnet et Phil Von fêtent en 2011 les 25 ans de Von Magnet.

source: http://www.myspace.com/vonmagnet







von magnet


Performance ... Polarized (2009/2010)

Flore Magnet : stage direction, vocals, acting
Phil Von : feet percussions, music, vocals
Def : drums, percussions, electronics, keyboards
Tit'o : guitars, bass
Hugues Villette : drums, percussions
Lisa May: contemporary dance, video
Séverine Krouch : sound
Nicolas Priouzeau : lights



...VON MAGNET LIVE - "POLARIZED"

...le FIL, St-Étienne. In residence 13th to the 17th June + 18th June, 2011 LIVE CONCERT
...Musée d'Art Moderne de Saint Etienne. 21st June, 2011
...at.tension, Theaterfestival. Flugplatz Lärz. 11th September, 2011

Granmoun Lélé

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GranMoun lélé - ah soléyé par dino974

Granmoun Lélé fait du maloya comme on respire. C’est dans sa case de Bras-Fusil qu’il a composé l’essentiel de son répertoire, plus de deux cents chansons qui parlent de sa quotidienneté, de ses rêves, s'inspirant pour ses rythmes de son environnement naturel comme I’océan «le petit désordre de la mer, pour moi, la forme comme une musique». Le maloya du clan Lélé est comme un zambrokal réussi, ce plat créole à base de riz, viande fumée, grains secs ou verts, épices, dans lequel chaque élément s'imprègne des autres tout en gardant une certaine particularité. On le sent dans le second disque, qui, après l'album Namouniman déjà plein de saveurs, met la barre encore plus haut.
C’est que depuis le début des années quatre-vingt, le maloya sous ses différentes acceptions a connu un large écho à la Réunion comme à l'extérieur. Granmoun Lélé, arrivé tardivement dans l’arène internationale, aurait pu s’en tenir au statut d'ancien, mais c’est lui qui s’est révélé un des meilleurs dynamisateurs du patrimoine. En entendant ses arrangements vocaux, les colorisations inédites qu’il apporte au travail percussif de son big band par l'adjonction de nouveaux instruments (djembé, apungalachi, sati, cloches…), on touche une plénitude sonore.

Julien Philéas est né un 28 février 1930 à Saint-Benoît, côte est de l'île de la Réunion. Parce qu'à l'heure du goûter sa mère criait toujours "Julien, lé lait!", il acquiert le surnom de "Lélé". Père malabar-cafre, mère bata-malgache, quatre frères et quatre soeurs, il suit le chemin paternel chez "létablisseman". Beaufonds, terres et fabrique de sucre, y devient journalier, puis ouvrier-ajusteur, "patron cuiseur", jusqu'à la retraite "à 56 ans, 3 mois et des médailles". Le milieu rude des travailleurs de la canne est marqué par la paie du samedi. Celle qui permet d'acheter du rhum et de faire la fête rythmée jusqu'à l'aube par les instruments du cru. C'est dans ces "kabarés" (1), interdit à "la marmaille", qu'après l'adolescence il commence à chanter, inspiré par son oncle, Arsène Madia. Virus de la musique oblige, il va même jusqu'à acheter un accordéon, "de Lyon, pesant 19 kilos". Et avec son ami Tonga Lafa, il rencontre au fil des assemblées une évidente notoriété. C'est que son maloya "foutan", ses compositions, le propulsent bien au delà des frontières de Saint-Benoît (2). Au point que, le 23 décembre 1977, il déclare à la préfecture sa propre troupe, sorte de conservatoire familial, dans laquelle vont évoluer à tour de rôle ses treize enfants (huit en font toujours partie). Et qu'il enregistre quatre titres sur un 45 tours, vinyle qui sera un des premiers du genre avec celui du Saint-Pierrois Firmin Viry.
Pour situer le maloya dans la culture réunionnaise il faut rappeler que l'île, (2512 km2, près de 600.000 habitants aujourd'hui) inhabitée il y a 350 ans est devenue au fil des siècles un cocktail de métissages, une étonnante imbrication de groupes ethniques disparates qui s'interpénètrent culturellement. Aujourd'hui ils sont 180.000 métisses descendants d'Africains, Européens, Indiens, travailleurs agricoles ou petits propriétaires terriens; 120.000 Malabars ou Tamouls ("Malbars" en créole) issus de l'Inde du Sud, ouvriers dans les usines sucrières ou fonctionnaires; 100.000 Blancs nés au pays, repérables en deux groupes, les Gros Blancs ("Gro-Blan") formant les familles possédantes et les Petits Blancs ("Ti-Blan") vivant chichement de l'agriculture ou employés; 40.000 Cafres ("Kaf") descendants des esclaves venus de Madagascar puis de la côte africaine; 15.000 Chinois de Canton ayant le quasi monopole du commerce d'alimentation; 10.000 Indiens musulmans du Gujerat ("Zarab") dominant le commerce du textile et de l'électro-ménager; sans parler des 10.000 Français métropolitains (les fameux "Zorey"). A part les "Zarab" de stricte obédience islamique, la population réunionnaise est catholique. Or, si la plupart des "Malbars" sont pratiquants, ils continuent néanmoins d'observer des rituels tamouls. La religion tamoule, variante de l'hindouisme, persistant sous forme de marches sur le feu, sacrifices d'animaux, abstinences, magies. Les "Cafres" pour leur part observent des rituels d'origine malgache ou africaine appelés services ("sevis malgas" ou "sevis kabars").
Il y a donc une interculture: perte de repères, importants carrefours de filiation et notion du métissage qui se plie à une foule d'interprétations. Il faut aussi se souvenir que la valorisation initiale de l'ex-île Bourbon fut obtenue, du milieu du 17ème siècle jusqu'à l'abolition de la traite en 1830, grâce à la main-d'œuvre esclavagiste. Et ce fait historique, fut-il occulté, est central dans l'inconscient collectif réunionnais.
La société de plantation a engendré une réalité sociale duelle que l'on retrouve dans la musique. Ainsi le séga actuel est-il un hybride de séga primitif et de quadrille des colons blancs du 18ème siècle. D'autres musiques ont accompagné des flux migratoires contemporains, quand le maloya, lui, s'enracinait de façon oedipienne dans la culture des esclaves et des nègres "marrons", ces noirs révoltés qui s'échappaient et se réfugiaient vers les hauteurs volcaniques de l'île (3). Une fracture qui permet d'expliquer la reconnaissance tardive d'un maloya qui fut longtemps cantonné dans des quartiers populaires établis justement sur les aires où se développa la culture de plantation.
Vers 1848, date de l'abolition de l'esclavage, 58.000 esclaves, soit 60% de la population de l'île sont libérés. Mais leur réalité, leur culture sera niée. Aussi bien par les descendants des "nouveaux libres" qui préfèrent évacuer cette part maudite d'histoire dans un souci post-abolitionniste que par les "élites" locales qui jugent obscurantiste toute référence à ce passé douloureux. La départementalisation française de 1946 va conforter le phénomène. Entraînant une vision jacobine de la culture marquée au sceau de l'assimilation dont l'effet sera de marginaliser davantage la culture originelle. Pour preuve, les avatars de la langue créole. Durant longtemps celle-ci est présentée, au pis comme une originalité doudouiste, au mieux comme un patois rural. Et ce n'est que par étapes et sous l'impulsion politique d'intellectuels qu'elle obtiendra statut et droit de cité. L'article fondateur de la revendication linguistique dans la revue d'étudiants créoles, "Le Rideau de Cannes", date de 1961. La première graphie phonologique et le premier poème consciemment kréol de Jean-Claude Legros sont publiés l'année suivante. La parution de 1969 à 1976 du "Lexique illustré de la langue créole" dans le quotidien "Témoignages" à l'instigation de Boris Gamaleya constitue une avancée décisive tout comme les travaux ultérieurs de "Lortograf 77" (graphie phonologique commune), de la revue "Sobatkoz", de Ginette Ramassamy (syntaxe du créole), ou les parutions de dictionnaires Kréol-Français. S'il est important de rappeler ce difficile cheminement de la revendication linguistique - un inspecteur du primaire ne déclarait-il pas encore en 1970 : "il faut fusiller le créole" - c'est que le maloya, danse des Câfres qu'il était, a toujours été par essence au coeur de cette quête identitaire linguistique, mais aussi économique et sociale (4). Point de hasard donc si, de 1956 à 1962, le maloya est prohibé par le gouvernorat de Perreau-Pradier, ce qui lui impose une quasi clandestinité justement chez les coupeurs de canne ou les laissés-pour-compte des "hauts". Si bien que, bien avant que la bataille pour la graphie créole ne prenne corps, "la musique des ancêtres" se révélait être le véhicule privilégié du non-dit anthropologique réunionnais.
L'histoire politique de l'île le vérifiera. Le P.C.R (Parti Communiste Réunionnais) au mitan des années soixante-dix popularise le maloya dans les fêtes de son journal "Témoignages" conformément à sa bataille en faveur de l'autonomie. Les premiers disques de Firmin Viry et de Granmoun Lélé sont d'ailleurs produits à son instigation. Une période durant laquelle les musiciens de maloya sont transportés dans des camions bâchés vers les lieux de concerts comme des personnalités sulfureuses!
Mais la force du maloya dépasse largement les luttes politiques en faveur d'un statut renouvelé de l'île. Comme le dit Julien Philéas: "d'un côté kèr gros, de l'autre kèr joyeux; après il faut mettre sur la balance. Quand nous pense zancêtres comment lété, nou lé kér gros; mais nou kèr lé joyeux quand nou pense zot la gagne la liberté". L'esprit du maloya est bien dans cet entre deux de nostalgie et d'espoir, de blues et de colère, d'humanité volée et de bonheur possible. Ses mots, sa poétique, ses mélodies en mineur, ne renvoient pas seulement au temps des esclaves, ils sont les pièces d'un puzzle identitaire, d'un miroir brisé (5). Ses attributs sont des voix lancinantes que soutiennent des instruments ruraux : le "rouleur" (cheval-tambour de basse que l’on chevauche, né d’un tonneau raccourci fermé d’une peau de chèvre que l'on tend au feu); le "bobre" (arc musical arrimé à une callebasse séchée); le "caïambre", boîte en tiges de fleur de canne contenant des graines que l’on agite à plat, ce mouvement donnant naissance au rythme 6-8, signature rythmique du maloya. Et encore, le "fer-blanc" (boîte de lait cabossée), les "tablas" et le "ravan" indiens, le triangle... Le maloya, enfin, est dans sa configuration originelle d'ordre rituel, ce qui permet de distinguer un maloya pilé (c'est-à-dire accessible à tous, fait pour la danse, festif, véhiculant des thèmes de la vie quotidienne) d'un maloya roulé, lié à des pratiques rituelles d'influence malgache ou tamoules, qui ne se pratique ni en scène ni en spectacles. Ce maloya intime lié aux périodes de carême - lorsque les familles invitent parents et amis à partager préparatifs, prières, offrandes aux Dieux, recueillements - est la trame de fêtes propices à l'échange de légendes, contes, sirandanes (devinettes traditionnelles), durant lesquelles parfois certains "entrent en communication avec l'autre monde" par le phénomène de la transe. Comprendre que ce maloya-là se joue à des jours et des heures précis, selon des codes plutôt secrets.
Granmoun Lélé, par ses origines, fut familiarisé très tôt aux rites malgaches et tamouls. Ainsi, le musicien est-il aussi connu dans l'île comme sculpteur-rénovateur de ces "bondiés" que les pratiquants installent dans leurs petits temples, ou de ces masques dont on se pare lors de bals malbars. Un travail très particulier qui est soumis à des règles strictes : depuis le choix des bois (uniquement du lilas, du margosier ou du camphre), jusqu'à l'abstinence de viande et de relations sexuelles pendant le travail, en passant par un carême de huit à dix jours avant la sculpture.
Granmoun Lélé fait donc du maloya comme on respire. Et c'est dans sa case de Bras-Fusil qu'il a composé l'essentiel de son répertoire, plus de deux cents chansons qui parlent de sa quotidienneté, de ses rêves, s'inspirant pour ses rythmes de son environnement naturel comme l'Océan ("le petit désordre de la mer, pour moi, la forme comme une musique"). Pour ces morceaux, il lui faut "une bonne affaire" (idée), voir "si ça rentre ou pas" et sur une construction implicite chacun des intervenants de la famille mettra "son grain de sel". Son fils Marcel Willy, -distributeur de rythmes qui joua avec Doudou N'Diaye Rose - ayant un rôle décisif dans le dialogue tradition/modernité, tant les oreilles du papa sont ouvertes à la novation, au monde de la jeunesse. Le maloya du clan Lélé est donc comme un zambrokal réussi, ce plat créole à base de riz, viande fumée, grains secs ou verts, épices, dans lequel chaque élément s'imprègne des autres tout en gardant une certaine particularité. On le sent dans ce disque qui après l'album "Namouniman" déjà plein de saveurs met la barre encore plus haut. C'est que depuis le début des années quatre-vingt, le maloya sous différentes acceptions (pur, matiné d'influences séga, jazz, reggae, rock... via les Rwa Kaff, Granmoun Baba, Firmin Viry, Danyel Waro, Ti Fock, Zizkakan, Baster) a connu un large écho à la Réunion comme à l'extérieur. L'île s'est posée la question d'une musique qui pouvait prétendre à l'universalité pour autant qu'elle était à même de se renouveler sans se renier. Granmoun Lélé, arrivé tardivement dans l'arène internationale, aurait pu s'en tenir au statut d'ancien, mais c'est lui qui s'est révélé un des meilleurs dynamisateurs du patrimoine. En entendant ses arrangements vocaux, les colorisations inédites qu'il apporte au travail percussif de son big band par l'adjonction de nouveaux instruments (djembé, apungalachi, sati, cloches... ), on touche une plénitude sonore. Le saut qualitatif du travail du clan Lélé -thèmes, syntaxe, pulsions rythmiques-, devant à l'évidence fournir des pistes de travail à bien des musiciens, jazzmen en particulier.

Frank TENAILLE

Notes :
(1) Du mot malgache kabary: assemblée, qui a donné le néologisme kabar: concert convivial, sorte de fetz noz réunionnais.
(2) Le terme maloya serait, assurent certains, d'origine malgache ("maloy aho"). Le vocable maloy voulant dire parler, dégoiser, dire ce que l'on a à dire. Le séga primitif avait beaucoup à voir avec le maloya avant que les affranchis de 1948 ne le combinent à la musique européenne. Le nom "tchega" se rapporte d'ailleurs au Mozambique à une danse très proche du fandango espagnol. Le swahili "sega" désigne l'acte de retrousser ses habits, geste typique des danseuses que l'on retrouve à l'île Maurice dans le sega ravane, à Rodrigues avec le sega tambour, aux Seychelles avec le moutia.
(3) Ultérieurement, le maloya fut adopté par la majorité des pauvres déracinés (malgaches, africains, engagés Indiens et à un degré moindre petits blancs pauvres). De même, il est patent de constater que les Malbars ont joué un rôle prépondérant dans la conservation du maloya. Les engagés indiens du XIXème siècle, l'adoptant alors que ceux qui en étaient les dépositaires, par désir d'intégration sociale, se départissaient d'une expression jugée liée à l'époque de l'esclavage.
(4) Symptomatique de cette situation, les travaux d'un groupe interdisciplinaire (sociologue, médecin, linguiste, anthropologue, etc) qui en 1989 publia un texte, "Le cache-cache d'une culture minorée et les lambeaux de l'identité perdue", qui mettait l'accent sur "un dysfonctionnement symbolique touchant les pratiques culturelles à la Réunion" allié à un questionnement identitaire non résolu.
(5) La poésie du maloya fut longtemps incomprise et jugée infantile, "décousue", par les tenants cartésianistes du francotropisme. Les poètes contemporains de l'île, Jean Albany, Boris Gamaleya, Axel Gauvin notamment ont depuis fait un sort à ces points de vue. L'univers poétique très "Facteur Cheval" de Granmoun Lélé possède à ce titre toutes les caractéristiques classiques du verbe maloya, avec ses métaphores, ses allusions, ses fantasmagories, son humour, ses emprunts linguistiques (au malgache, au swahili, à des vocables imaginaires) au point que même la famille ne comprend pas tous les mots de Lélé, parfois non transcriptibles en créole usuel.

source: http://www.label-bleu.com/artist.php?artist_id=1


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mercredi 8 juin 2011

L'antidote à l'apathie (par Dave Meslin)


Translated into French by Elisabeth Buffard


La politique locale - les écoles, le zonage, des élections - nous touchent là où nous vivons. Alors pourquoi n'y a-t-il pas plus d'entre nous qui s'impliquent vraiment? Est-ce de l'apathie? Dave Meslin dit que non. Il identifie 7 obstacles qui nous empêchent de prendre part à nos communautés, même si nous sommes vraiment concernés.

Dave Meslin is a "professional rabble-rouser." Based in Toronto, he works to make local issues engaging and even fun to get involved in.
Multi-partisan and fiercely optimistic, Dave Meslin embraces ideas and projects that cut across traditional boundaries between grassroots politics, electoral politics and the arts community. In his work, in Toronto and globally, he attempts to weave elements of these communities together. (His business card reads "Dave Meslin: community choreographer," which feels about right.)

Some of his projects include 2006's City Idol contest, which put a sexy new face on council elections; co-editing Local Motion, a book about civic projects in Toronto; and Dandyhorse and Spacing magazines. And he's part of the Toronto folk/indie collective Hidden Cameras, using their worldwide touring to research voting practices in the cities where they play. He recently founded the Ranked Ballot Initiative of Toronto (RaBIT).

source: http://www.ted.com/talks/lang/fre_fr/dave_meslin_the_antidote_to_apathy.html
(TED-Ideas Worth Spreading. Many thanks to Nathalie Legaye)

mardi 7 juin 2011

lundi 6 juin 2011

Nina Simone






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Eunice Kathleen Waymon et de nom de scène Nina Simone, née le 21 février 1933 à Tryon (États-Unis) et décédée le 21 avril 2003 à Carry-le-Rouet (France), est une pianiste américaine, chanteuse, compositrice et militante pour les droits civiques et principalement associée à la musique jazz. Désirant à l'origine devenir une pianiste classique Simone a finalement joué dans des styles musicaux variés notamment le jazz, le blues, le classique, la soul, le folk, le R&B, le gospel et la pop.

Née dans une famille religieuse, la jeune Nina est très attirée par la musique mais les réalités de la pauvreté et les préjugés raciaux ont raison de ses ambitions. Son parcours musical change de direction lorsqu'elle s'est vu refuser une bourse d'étude à l'Institut Curtis. Alors qu'elle joue et chante dans un petit club de Philadelphie elle est contactée par le label Bethlehem Records pour un enregistrement et le morceau I Love you Porgy devient un grand succès en Amérique en 1958. Simone enregistre au cours de sa carrière plus de 40 albums, de ses débuts avec l'album Little Blue Girl en 1958 jusqu'en 1974 environ.

Son style original est issu de la fusion de chansons gospel et pop avec la musique classique. Après vingt ans de scène, elle s'engage dans le mouvement de défense des droits civiques et sa vie change de direction une fois de plus. La musique de Simone est très influente dans la lutte pour l'égalité des droits que mènent les Noirs à cette période aux États-Unis. Sa musique puissante est une source d'inspiration pour cette génération et continue de l'être pour celles qui suivent...

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Alejandra Pizarnik

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AVANT

à Eva Durrell



forêt musicale



les oiseaux dessinaient dans mes yeux

de petites cages




CONTINUITÉ

Ne pas nommer les choses par leurs noms. Les choses ont des bords dentelés, une végétation lascive. Mais qui parle dans la chambre pleine d'yeux? Qui mordille d'une bouche de papier? Noms qui s'approchent, ombres avec masques. Soigne-moi du vide — dis-je. (La lumière s'aimait dans mon obscurité. Je sus qu'il n'y en avait pas quand je me surpris à dire: c'est moi). Soigne-moi — dis-je.


L'autre rive, traduite en 1983 pour les éditions Unes.



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La poétesse argentine Alejandra Pizarnik est née à Buenos Aires le 29 avril 1936 au sein d’une famille d'immigrants juifs d'Europe Centrale. Après avoir passé son baccalauréat à Avellaneda, Argentine, elle est admise en 1954 à la faculté de philosophie de l'Université de Buenos Aires. Elle abandonne ce cursus pour suivre une formation littéraire avant d'intégrer la faculté de Journalisme. Finalement, afin de trouver sa vraie voie et sans avoir achevé aucune des formations qu'elle avait entreprises, elle travaille dans l'atelier de peinture de Juan Batlle Planas.

Entre 1960 et 1964, elle séjourne à Paris où elle travaille comme pigiste pour le journal Cuadernos para la liberacion de la culture. Durant cette période, elle participe à la vie littéraire parisienne, ce qui la conduit à multiplier les rencontres d'écrivains et à se lier d'amitié avec André Pieyre de Mandiargues, Octavio Paz, Julio Cortazar et Rosa Chacel. Au cours de son séjour à Paris, elle suit également des cours à la Sorbonne. Durant les années suivantes, après être rentrée en Argentine, elle publie à Buenos Aires ses ouvrages les plus importants . En 1968, elle obtient une bourse Guggenheim et fait un bref séjour à New York et à Paris. Après deux tentatives de suicide en 1970 et 1972, elle passe les cinq derniers mois de sa vie dans l'hôpital psychiatrique Pirovano de Buenos Aires. Elle se donne la mort le 25 septembre 1972, à l'âge de 36 ans.




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La désobéissance civile / expérience de Milgram

La désobéissance civile, quand dire non devient un devoir moral




LA SOUMISSION LIBREMENT CONSENTIE

En 1963, à l'université de Yale, Stanley Milgram organise une des premières expériences de psychologie sociale sur le concept de soumission à l'autorité. Ses conclusions sont édifiantes...Posez vous la question, en qui reconnaissez vous l'autorité ?
Cette expérience historique de psychologie sociale date de 1963 et a été mise en image dans le film " I comme Icare " avec Yves Montand. On peut aussi la retrouver dans le "petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens" de Beauvois et Joule.

Tout commence par une petite annonce publiée par voie de presse :
" Laboratoire de l'université X recherche volontaires pour participer à une expérience sur la mémoire . Rémunération 50 Francs de l'heure " Lorsqu'un volontaire se présente au laboratoire, on lui explique qu'il tombe bien car un autre volontaire est déjà arrivé juste avant lui . Le laboratoire a justement besoin de deux personnes , une pour jouer le rôle du professeur et l'autre pour jouer le rôle de l'élève. Les deux volontaires font rapidement connaissance en attendant d'être convoqués par Milgram, le psychologue qui organise l'expérience. Celui ci leur explique qu'ils vont participer une expérience destinée à vérifier les effets de la punition sur l'apprentissage et la mémoire. Le rôle du professeur est simple . Il suffit de lire à l'élève une liste de 50 paires de mots du genre : Le ciel gris, Le chien jaune, Le chat vert etc...

L'élève devra mémoriser les associations de mots et ensuite répondre correctement aux questions du professeur. Si le professeur dit " le nuage ", l'élève devra répondre " noir " En cas d'erreur , le professeur devra administrer à l'élève , une punition sous la forme d'une petite décharge électrique. le voltage des décharges augmentant avec le nombre d'erreurs.
Il est procédé à un faux tirage au sort et l'on demande à la personne qui s'est présentée de jouer le rôle du professeur.

En fait , celui qui doit jouer le rôle de l'élève est un complice de Milgram car le but réel de l'expérience est d'étudier la soumission à l'autorité (soumission librement consentie chez Beauvois et Joule) et non les effets de la punition sur la mémoire. On installe donc "l'élève" sur une fausse chaise électrique mais le "professeur" n'en sait rien. Il pense que tout est réel . "L'élève" qui est un acteur spécialement choisi pour son aptitude à faire semblant de recevoir de vraies décharges électriques fait mine de s'inquiéter quand on l'attache sur la chaise et demande si les chocs électriques risquent de lui faire mal. On lui répond que la douleur sera supportable mais que c'est nécessaire pour le bon déroulement de l'expérience et l'on fait passer le professeur derrière un pupitre comportant des curseurs gradués de 25 volts en 25 Volts. Des petits panneaux sont inscrits au dessus des séries de curseurs :" choc léger ", " choc moyen ", " choc violent ", " choc extrêmement violent " , " choc dangereux " , " choc très dangereux " , " mort ! "
Milgram qui représente l'autorité scientifique en blouse blanche demande alors au professeur de commencer la lecture des associations de mots. Une fois que la liste a été mémorisée par l'élève , le professeur commence à poser les questions.

A partir d'un moment , l'élève se trompe obligatoirement car mémoriser 50 associations de mots en une seule lecture est quasiment impossible.
Milgram qui supervise l'expérience demande donc au professeur d'administrer la punition à l'élève, au départ 25 volts mais au fur et à mesure des nombreuses erreurs de l'élève, les décharges qui deviennent de plus en plus fortes commencent à faire crier l'élève de douleur.
Il veut savoir jusqu'où celui qui joue le rôle du professeur va accepter de torturer un inconnu sous prétexte qu'une autorité scientifique lui en donne l'ordre . L'élève va supplier le professeur d'arrêter l'expérience tandis que l'expérimentateur va lui ordonner de continuer . Même lorsque l'élève simulera le coma ! Milgram ordonnera d'assimiler cela à une mauvaise réponse et demandera au professeur de continuer l'expérience.
Le professeur devra faire un choix .. désobéir à l'autorité ou continuer jusqu'à la mort de l'élève. Les résultats sont effrayants ! Sur 40 personnes testées tout niveau social confondu , 67% des professeurs ont étés jusqu'à la mort de l'élève.
Le reste a abandonné l'expérience vers 300 volts quand l'élève simulait le coma !

Aucun d'eux n'a abandonné quand l'élève hurlait de douleur . Bien sur , ce n'est pas de bon cœur qu'ils ont poussés les curseurs jusqu'à la mort simulée de l'élève attaché sur la chaise électrique . Milgram le dit lui même " J'observai un homme d'affaires équilibré et sur de lui entrer dans le laboratoire le sourire aux lèvres . En l'espace de 20 minutes , il était réduit à l'état de loque parcourue de tics, au bord de la crise de nerfs . Il tirait sans cesse sur le lobe de ses oreilles et se tordait les mains. A un moment il posa sa tête sur son poing et murmura "Oh mon dieu , qu'on arrête !" Et pourtant il continua à exécuter toutes les instructions de l'expérience et obéit jusqu'à la fin." Trois semaines plus tard , quand les professeurs était convoqués pour s'expliquer sur leurs comportements sadiques , il rejetaient immanquablement la faute sur l'autorité scientifique .
Ils n'avaient fait qu'obéir aux ordres et rien de plus ! Ils n'avaient rien à se reprocher.

Phyl d'Arian
P.S. Document Original. Copyright © 2002 vulgum.org. Vous pouvez redistribuer et/ou modifier ce document selon les termes de la GNU/Free

Le lien d'origine http://vulgum.org/libre/imprimer.php3?id_article=304

Ma conclusion serait que cette série d'expériences met bien en lumière la complexité des motivations responsables de nos comportements, la "soumission librement consentie" est un de ceux que je trouve le plus troublant d'origine purement sociologique puisqu'il fait référence, dans cette expérience, à une figure autoritaire désigné par des attributs de pouvoir (au sens large).
Milgram poursuit ses expériences éliminant une par une, grâce à des variantes expérimentales, les circonstances atténuantes d'une telle obéissance : ce n'est ni la blouse blanche, ni le niveau de souffrance du faux cobaye, ni le désir de faire souffrir du sujet qui sont en cause. Ce sont en fait des facteurs complexes tels que le fait de voir la victime ou pas, le fait que l'autorité soit dans la pièce ou non, l'existence d'une dissension au sein de l'autorité etc...

On retrouve en fait le comportement d'une personne qui supposant qu'elle n'a pas les capacités (physiques, intellectuelles ou d'un autre ordre) d'accomplir en toute connaissance de cause un acte donné, c'est à dire de faire face aux conséquences pouvant en découler, décide de se confier en tant qu'outil à une autorité quelconque. Dés lors l'exercice de la responsabilité se situe au niveau de cette autorité, le rôle de l'outil étant de remplir sa tâche au mieux sans s'occuper d'éventuels conflits éthiques ou moraux. (...Some of them Want to be Abused... Eurythmics)
On peut définir la soumission de différentes manières, la plus simple étant l'exécution par un individu d'ordres venant d'une autorité. Mais l'analyse des conditions de soumission montre que le noyau commun de toutes les situations d'obéissance n'est que l'expression d'une capacité des êtres sociaux d'inhiber leurs pulsions propres (et leur sens moral) au profit de directives extérieures du moment qu'elles émanent d'une entité assimilée à une autorité. L'analyse psychologique de Milgram reste très prudente, peut entre afin de ne pas risquer de disqualifier la totalité des résultats par des critiques théoriques complexes alors que le fond du problème est accessible au lecteur totalement "naïf". Les plus optimistes voient dans l'obéissance le signe d'une bonne adaptation de l'individu à la société. Malgré cela, on ne peut s'empêcher, en cette fin de 20ème siècle, de se souvenir des formes les plus tragiques qu'à pu prendre le comportement d'obéissance.

Voir l'ouvrage suivant, très intéressant, sur la soumission librement consentie : "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens" Jean-Léon Beauvois et Robert Vincent Joule. Tout un chapitre y est consacré à l'expérience de Milgram.
Sur le net : "Traité de la servitude libérale" de Jean Léon Beauvois :


Le lien d'origine http://www.cnam.fr/depts/te/dso/lecture/beauvois.htm
Et le site http://www.psychologie-sociale.org

source: http://1libertaire.free.fr/Soumission05.html


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La désobéissance civile est le refus de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent. Le terme fut créé par l'américain Henry David Thoreau dans son essai Résistance au gouvernement civil, publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique.

En Europe, même si le recours au concept de désobéissance civile a tardé à être formulé, l'idée de la résistance à une loi inique ou injuste a existé bien avant le XIXe siècle. Aujourd'hui, le concept s'est étendu à de nombreuses personnes notamment par les actions très médiatiques des altermondialistes ou celles des mouvements anti-pub, certains ne voyant dans ces actions que la dégradation de biens, d'autres y voyant un acte salutaire de désobéissance civile, visant à faire modifier la politique des autorités.

Le Maghreb se soulève contre les dictateurs par Zehira Houfani Berfas

7 janvier 2011

Après la Tunisie, l’Algérie entre dans la révolte populaire

Ce début de l’année 2011 sera marqué par le mouvement de révoltes populaires qui secouent présentement le Maghreb. Des révoltes de la faim, disent certains, mais sûrement pour la justice et la fin des dictatures et autres régimes maffieux, qui gouvernent ces pays par la force et la répression. Alors qu’en Tunisie les émeutes se poursuivent depuis plusieurs semaines, en Algérie, depuis mercredi, les quartiers populaires de la capitale et des grandes villes d’Algérie s’embrasent dans l’explosion de la colère des jeunes, nourrie par un quotidien des plus absurdes dans un pays, qui croule sous les pétrodollars, détournés ouvertement par les despotes au pouvoir depuis des décennies.

La jeunesse algérienne est estimée à plus de 70 % de la population, mais rien dans les politiques officielles n’offre d’ouverture, ni de prise en charge sérieuse de ces millions de jeunes livrés à eux-mêmes sans le moindre espoir à l’horizon. Ils sont acculés à un chômage endémique, à la toxicomanie et la prostitution, à la hogra (injustice en tous genres) et au harraguisme, souvent suicidaire, de même qu’à l’indigence, ce vide culturel et politique sidéral dans un pays déserté par le bon sens et le sel de la vie, parce qu’étouffé sous les lois de l’état d’urgence, bousillé par la corruption des gouvernants et soumis à l’ignorance et à son avatar le plus fidèle : l’intolérance.

En sortant dans les rues pour manifester violemment contre leurs oppresseurs, les jeunes Maghrébins prennent ainsi le monde en témoin de leur désespoir, mais marquent également leur ressentiment envers leurs élites et autres leaders de l’opposition. Cela est d’autant plus vrai en Algérie où les jeunes se sentent livrés à leur sort et abandonnés par les générations précédentes, celle de la Révolution qui a fait la gloire du pays, et celle de l’indépendance, qui n’a jamais su assumer le rôle qui est le sien, à savoir réaliser l’État de droit, objectif ultime de la Révolution algérienne.

Depuis la violation de la constitution par le président Bouteflika pour se payer un 3e mandat, alors que le bilan des 2 précédents était plus que déplorable, autant pour le pays livré aux inconditionnels de l’affairisme local et international souvent sans scrupules, que pour le peuple soumis à des conditions de vie épouvantables, se débattant comme un diable pour assurer sa survie, tout en se faisant agressé par le luxe indécent qu’affichent ouvertement les tenants du pouvoir. Cela fait des années que la situation allait en s’aggravant, mais force est de constater qu’en continuant d’humilier et de mépriser le peuple, de réprimer la liberté d’expression, d’interdire l’ouverture du champ politique et médiatique, d’assurer l’impunité aux grands voleurs et corrompus connus de l’opinion et épinglés pour de multiples forfaitures et trahisons, le régime de Bouteflika est d’ores et déjà responsable de toute tragédie menaçant l’Algérie.

Le président a failli à toutes ses promesses électorales, menti aux Algériens, pire, il a innové dans la mauvaise gouvernance en s’entourant de 13 ou 14 ministres de son propre village, remettant au goût du jour le pouvoir clanique au lieu de moraliser un tant soi peu les mœurs politiques en initiant et balisant une bonne gouvernance, prélude à l’état de droit qu’il avait promis. Le seul deal auquel semble tenir le président, en plus de la mégalomanie et la vanité qui caractérisent les dirigeants arabes, deal qu’il a bien exécuté depuis son arrivée au pouvoir, c’est de pomper plus de pétrole pour que le pécule à partager entre son clan et les militaires soit toujours plus imposant et garant d’une clientèle totalement acquise à sa présidence. Une clientèle qui a choisi de vivre loin de la misère ambiante, dans les forteresses cossues, des citadelles inaccessibles avec des étendues verdoyantes et des plages publiques privatisées par « décret », pour les soustraire au patrimoine public. Avec l’argent du peuple, ils ont édifié des petits paradis et devenus les plus chanceux des milliardaires, puisque contrairement aux occidentaux qui ont souvent trimé pour édifier leurs fortunes, les dictateurs, dont les dirigeants algériens, n’ont qu’à puiser dans le trésor public de leur pays pour assouvir le moindre de leurs désirs. Une situation que le peuple algérien ne veut plus subir. Il revendique la dignité humaine que le pouvoir totalitaire lui a confisquée en le privant du minimum décent pour vivre, à savoir une distribution équitable des ressources nationales, le droit à un travail correctement rémunéré, à un logement pour fonder une famille, et bien sûr cette liberté de penser et d’évoluer sereinement. Autant de revendications qui ne s’accommodent pas avec une dictature, mais exigent plutôt l’instauration d’un État de droit.

Est-ce le début de la fin des dictatures au Maghreb ? La balle est dans le camp des élites et politiciens intègres de ces pays qui doivent, no seulement endosser les revendications de leurs peuples, mais aussi les faire entendre autant sur les tribunes locales que sur la scène internationale. Une façon de mettre devant leurs responsabilités, les grandes puissances qui soutiennent les dictatures au mépris de tant de peuples sur la planète. Désormais, le déni des droits humains ne peut plus durer, ni au Maghreb, ni en Afrique, ni en Amérique latine. Les gouvernants se sont concertés pour promouvoir, voire imposer la mondialisation des marchés, aujourd’hui, en 2011, les peuples se lancent dans la mondialisation de la démocratie.


source: http://www.legrandsoir.info/Le-Maghreb-se-souleve-contre-les-dictateurs.html



Ya Rayah (chaâbi algérois)



Abderrahmane Amrani, connu sous le nom de scène Dahmane el Harrachi( دحمان الحراشى ), né le 7 juillet 1926, à El-Biar (un quartier d'Alger), mort le le 31 août 1980 à Alger, est un musicien, auteur-compositeur et interprète algérien de musique chaâbi.

Le Chaâbi algérois (شعبي) est un genre musical algérois. Šaʿabī signifie « populaire » en arabe (شعب, šaʿab, « peuple »), c'est l'un des genres musicaux les plus populaires d'Algérie, il faut comprendre par populaire comme genre commun ou comme genre par défaut qui constitue le versant « rugueux » de la musique savante issue de la culture arabo-andalouse.
Bien avant l'apparition de ce genre musical, Alger avait déjà son genre populaire qu'on appelle " âaroubi " et qui puise ces modes dans la musique arabo-andalouse. Au temps de Cheikh '''Nador, il y avait une pléiade d'artistes Meddah tels que Mustapha Driouèche, Kouider Bensmain, El Ounas Khmissa, Saïd Laouar, mais nous n'avons retenu de leur art que quatre enregistrements du meddah Malek Saïd qui datent de 1924. A l'origine el medh se pratiquait avec bendirs et flûtes, accompagnés surtout de textes panégyriques. C'est le meddah Kouider BENSMAÏN( le fils du poète Mohamed BENSMAÏN ) qui a été le premier à avoir introduit les instruments à cordes dans les orchestres du Medh. Cette période a coincidé avec l'introduction des textes du " melhoun ", et on a commencé alors à les travailler en les adaptant aux modes musicaux de l'école algéroise. El Hadj M'hamed EL ANKA qui était le disciple de cheïkh Nador, a révolutionné le medh en apportant une note de fraîcheur à ce genre musical réputé monovocal. A ses débuts EL ANKA s'appelait " M'hamed EL Meddah ". Il se produisait surtout dans les fumeries où les jeunes de sa génération venaient apprécier son art. C'est le premier à avoir introduit le mandole( instrument typiquement algérien ) dans le " medh ". En 1947 , EL Boudali Safir a donné le nom de " populaire " à ce genre musical mais ce n'est qu'en 1964 ( après l'indépendance de l'Algérie) durant le festival des arts populaires qu'il a pris le nom officiel et définitif de chaâbi et ce, dans toutes les langues.
Le chaâbi mêle les instruments de la musique classique arabo-andalouse et d’autres venus de la musique classique occidentale. On y trouve la derbouka (percussions) et le tambourin (Tar), mais aussi le mandole (instrument typiquement Algérien, sorte de grosse mandoline aux sonorités de guitare, munie de quatre cordes doubles en métal), le violon (alto ) et le banjo ( généralement dans l'orchestre chaâbi, nous avons un banjo guitare et un banjo ténor ) , un f'hel ( petite flûte en roseau ) sans oublier le quanoun. Les violonistes de l'arabo-andalouse et du chaâbi utilisent toujours leur violon ( Alto ) à la verticale. Quant au mandole, il a remplacé la Kouitra ( instrument de la musique arabo-andalouse Algérienne ). Il n’est pas rare d’entendre aussi le piano. En revanche, aucun instrument électrique n’est admis, hormis parfois le clavier pour son côté pratique.
Les chants du chaâbi, portés par l’idiome algérois, se nourrissent de poésie ancienne mais aussi de textes originaux issus de thèmes actuels. Avec, toujours en toile de fond, l’écho du patrimoine, la plainte ancestrale, la nostalgie du pays. Selon le musicien et joueur d’ukulélé Cyril Lefebvre, « les gens attaquent fort, s’expriment violemment, ce qui rapproche à certains égards le chaâbi du blues ». Dans le chaabi algérois, le quart de ton est carrément absent.



"Ya Rayah" (Le Voyageur) is an Algerian "chaabi" song composed and performed in the 1970s by Dahmane El Harrachi (Amrani Aberrahmane). Up until the past 15 years this song was known to be Dahman El Harrachi's original song and in the Chaabi/Andalous tradition of Algiers. This song is a ballad of the traveler, the exiled, the longing to come back, the immigrant, the "wanderin' star", etc. hence it's universal appeal. In 1997, it was also performed by French-Algerian pop singer Rachid Taha on his second self titled album (producer: Steve Hillage).In September 1998, Taha performed the song live with fellow Algerian singers Khaled and Faudel at the Palais omnisports de Paris-Bercy in Paris, France. Their version was induced on the live album 1,2,3 Soleils the following year.



(Rachid TAHA)

dimanche 5 juin 2011

Les indignés de Bruxelles par Badi BALTAZAR

Visite du campement bruxellois des Indignés - Procès-verbal d’intérêt général

Hier, j’ai décidé de faire un arrêt du côté du carré de Moscou à Saint-Gilles dans l’idée de rencontrer des membres de ce mouvement dit des Indignés. Comme la plupart d’entre vous j’imagine, je me suis posé pas mal de questions sur cet étrange phénomène. Qui sont ces gens ? Pourquoi se sont-ils délibérément installés sur une place au beau milieu de la capitale de l’Europe ? Que veulent-ils ? Quelles sont leurs intentions ? Quels sont les intérêts qu’ils défendent ? Est-ce un groupe, une organisation de militants ? Quelles sont leurs revendications ?


Arrivé sur les lieux, j’ai d’abord constaté que l’endroit avait des airs de festival d’été, avec ses chapiteaux et ses stands. Mais au fur et à mesure que je me rapprochais du coeur de la place, je ressentais le genre d’impression de découverte et d’étonnement que l’on peut avoir lorsque l’on pose le premier pas dans un univers nouveau. La place était littéralement occupée, mais pas seulement. Une société parallèle semblait s’y être formé au sein même de la cité. Des tentes, des tables, des chaises, des fauteuils, des matelas, des échoppes, un potager. Une cuisine au centre, avec une pancarte indiquant que le prix de la nourriture est celui que décidera de lui accorder l’acheteur. Des activités ludiques, des ateliers divers, des jeunes femmes sur des échasses, une bibliothèque à ciel ouvert, des groupes de citoyens formés un peu partout sur la place, qui échangent activement, dans une ambiance cordiale, décontractée mais sérieuse. Des notes se prennent, des coordonnées s’échangent, des solutions s’inventent. C’est le royaume de la débrouille, une espèce de laboratoire où les chercheurs ne sont autres que les citoyens qui s’y retrouvent, se rencontrent, s’écoutent et se parlent. Inutile de préciser que j’ai vite compris qu’il y planait autre chose qu’une simple brise de printemps.

Sous le plus grand des chapiteaux se tenait une assemblée composée d’une cinquantaine de personnes de tout âge, de toutes origines, des chômeurs, des enfants avec leurs parents, des étudiants, des employés, des ouvriers, des fonctionnaires, des retraités, des gens du voisinage. Du bobo à l’altermondialiste, tous semblaient être intéressés par ce qui se déroulait. Symboliquement, ils se passaient la parole en faisant circuler un bout de bois, en guise de micro. Au choix, chacun avait l’opportunité de s’exprimer, de faire part des raisons de ses indignations et de ses réflexions. Des valves avaient été installées et le procès-verbal de la précédente Assemblée Générale y avait été affiché. La tendance m’a semblé être à la création de structures spécifiques aux divers domaines qu’ils souhaitent couvrir. Ces dernières se matérialisent sous la forme de commissions. A ce jour, ont commencés à être formés des cellules de communication, un site web ainsi qu’une logistique opérationnelle et sanitaire appréciable. Par ailleurs, les décisions prises par les activistes sont actées et les potentiels de coordinations nationales et internationales sont envisagés et commentés.

J’en profite donc pour rassurer la bourgmestre de la commune, qui d’après certaines sources serait inquiète quant aux conséquences d’un tel rassemblement et je tiens à lui adresser les salutations les plus pacifiques que les débats auxquels j’ai assisté m’obligent à relayer. Une multitude de messages et de banderoles ont d’ailleurs été accrochés partout sur la place. Ils invitent à l’éveil des consciences et à la mobilisation citoyenne. A noter que plusieurs d’entre elles sont en espagnol ou en anglais.

J’avoue que plongé dans ce microcosme bouillant d’énergie positive, j’étais quelque peu intrigué. Faut dire que ce genre d’espace de partage spontané n’est pas courant. Personnellement, je n’ai jamais vu ça de ma vie en Belgique. Ces gens - venus de partout, partout en Europe et ailleurs dans le monde - qui délibérément se réunissent sur des places, les occupent jour et nuit et y réorganisent une vie sociale, embryonnaire certes mais effective. C’est absolument remarquable. Ce que je veux exprimer c’est que le fait même que ces gens agissent de la sorte - s’inscrivant dans une démarche constamment en mouvement vu que telle est sa raison d’être - est une révolution en soi. Ce sont avant tous les mentalités et les modes de vie en société qui sont ici repensés.

J’insiste cependant sur le fait qu’il faut raison garder et éviter de se laisser happer par je ne sais quelle tentation passionnée. Selon moi, dans l’état actuel, le mouvement naissant dont je témoigne n’est qu’un vecteur de prise de conscience pour les citoyens qui s’y identifient et y contribuent. Néanmoins, leurs intentions et leurs actions n’en sont pas moins profondes et sincères. Ce que ces gens ressentent, l’énergie qu’ils investissent, leurs idées, leur créativité et leurs rêves d’équité sont tout sauf anodins et peu en parle, voire pas du tout. Les quelques journalistes qui ont daigné faire référence à ces mouvements jaillissants sous la bannière d’une démocratie réelle un peu partout dans le monde, oublient ou taisent l’essentiel. Au-delà de la finalité, du potentiel d’expansion et de réalisation de ces mouvements, le fait que ces gens en arrivent à descendre dans les rues et les places et à les occuper pour pouvoir exister et avoir la possibilité de s’exprimer et de se faire entendre, est une illustration grandeur nature du constat d’échec permanent de nos sociétés actuelles. Et vouloir présenter cette réalité comme une simple grogne de chômeurs ou de jeunes en situation de précarité est d’autant plus réducteur et intellectuellement malhonnête.

D’un point de vue factuel, les systèmes économiques, politiques et institutionnels ne répondent plus aux attentes des populations et ont, je le répète, prouvé leurs incompétences. La confiance dans la classe politique en place est à son plus bas niveau et ce qui rend ce phénomène citoyen d’autant plus important selon moi, c’est paradoxalement sa mondialisation. Ces citoyens qui se mobilisent sont tout sauf des illuminés. Ils ont toute leur raison et leurs raisons et ils tendent à porter la voix de Monsieur Tout Le Monde. Et ce qui me touche profondément, c’est l’idée qu’ils le fassent vraiment dans l’intérêt de Monsieur Tout Le Monde. D’après les discussions que j’ai pu avoir avec certains activistes, l’unique prétention qui les anime à ce stade est de créer et de développer cet espace de dialogue, d’expression et de débat. Toutes les pensées, toutes les tendances de la population sont amenées à y être représentées. En un mot, c’est un mouvement qui s’ouvre à tous et qui constitue une possibilité pour tout un chacun de prendre part aux activités ou de prendre l’initiative d’en élaborer. C’est une plate-forme de libre choix et de libre pensée, ce que les institutions aux commandes sont manifestement incapables de proposer.

Vous serez sans doute tous d’accord avec ce constat : tous les indicateurs sont au rouge. Signal que nous sommes arrivés à une étape charnière dans l’évolution du déséquilibre mondial. Les fossés dont nous avons criblé notre espace de vie sont devenus tellement grands que l’émergence de mouvements citoyens deviendra de plus en plus difficile à contenir. Je pense donc que comme toute manipulation, l’aliénation et l’injustice démontreront leurs limites elles aussi, ce qui m’oblige à saluer tous les hommes et toutes les femmes qui ont décidé que leur destin était entre leurs mains, que le monde peut être autre chose qu’un espace de concurrences féroces et immorales et qu’en face des politiques et de la finance privée il y des êtres humains qui ont en commun les mêmes volontés de pacification de la planète. Nul doute que les efforts soient à fournir sur les plans du fond et du long terme, mais le défi en vaut la chandelle. Je souhaite de ce fait aux indignés d’ici et d’ailleurs d’avoir la force de garder l’espoir que je partage avec eux de reconquérir notre souveraineté populaire. Gardons à l’esprit que chacun de nous est une énergie potentielle et chaque particule d’énergie positive, d’intelligence, d’expertise et de force de travail que nous pourrons canaliser seront bénéfiques.

Je tiens également à souligner que bien que la naissance du mouvement des Indignés bruxellois soit survenue dans la foulée de ses voisines européennes, sa particularité me semble être à l’image de ces citoyens : positifs, bon vivants et à des années lumières de tous les clichés de violence ou de désordre que certains oiseaux de mauvais augures colportent. Le besoin qu’ils ont de tout remettre à plat et de vouloir refondre les bases d’une nouvelle vie en société devrait, il me semble, être encouragé, soutenu et renforcé. Contrairement à ce qui se lit dans la presse ou sur les prompteurs, leur démarche n’est pas apolitique, au contraire elle est pleinement politique : se réunir, débattre, échanger, se mobiliser et agir pour le bien de la cité et de ses habitants, n’est-ce pas l’essence même de l’acte politique ?

Ce soir, je suis retourné au campement pour assister à l’Assemblée Générale qui s’y tient quotidiennement. Je fus à la fois surpris et excité de m’apercevoir que le nombre des participants avait quasiment triplé depuis la veille. D’ailleurs, pour répondre au succès des débats, le petit bout de bois qui servait de micro avait entre-temps été troqué contre un mégaphone. Je tiens à témoigner que j’y ai rencontré des gens exceptionnels, des citoyens conscients et pleinement en accord avec eux-mêmes. L’émotion que j’y ai ressentie et la sincérité de leurs actions auront, quoi qu’il arrive, marquer mon esprit. Assister à une telle manifestation d’humanité et de partage est tout simplement bon pour le moral. Il est rassurant et réconfortant de se dire qu’il existe encore des êtres humains si fortement attachés à leurs idéaux de liberté et de solidarité.

Néanmoins, il faut aussi reconnaître que la survie de cet élan de citoyenneté dépendra de sa capacité à occuper l’espace, à mobiliser les masses et à démultiplier les initiatives intelligentes. Par le biais de ce libre buvard, je ne peux que vous inviter à vous joindre à cette merveilleuse aventure humaine, qui je l’espère, n’en est qu’à ses balbutiements. L’idée débattue ce soir de former un campement itinérant de commune en commune semble suivre son petit bonhomme de chemin. Et de nombreuses activités sont prévues sur la place du carré de Moscou tout au long du week-end, n’hésitez donc pas à y faire un saut pour vous faire votre propre idée de ce qu’est cette communion de citoyens dont le rêve à partager est de contribuer à la construction d’un monde dans lequel les gouvernements représenteraient et défendraient réellement les intérêts des électeurs, d’un monde moderne où l’humain pourrait enfin être au centre des préoccupations.

A bon entendeur,

Badi BALTAZAR
www.lebuvardbavard.com

source: http://www.legrandsoir.info/les-indignes-de-bruxelles-qui-sont-ils.html

Blog des indignés: http://www.indignes.be/
Le camp en photos: http://alia.eklablog.fr/les-questions-citoyennes-c634509#!/2011-06-03-yes-we-camp-en-photos-a3887590

http://lafourmirouge.blogspot.com/2011/06/bruxelles-indignee-en-directe-du.html



Les "indignés" de Bruxelles par BELGA_NEWS_AGENCY