mardi 24 mai 2011

Preludio a la siesta de un fauno (movie by Bruno Bozzetto, music by Debussy), 1976




Allegro non Troppo, by Bruno Bozzetto (http://www.bozzetto.com/guardali/watch_allegro.html)
>> Trailer Allegro non Troppo: http://vimeo.com/1711593

Featuring six pieces of classical music, the film is a parody of Disney's Fantasia, though possibly more of a challenge to Fantasia. The classical pieces are set to color animation, ranging from comedy to deep tragedy. At the beginning, in between the animation, and at the end are black and white live-action sequences, displaying the fictional animator, orchestra, conductor and filmmaker, with many humorous scenes about the fictional production of the film. Some of these sections mix animation and live action.
"Allegro non Troppo" means to play "fast, but not overly so".


Debussy's Prélude à l'après-midi d'un faune, an elderly satyr repeatedly attempts to cosmetically recapture his youth and virility, all in vain. As the satyr gets smaller and smaller he roams across a vast countryside which turns out to be a woman's body.

Dvořák's Slavonic Dance No. 7, Op. 46, begins in a large community of cave-dwellers. A solitary cave man wants to break away from the group and builds himself a new home. From this point on the rest of the community copies everything that he does. His attempts to break away from them leads to unintended and humorous consequences.

Ravel's Boléro, some slime oozes out of a Coca-Cola bottle. It progresses through fanciful representations of the stages of evolution until man's skyscrapers destroy all that has come before. This segment parallels The Rite of Spring segment from Fantasia. Its opening moment was used as the image for the film poster.

Sibelius's Valse triste, a cat wanders in the ruins of a large house. The cat remembers the life that used to fill the house when it was occupied. Eventually all of these images fade away as does the cat.

Vivaldi's Concerto in C major for 2 Oboes, 2 Clarinets, Strings and Continuo RV 559, a bee attempting to eat a small meal, but is continually interrupted by two lovers sitting down in the grass.

Stravinsky's The Firebird (specifically The Princesses' Khorovod and The Infernal Dance of King Katschey) begins with a lump of clay molded by a monotheistic symbol of the omniscient pyramid, molding first a few unsuccessful creatures with overly awkward limbs, then finally the Adam and Eve as portrayed in Genesis. Adam and Eve then transform into cel animation, and as in Genesis, the serpent comes up to them, offering the fruits of knowledge in the form of an apple. When they both refuse the serpent eats the apple himself, launching him on into a sinful, hellish environment where he is exposed to advertisements and pornography. The serpent eventually returns to Adam and Eve and spits out the apple.

In an epilogue sequence (which features an assortment of short, unidentified orchestral clips instead of a single piece, though Slavonic Dance No. 7 can be very briefly heard again towards the end) the film's host asks an animated Frankenstein's monster (identified as "Frankenstini") to retrieve a finale for the movie from a basement storeroom. Frankenstini rejects several of these, but delightedly approves of one which depicts a ridiculously escalating war, ending with the earth exploding. The serpent from the Firebird Suite pops out and bites him on the nose, and the words "HAPPY END" drop on them.



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Le Prélude à l'après-midi d'un faune est une œuvre symphonique de Claude Debussy (1862-1918), composée entre 1892 et 1894 et inspirée du poème L'Après-Midi d'un faune de Stéphane Mallarmé, qui est lui-même composé de 110 alexandrins.
Debussy écrit dans sa note explicative : « La musique de ce Prélude est une illustration très libre du beau poème de Mallarmé ; elle ne prétend pas en être une synthèse. Il s'agit plutôt de fonds successifs sur lesquels se meuvent les désirs et les rêves du faune dans la chaleur de cet après-midi. »

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L’Après-Midi d’un faune, Stéphane MALLARME


LE FAUNE


Ces nymphes, je les veux perpétuer.

Si clair,
Leur incarnat léger qu’il voltige dans l’air
Assoupi de sommeils touffus.

Aimai-je un rêve ?

Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais
Bois mêmes, prouve, hélas ! que bien seul je m’offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses.

Réfléchissons..

ou si les femmes dont tu gloses
Figurent un souhait de tes sens fabuleux !
Faune, l’illusion s’échappe des yeux bleus
Et froids, comme une source en pleurs, de la plus chaste :
Mais, l’autre tout soupirs, dis-tu qu’elle contraste
Comme brise du jour chaude dans ta toison ?
Que non ! par l’immobile et lasse pamoison
Suffoquant de chaleurs le matin frais s’il lutte,
Ne murmure point d’eau que ne verse ma flûte
Au bosquet arrosé d’accords ; et le seul vent
Hors des deux tuyaux prompt à s’exhaler avant
Qu’il disperse le son dans une pluie aride,
C’est, à l’horizon pas remué d’une ride,
Le visible et serein souffle artificiel
De l’inspiration, qui regagne le ciel.

O bords siciliens d’un calme marécage
Qu’à l’envi des soleils ma vanité saccage,

Tacite sous les fleurs d’étincelles, CONTEZ
» Que je coupais ici les creux roseaux domptés
» Par le talent ; quand, sur l’or glauque de lointaines
» Verdures dédiant leur vigne à des fontaines,
» Ondoie une blancheur animale au repos :
» Et qu’au prélude lent où naissent les pipeaux,
» Ce vol de cygnes, non ! de naïades se sauve
» Ou plonge..

Inerte, tout brûle dans l’heure fauve
Sans marquer par quel art ensemble détala
Trop d’hymen souhaité de qui cherche le la :
Alors m’éveillerais-je à la ferveur première,
Droit et seul, sous un flot antique de lumière,
Lys ! et l’un de vous tous pour l’ingénuité.


Autre que ce doux rien par leur lèvre ébruité,
Le baiser, qui tout bas des perfides assure,
Mon sein, vierge de preuve, atteste une morsure
Mystérieuse, due à quelque auguste dent ;

Mais, bast ! arcane tel élut pour confident
Le jonc vaste et jumeau dont sous l’azur on joue :
Qui, détournant à soi le trouble de la joue,
Rêve, dans un solo long que nous amusions
La beauté d’alentour par des confusions
Fausses entre elle-même et notre chant crédule ;
Et de faire aussi haut que l’amour se module
Évanouir du songe ordinaire de dos
Ou de flanc pur suivis avec mes regards clos,
Une sonore, vaine et monotone ligne.



Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne
Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m’attends !
Moi, de ma rumeur fier, je vais parler longtemps
Des déesses ; et, par d’idolâtres peintures,
A leur ombre enlever encore des ceintures :
Ainsi, quand des raisins j’ai sucé la clarté,
Pour bannir un regret par ma feinte écarté,

Rieur, j’élève au ciel d’été la grappe vide
Et, soufflant dans ses peaux lumineuses, avide
D’ivresse, jusqu’au soir je regarde au travers.


O nymphes, regonflons des SOUVENIRS divers.
» Mon œil, trouant les joncs, dardait chaque encolure
» Immortelle, qui noie en l’onde sa brûlure
» Avec un cri de rage au ciel de la forêt ;
» Et le splendide bain de cheveux disparaît
» Dans les clartés et les frissons, ô pierreries !
» J’accours ; quand, à mes pieds, s’entrejoignent (meurtries
» De la langueur goûtée à ce mal d’être deux)
» Des dormeuses parmi leurs seuls bras hasardeux ;
» Je les ravis, sans les désenlacer, et vole
» A ce massif, haï par l’ombrage frivole,
» De roses tarissant tout parfum au soleil,
» Où notre ébat au jour consumé soit pareil.
Je t’adore, courroux des vierges, ô délice
Farouche du sacré fardeau nu qui se glisse,

Pour fuir ma lèvre en feu buvant, comme un éclair
Tressaille ! la frayeur secrète de la chair :
Des pieds de l’inhumaine au cœur de la timide
Que délaisse à la fois une innocence, humide
De larmes folles ou de moins tristes vapeurs.
» Mon crime, c’est d’avoir, gai de vaincre ces peurs
» Traîtresses, divisé la touffe échevelée
» De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée ;
» Car, à peine j’allais cacher un rire ardent
» Sous les replis heureux d’une seule (gardant
» Par un doigt simple, afin que sa candeur de plume
» Se teignît à l’émoi de sa sœur qui s’allume,
» La petite, naïve et ne rougissant pas :)
» Que de mes bras, défaits par de vagues trépas,
» Cette proie, à jamais ingrate, se délivre
» Sans pitié du sanglot dont j’étais encore ivre.



Tant pis ! vers le bonheur d’autres m’entraîneront

Par leur tresse nouée aux cornes de mon front :
Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
Chaque grenade éclate et d’abeilles murmure ;
Et notre sang, épris de qui le va saisir,
Coule pour tout l’essaim éternel du désir.
A l’heure où ce bois d’or et de cendres se teinte.
Une fête s’exalte en la feuillée éteinte :
Etna ! c’est parmi toi visité de Vénus
Sur ta lave posant ses talons ingénus,
Quand tonne un somme triste ou s’épuise la flamme.
Je tiens la reine !

O sûr châtiment..

Non, mais l’âme

De paroles vacante et ce corps alourdi
Tard succombent au fier silence de midi :
Sans plus il faut dormir en l’oubli du blasphème,

Sur le sable altéré gisant et comme j’aime
Ouvrir ma bouche à l’astre efficace des vins !



Couple, adieu ; je vais voir l’ombre que tu devins.

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