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lundi 6 juin 2011

Le Maghreb se soulève contre les dictateurs par Zehira Houfani Berfas

7 janvier 2011

Après la Tunisie, l’Algérie entre dans la révolte populaire

Ce début de l’année 2011 sera marqué par le mouvement de révoltes populaires qui secouent présentement le Maghreb. Des révoltes de la faim, disent certains, mais sûrement pour la justice et la fin des dictatures et autres régimes maffieux, qui gouvernent ces pays par la force et la répression. Alors qu’en Tunisie les émeutes se poursuivent depuis plusieurs semaines, en Algérie, depuis mercredi, les quartiers populaires de la capitale et des grandes villes d’Algérie s’embrasent dans l’explosion de la colère des jeunes, nourrie par un quotidien des plus absurdes dans un pays, qui croule sous les pétrodollars, détournés ouvertement par les despotes au pouvoir depuis des décennies.

La jeunesse algérienne est estimée à plus de 70 % de la population, mais rien dans les politiques officielles n’offre d’ouverture, ni de prise en charge sérieuse de ces millions de jeunes livrés à eux-mêmes sans le moindre espoir à l’horizon. Ils sont acculés à un chômage endémique, à la toxicomanie et la prostitution, à la hogra (injustice en tous genres) et au harraguisme, souvent suicidaire, de même qu’à l’indigence, ce vide culturel et politique sidéral dans un pays déserté par le bon sens et le sel de la vie, parce qu’étouffé sous les lois de l’état d’urgence, bousillé par la corruption des gouvernants et soumis à l’ignorance et à son avatar le plus fidèle : l’intolérance.

En sortant dans les rues pour manifester violemment contre leurs oppresseurs, les jeunes Maghrébins prennent ainsi le monde en témoin de leur désespoir, mais marquent également leur ressentiment envers leurs élites et autres leaders de l’opposition. Cela est d’autant plus vrai en Algérie où les jeunes se sentent livrés à leur sort et abandonnés par les générations précédentes, celle de la Révolution qui a fait la gloire du pays, et celle de l’indépendance, qui n’a jamais su assumer le rôle qui est le sien, à savoir réaliser l’État de droit, objectif ultime de la Révolution algérienne.

Depuis la violation de la constitution par le président Bouteflika pour se payer un 3e mandat, alors que le bilan des 2 précédents était plus que déplorable, autant pour le pays livré aux inconditionnels de l’affairisme local et international souvent sans scrupules, que pour le peuple soumis à des conditions de vie épouvantables, se débattant comme un diable pour assurer sa survie, tout en se faisant agressé par le luxe indécent qu’affichent ouvertement les tenants du pouvoir. Cela fait des années que la situation allait en s’aggravant, mais force est de constater qu’en continuant d’humilier et de mépriser le peuple, de réprimer la liberté d’expression, d’interdire l’ouverture du champ politique et médiatique, d’assurer l’impunité aux grands voleurs et corrompus connus de l’opinion et épinglés pour de multiples forfaitures et trahisons, le régime de Bouteflika est d’ores et déjà responsable de toute tragédie menaçant l’Algérie.

Le président a failli à toutes ses promesses électorales, menti aux Algériens, pire, il a innové dans la mauvaise gouvernance en s’entourant de 13 ou 14 ministres de son propre village, remettant au goût du jour le pouvoir clanique au lieu de moraliser un tant soi peu les mœurs politiques en initiant et balisant une bonne gouvernance, prélude à l’état de droit qu’il avait promis. Le seul deal auquel semble tenir le président, en plus de la mégalomanie et la vanité qui caractérisent les dirigeants arabes, deal qu’il a bien exécuté depuis son arrivée au pouvoir, c’est de pomper plus de pétrole pour que le pécule à partager entre son clan et les militaires soit toujours plus imposant et garant d’une clientèle totalement acquise à sa présidence. Une clientèle qui a choisi de vivre loin de la misère ambiante, dans les forteresses cossues, des citadelles inaccessibles avec des étendues verdoyantes et des plages publiques privatisées par « décret », pour les soustraire au patrimoine public. Avec l’argent du peuple, ils ont édifié des petits paradis et devenus les plus chanceux des milliardaires, puisque contrairement aux occidentaux qui ont souvent trimé pour édifier leurs fortunes, les dictateurs, dont les dirigeants algériens, n’ont qu’à puiser dans le trésor public de leur pays pour assouvir le moindre de leurs désirs. Une situation que le peuple algérien ne veut plus subir. Il revendique la dignité humaine que le pouvoir totalitaire lui a confisquée en le privant du minimum décent pour vivre, à savoir une distribution équitable des ressources nationales, le droit à un travail correctement rémunéré, à un logement pour fonder une famille, et bien sûr cette liberté de penser et d’évoluer sereinement. Autant de revendications qui ne s’accommodent pas avec une dictature, mais exigent plutôt l’instauration d’un État de droit.

Est-ce le début de la fin des dictatures au Maghreb ? La balle est dans le camp des élites et politiciens intègres de ces pays qui doivent, no seulement endosser les revendications de leurs peuples, mais aussi les faire entendre autant sur les tribunes locales que sur la scène internationale. Une façon de mettre devant leurs responsabilités, les grandes puissances qui soutiennent les dictatures au mépris de tant de peuples sur la planète. Désormais, le déni des droits humains ne peut plus durer, ni au Maghreb, ni en Afrique, ni en Amérique latine. Les gouvernants se sont concertés pour promouvoir, voire imposer la mondialisation des marchés, aujourd’hui, en 2011, les peuples se lancent dans la mondialisation de la démocratie.


source: http://www.legrandsoir.info/Le-Maghreb-se-souleve-contre-les-dictateurs.html



dimanche 5 juin 2011

Les indignés de Bruxelles par Badi BALTAZAR

Visite du campement bruxellois des Indignés - Procès-verbal d’intérêt général

Hier, j’ai décidé de faire un arrêt du côté du carré de Moscou à Saint-Gilles dans l’idée de rencontrer des membres de ce mouvement dit des Indignés. Comme la plupart d’entre vous j’imagine, je me suis posé pas mal de questions sur cet étrange phénomène. Qui sont ces gens ? Pourquoi se sont-ils délibérément installés sur une place au beau milieu de la capitale de l’Europe ? Que veulent-ils ? Quelles sont leurs intentions ? Quels sont les intérêts qu’ils défendent ? Est-ce un groupe, une organisation de militants ? Quelles sont leurs revendications ?


Arrivé sur les lieux, j’ai d’abord constaté que l’endroit avait des airs de festival d’été, avec ses chapiteaux et ses stands. Mais au fur et à mesure que je me rapprochais du coeur de la place, je ressentais le genre d’impression de découverte et d’étonnement que l’on peut avoir lorsque l’on pose le premier pas dans un univers nouveau. La place était littéralement occupée, mais pas seulement. Une société parallèle semblait s’y être formé au sein même de la cité. Des tentes, des tables, des chaises, des fauteuils, des matelas, des échoppes, un potager. Une cuisine au centre, avec une pancarte indiquant que le prix de la nourriture est celui que décidera de lui accorder l’acheteur. Des activités ludiques, des ateliers divers, des jeunes femmes sur des échasses, une bibliothèque à ciel ouvert, des groupes de citoyens formés un peu partout sur la place, qui échangent activement, dans une ambiance cordiale, décontractée mais sérieuse. Des notes se prennent, des coordonnées s’échangent, des solutions s’inventent. C’est le royaume de la débrouille, une espèce de laboratoire où les chercheurs ne sont autres que les citoyens qui s’y retrouvent, se rencontrent, s’écoutent et se parlent. Inutile de préciser que j’ai vite compris qu’il y planait autre chose qu’une simple brise de printemps.

Sous le plus grand des chapiteaux se tenait une assemblée composée d’une cinquantaine de personnes de tout âge, de toutes origines, des chômeurs, des enfants avec leurs parents, des étudiants, des employés, des ouvriers, des fonctionnaires, des retraités, des gens du voisinage. Du bobo à l’altermondialiste, tous semblaient être intéressés par ce qui se déroulait. Symboliquement, ils se passaient la parole en faisant circuler un bout de bois, en guise de micro. Au choix, chacun avait l’opportunité de s’exprimer, de faire part des raisons de ses indignations et de ses réflexions. Des valves avaient été installées et le procès-verbal de la précédente Assemblée Générale y avait été affiché. La tendance m’a semblé être à la création de structures spécifiques aux divers domaines qu’ils souhaitent couvrir. Ces dernières se matérialisent sous la forme de commissions. A ce jour, ont commencés à être formés des cellules de communication, un site web ainsi qu’une logistique opérationnelle et sanitaire appréciable. Par ailleurs, les décisions prises par les activistes sont actées et les potentiels de coordinations nationales et internationales sont envisagés et commentés.

J’en profite donc pour rassurer la bourgmestre de la commune, qui d’après certaines sources serait inquiète quant aux conséquences d’un tel rassemblement et je tiens à lui adresser les salutations les plus pacifiques que les débats auxquels j’ai assisté m’obligent à relayer. Une multitude de messages et de banderoles ont d’ailleurs été accrochés partout sur la place. Ils invitent à l’éveil des consciences et à la mobilisation citoyenne. A noter que plusieurs d’entre elles sont en espagnol ou en anglais.

J’avoue que plongé dans ce microcosme bouillant d’énergie positive, j’étais quelque peu intrigué. Faut dire que ce genre d’espace de partage spontané n’est pas courant. Personnellement, je n’ai jamais vu ça de ma vie en Belgique. Ces gens - venus de partout, partout en Europe et ailleurs dans le monde - qui délibérément se réunissent sur des places, les occupent jour et nuit et y réorganisent une vie sociale, embryonnaire certes mais effective. C’est absolument remarquable. Ce que je veux exprimer c’est que le fait même que ces gens agissent de la sorte - s’inscrivant dans une démarche constamment en mouvement vu que telle est sa raison d’être - est une révolution en soi. Ce sont avant tous les mentalités et les modes de vie en société qui sont ici repensés.

J’insiste cependant sur le fait qu’il faut raison garder et éviter de se laisser happer par je ne sais quelle tentation passionnée. Selon moi, dans l’état actuel, le mouvement naissant dont je témoigne n’est qu’un vecteur de prise de conscience pour les citoyens qui s’y identifient et y contribuent. Néanmoins, leurs intentions et leurs actions n’en sont pas moins profondes et sincères. Ce que ces gens ressentent, l’énergie qu’ils investissent, leurs idées, leur créativité et leurs rêves d’équité sont tout sauf anodins et peu en parle, voire pas du tout. Les quelques journalistes qui ont daigné faire référence à ces mouvements jaillissants sous la bannière d’une démocratie réelle un peu partout dans le monde, oublient ou taisent l’essentiel. Au-delà de la finalité, du potentiel d’expansion et de réalisation de ces mouvements, le fait que ces gens en arrivent à descendre dans les rues et les places et à les occuper pour pouvoir exister et avoir la possibilité de s’exprimer et de se faire entendre, est une illustration grandeur nature du constat d’échec permanent de nos sociétés actuelles. Et vouloir présenter cette réalité comme une simple grogne de chômeurs ou de jeunes en situation de précarité est d’autant plus réducteur et intellectuellement malhonnête.

D’un point de vue factuel, les systèmes économiques, politiques et institutionnels ne répondent plus aux attentes des populations et ont, je le répète, prouvé leurs incompétences. La confiance dans la classe politique en place est à son plus bas niveau et ce qui rend ce phénomène citoyen d’autant plus important selon moi, c’est paradoxalement sa mondialisation. Ces citoyens qui se mobilisent sont tout sauf des illuminés. Ils ont toute leur raison et leurs raisons et ils tendent à porter la voix de Monsieur Tout Le Monde. Et ce qui me touche profondément, c’est l’idée qu’ils le fassent vraiment dans l’intérêt de Monsieur Tout Le Monde. D’après les discussions que j’ai pu avoir avec certains activistes, l’unique prétention qui les anime à ce stade est de créer et de développer cet espace de dialogue, d’expression et de débat. Toutes les pensées, toutes les tendances de la population sont amenées à y être représentées. En un mot, c’est un mouvement qui s’ouvre à tous et qui constitue une possibilité pour tout un chacun de prendre part aux activités ou de prendre l’initiative d’en élaborer. C’est une plate-forme de libre choix et de libre pensée, ce que les institutions aux commandes sont manifestement incapables de proposer.

Vous serez sans doute tous d’accord avec ce constat : tous les indicateurs sont au rouge. Signal que nous sommes arrivés à une étape charnière dans l’évolution du déséquilibre mondial. Les fossés dont nous avons criblé notre espace de vie sont devenus tellement grands que l’émergence de mouvements citoyens deviendra de plus en plus difficile à contenir. Je pense donc que comme toute manipulation, l’aliénation et l’injustice démontreront leurs limites elles aussi, ce qui m’oblige à saluer tous les hommes et toutes les femmes qui ont décidé que leur destin était entre leurs mains, que le monde peut être autre chose qu’un espace de concurrences féroces et immorales et qu’en face des politiques et de la finance privée il y des êtres humains qui ont en commun les mêmes volontés de pacification de la planète. Nul doute que les efforts soient à fournir sur les plans du fond et du long terme, mais le défi en vaut la chandelle. Je souhaite de ce fait aux indignés d’ici et d’ailleurs d’avoir la force de garder l’espoir que je partage avec eux de reconquérir notre souveraineté populaire. Gardons à l’esprit que chacun de nous est une énergie potentielle et chaque particule d’énergie positive, d’intelligence, d’expertise et de force de travail que nous pourrons canaliser seront bénéfiques.

Je tiens également à souligner que bien que la naissance du mouvement des Indignés bruxellois soit survenue dans la foulée de ses voisines européennes, sa particularité me semble être à l’image de ces citoyens : positifs, bon vivants et à des années lumières de tous les clichés de violence ou de désordre que certains oiseaux de mauvais augures colportent. Le besoin qu’ils ont de tout remettre à plat et de vouloir refondre les bases d’une nouvelle vie en société devrait, il me semble, être encouragé, soutenu et renforcé. Contrairement à ce qui se lit dans la presse ou sur les prompteurs, leur démarche n’est pas apolitique, au contraire elle est pleinement politique : se réunir, débattre, échanger, se mobiliser et agir pour le bien de la cité et de ses habitants, n’est-ce pas l’essence même de l’acte politique ?

Ce soir, je suis retourné au campement pour assister à l’Assemblée Générale qui s’y tient quotidiennement. Je fus à la fois surpris et excité de m’apercevoir que le nombre des participants avait quasiment triplé depuis la veille. D’ailleurs, pour répondre au succès des débats, le petit bout de bois qui servait de micro avait entre-temps été troqué contre un mégaphone. Je tiens à témoigner que j’y ai rencontré des gens exceptionnels, des citoyens conscients et pleinement en accord avec eux-mêmes. L’émotion que j’y ai ressentie et la sincérité de leurs actions auront, quoi qu’il arrive, marquer mon esprit. Assister à une telle manifestation d’humanité et de partage est tout simplement bon pour le moral. Il est rassurant et réconfortant de se dire qu’il existe encore des êtres humains si fortement attachés à leurs idéaux de liberté et de solidarité.

Néanmoins, il faut aussi reconnaître que la survie de cet élan de citoyenneté dépendra de sa capacité à occuper l’espace, à mobiliser les masses et à démultiplier les initiatives intelligentes. Par le biais de ce libre buvard, je ne peux que vous inviter à vous joindre à cette merveilleuse aventure humaine, qui je l’espère, n’en est qu’à ses balbutiements. L’idée débattue ce soir de former un campement itinérant de commune en commune semble suivre son petit bonhomme de chemin. Et de nombreuses activités sont prévues sur la place du carré de Moscou tout au long du week-end, n’hésitez donc pas à y faire un saut pour vous faire votre propre idée de ce qu’est cette communion de citoyens dont le rêve à partager est de contribuer à la construction d’un monde dans lequel les gouvernements représenteraient et défendraient réellement les intérêts des électeurs, d’un monde moderne où l’humain pourrait enfin être au centre des préoccupations.

A bon entendeur,

Badi BALTAZAR
www.lebuvardbavard.com

source: http://www.legrandsoir.info/les-indignes-de-bruxelles-qui-sont-ils.html

Blog des indignés: http://www.indignes.be/
Le camp en photos: http://alia.eklablog.fr/les-questions-citoyennes-c634509#!/2011-06-03-yes-we-camp-en-photos-a3887590

http://lafourmirouge.blogspot.com/2011/06/bruxelles-indignee-en-directe-du.html



Les "indignés" de Bruxelles par BELGA_NEWS_AGENCY

jeudi 26 mai 2011

Espagne : « On veut un changement qui vient du peuple, car d’en haut, il ne viendra pas »





En direct du printemps espagnol, la présidente de Comac, le mouvement de jeunes du PTB (Parti du Travail de Belgique >> http://www.ptb.be/), Aurélie Decoene, nous raconte son séjour au milieu des places madrilènes occupées.

Hier soir, juste avant une assemblée, je discute avec Eva, 37 ans, qui est traductrice. C’est la toute première fois qu’elle se mobilise : « Ce qui se passe ici, ça montre que les gens n’en peuvent plus. Je viens chaque soir depuis le début et beaucoup de mes amis aussi, ils viennent dès qu’ils peuvent. Je participe surtout aux discussions sur la préparation des assemblées de quartiers, car le plus important pour moi est que ce mouvement s’élargisse. Avant on se plaignait car chacun restait chez soi, maintenant on essaie de s’organiser pour réclamer ensemble. On veut un changement qui vient du peuple, car on sait maintenant que d’en haut, il ne viendra pas. » Après la conversation, elle me rattrape : « Une chose que je trouve vraiment importante, c’est qu’il n’y a pas que des jeunes ici, il y a de plus en plus de gens plus âgés aussi. »

De fait, tous les âges étaient représentés hier soir aux alentours de la Plaza del Sol : des ados et des pensionnés, des jeunes chômeurs et des jeunes travailleurs, mais aussi des quarantenaires et des quinquas. Les premiers jours de l’occupation, les assemblées avaient lieu toute la journée, à n’importe quelle heure. Après une semaine, les horaires se sont adaptés pour que puissent participer aussi ceux qui travaillent ou étudient. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils s’engagent dans un mouvement social. Et même pour ceux qui se mobilisent régulièrement, c’est souvent la première fois qu’ils participent à quelque chose d’aussi vaste.

espagne mai 2011 - Aurélie Decoene - ptb

Le jour, on croise les plus actifs, ceux qui organisent l’occupation, soit quelques centaines de jeunes. En une semaine, c’est un véritable village qu’ils sont parvenus à construire avec une bibliothèque, une garderie, deux infirmeries, une cuisine, un point d’information, un point pour inclure de nouveaux bénévoles, des points de distribution d’eau, un atelier bricolage, etc. J’étais loin d’imaginer ça en voyant les photos de la place sur internet ! A côté de ça, d’innombrables équipes de travail, les commissions : pour assurer la communication, pour la déco, pour créer des assemblées de quartiers, pour discuter des revendications du mouvement à court terme et une autre pour discuter du long terme, pour discuter et faire respecter les droits des femmes, une commission « respect » qui assure que l’ordre soit respecté dans le campement et qu’on limite la consommation d’alcool, etc. Tous les midis, un rapport est fait en assemblée générale des discussions de chaque commission.

Le soir, l’affluence est énorme. L’enthousiasme est au rendez-vous, l’envie de participer à construire « autre chose » est palpable. Politiquement, le mouvement est très hétérogène, chacun apporte ses conceptions, parfois élaborées, parfois beaucoup moins. « Quand je pense à toutes ces soirées entre potes que j’ai passées à boire et à fumer pour oublier tous ces problèmes qu’on dénonce ici. Ici, on voit qu’on est plein à vouloir agir, que les jeunes sont prêts à travailler, contrairement à ce qu’on entend parfois, mais on n’est pas prêts à travailler à n’importe quel prix. C’est très enthousiasmant d’être ici, ça me touche beaucoup », raconte Maria, qui est venue de Catalogne pour participer au campement. De fait, c’est un même ras-le-bol qui rassemble, vis-à-vis du chômage, des problèmes de logement, des partis au pouvoir, de cette absence de futur pour les jeunes. Anticapitalisme ? Pour beaucoup, c’est la première fois que la question est posée sous cet angle. Le débat est ouvert, mais ne fait pas – encore – unité. Par contre, chacun apprend et se politise : « Le contenu des discussions a déjà pas mal évolué depuis les premiers jours. Au début, on rejetait surtout la “classe politique”. Aujourd’hui, cela est plus mis en lien avec une critique du système économique », m’explique Isabel, une responsable de l’UJCE (Union des jeunes du parti communiste espagnol).

Ils étaient entre 1 500 et 2 000 à s’être réunis hier soir pour débattre sur différentes places pour les assemblées. C’est la Plaza Carmen qui rassemblait le plus de monde car nombreux étaient ceux qui voulaient participer à la préparation des assemblées de quartiers qui auront lieu samedi. Les assemblées de quartier sont au centre de beaucoup de discussions et suscitent beaucoup d’attentes. Dans le campement, on peut voir la liste (impressionnante) de la centaine de places où les occupants projettent d’organiser une assemblée. Devant mon étonnement, Ismaël me dit : « C’est normal non ? Il y a plein de quartiers à Madrid ! » Isabel, responsable de l’UJCE, m’explique le point de vue de son organisation : « Il faut absolument élargir le mouvement, car on ne pourra pas rester ici indéfiniment, on est trop vulnérables. Et puis c’est important d’inclure dans la dynamique des gens de milieux plus populaires que ceux qui sont rassemblés ici. » Bea, une autre responsable de l’organisation, va dans le même sens : « Ce mouvement offre de grandes perspectives. Cela faisait des années qu’on n’avait plus vécu quelque chose de cette ampleur. Et nous sommes à un moment charnière : soit nous parvenons à élargir, soit cela va s’éteindre. Alors nous faisons tout pour que ce mouvement contribue à faire revivre la dynamique des assemblées de voisins qui existait avant. »

La soirée se termine tard, au milieu de discussions sur les prochains jours et prochaines semaines. Suite au prochain numéro !

espagne mai 2011 - Aurélie Decoene - ptb

espagne mai 2011 - Aurélie Decoene - ptb

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mardi 24 mai 2011

La révolte des indigné-e-s. Notes depuis la Plaza Tahrir de Barcelone




Qualifiée de « génération perdue » par le Fonds monétaire international, la jeunesse espagnole montre qu’elle ne s’est pas endormie. Depuis le 15 mai, ils sont des centaines de milliers dans la rue, avec pour mot d’ordre : « Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques et des banquiers ». Face aux mesures d’austérité, la révolte gronde...

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Il n’y a plus de doutes. Le vent qui a électrisé le monde arabe ces derniers mois, l’esprit des protestations répétées en Grèce, des luttes étudiantes en Grande-Bretagne et en Italie, des mobilisation anti-Sarkozy en France… est arrivé dans l’État espagnol.

Il n’y a plus de place pour le « business as usual ». Les confortables routines mercantiles de notre « démocratie de marché » et ses rituels électoraux et médiatiques se sont vus soudainement perturbés par l’irruption imprévue dans la rue et dans l’espace public d’une mobilisation citoyenne. Cette révolte des indigné-e-s inquiète les élites politiques, toujours mal à l’aise quand la population prend au sérieux la démocratie… et décide de la pratiquer pour son propre compte.
Il y a deux ans demi, quand la crise historique a éclaté en septembre 2008, les « maîtres du monde » ont connu un bref moment de panique, alarmés par l’ampleur d’une crise qu’ils n’avaient pas prévue, par l’absence d’instruments théoriques pour la comprendre et par la crainte d’une forte réaction sociale. Sont arrivées alors les proclamations creuses sur la « refondation du capitalisme » et les faux mea culpa qui se sont peu à peu évaporés, dès que le système financier a été sauvé, face à l’absence de toute explosion sociale.
La réaction sociale s’est faite attendre. Depuis l’éclatement de la crise, les résistances sociales sont relativement faibles. Il y a eu un énorme gouffre entre le discrédit du modèle économique actuel et sa traduction sous forme d’action collective. Plusieurs facteurs l’expliquent, en particulier la peur, la résignation face à la situation actuelle, le scepticisme par rapport aux syndicats, l’absence de référents politiques et sociaux et l’influence, parmi les salariés, des valeurs individualistes et consuméristes inculquées en permanence depuis des années par le système.
La révolte actuelle, cependant, ne part pas de zéro. Des années de travail à petite échelle des réseaux et mouvements alternatifs, d’initiatives de résistances à l’impact bien plus limité ont maintenu la flamme de la contestation pendant cette période difficile. La grève générale du 29 septembre avait ouvert une première brèche, mais la démobilisation ultérieure des directions des syndicats CCOO et UGT et la honteuse signature du Pacte social l’ont refermée en stoppant toute mobilisation syndicale. Avec comme conséquence le discrédit et la perte de tout prestige des syndicats majoritaires aux yeux de la jeunesse combative qui protagonise aujourd’hui les occupations.
Indignés et indignées !
« L’indignation », rendue populaire à travers le pamphlet de Stéphane Hessel, est une des idées-force qui définissent les protestations en cours. C’est la réapparition, sous une autre forme, du « Ya Basta ! » (« Assez ! ») lancé par les Zapatistes à l’occasion de leur soulèvement le 1er janvier 1994 dans la première révolte contre le « nouvel ordre mondial » proclamé à l’époque par George Bush père après la Première guerre du Golfe, la disparition de l’URSS et la chute du Mur de Berlin.
« L’indignation est un commencement. On s’indigne, on se soulève et puis on voit » soulignait Daniel Bensaïd. Peu à peu, on est passé du malaise à l’indignation et de l’indignation à la mobilisation. Nous sommes face à une véritable « indignation mobilisée ». Du tremblement de terre de la crise commence à surgir le tsunami de la mobilisation sociale.
Pour lutter, il ne faut pas seulement du malaise et de l’indignation, il faut également croire dans l’utilité de l’action collective, dans le fait qu’il soit possible de vaincre et que tout n’est pas perdu avant même de commencer. Pendant des années, les mouvements sociaux dans l’État espagnol n’ont connu que des défaites. L’absence de victoires qui démontre l’utilité de la mobilisation sociale et qui augmente les expectatives du possible ont pesé lourdement dans la lente réaction initiative face à la crise.
C’est précisément ici qu’entre l’immense contribution des révolutions dans le monde arabe aux protestations en cours. Elles nous montrent que l’action collective est utile, que, oui, « on peut le faire ». Il n’est donc pas étonnant que des ces révolutions, tout comme les victoires moins médiatisées du peuple islandais contre les banquiers et la caste politique, constituent, depuis le début, des références pour les manifestant-e-s et les activistes du mouvement actuel.
Ensemble avec la conviction que « c’est possible », que l’ont peut changer les choses, la perte de la peur, dans un contexte de crise et de difficultés personnelles, est un autre facteur clé. « Sans Peur », c’est exactement l’un des slogans les plus exprimés ces derniers jours. La peur paralyse encore une grande majorité des travailleurs et des secteurs populaires, ce qui amplifie la passivité ou favorise les réactions xénophobes et peu solidaires. Mais la mobilisation du 15 mai et les occupations qui se répandent comme une traînée de poudre constituent un puissant antidote contre la peur.
Le Mouvement du 15 mai et les occupations ont une importante composante générationnelle. Comme à chaque fois qu’éclate un nouveau cycle de luttes, c’est une nouvelle génération militante qui émerge avec force, et la « jeunesse » en tant que telle acquiert visibilité et protagonisme. Mais si cette composante générationnelle est fondamentale, et s’exprime par exemple dans certains mouvements organisés tels que « Juventud Sin Futuro », il faut souligner que la protestation en cours n’est pas un mouvement générationnel. C’est un mouvement de critique du modèle économique actuel et des tentatives de faire payer la crise aux travailleurs dans lequel les jeunes ont un poids important. Le défit est précisément que, comme dans tant d’autres occasions, la protestation de la jeunesse agisse comme un facteur déclenchant et un catalyseur d’un cycle de luttes sociales plus vaste.

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L’esprit alterglobaliste est de retour

Le dynamisme, la spontanéité et l’impulsion des protestations actuelles sont les plus fortes depuis l’émergence du mouvement alterglobaliste il y a plus d’une décennie. Né au niveau international en novembre 1999 dans les protestations de Seattle pendant le sommet de l’OMC (bien que ses racines remontent au soulèvement zapatiste au Chiapas en 1994), la vague altermondialiste avait rapidement atteint l’État espagnol. Le référendum pour l’annulation de la dette en mars 2000 (organisé le jour même des élections législatives et qui fut interdit dans plusieurs villes par la Junte Électorale) et la forte participation au contre-sommet de Prague en septembre 2000 contre la Banque mondiale et le FMI furent ses premières batailles, en particulier en Catalogne. Mais son caractère massif et large fut atteint avec les mobilisations contre le sommet de la Banque mondiale à Barcelone les 22 et 24 juin 2001, dont on fêtera sous peu le dixième anniversaire. Dix ans plus tard, nous assistons donc à la naissance d’un mouvement dont l’énergie, l’enthousiasme et la force collective n’a plus été observé depuis lors. Il ne s’agira donc pas d’un anniversaire nostalgique, bien au contraire. Nous allons le fêter avec la naissance d’un nouveau mouvement d’ampleur.
Les assemblées qui se sont tenues ces derniers jours sur la Place de la Catalogne (et, sans aucun doute, dans toutes les occupations qui ont lieu dans le reste de l’État espagnol, à commencer par celle de la Puerta del Sol à Madrid), nous ont offert des moments inoubliables, de cette sorte d’événements qui n’arrivent que peu de fois et qui marquent un avant et un après dans les trajectoires militantes de ceux qui y participent et dans la dynamique des luttes sociales. Le mouvement du 15 mai et les occupations sont d’authentiques « luttes fondatrices » et des symptômes clairs que nous assistons à un changement de cycle et que le vent de la révolte souffle à nouveau. C’est une véritable « génération Tahrir » qui émerge, comme l’a fait avant elle la « génération Seattle » ou la « génération Genova ».
A mesure que l’impulsion du mouvement « alterglobaliste » a parcouru la planète, pourchassant les sommets officiels à Washington, Prague, Québec, Göteborg, Gênes ou Barcelone, des milliers de personnes se sont identifiées à ces protestations et une grande quantité de collectifs de par la monde ont eu la sensation de faire partie d’un même mouvement commun, d’un même « peuple », le « peuple de Seattle » ou de « Gênes , de partager des objectifs communs et se sentir participant à une même lutte.
Le mouvement actuel s’inspire également de références internationales plus récentes et importantes de luttes et de victoires. Il cherche à se situer dans la constellation de mouvements aussi divers que les révolutions en Egypte et en Tunisie, des victoires en Islande, dans le contexte d’un combat général contre le capitalisme global et les élites politiques à sa solde. A l’intérieur de l’État espagnol, les manifestations du 15 mai, et aujourd’hui les occupations, exemplaires du point de vue de la simultanéité, de la décentralisation et de la coordination, tracent les contours d’une identité partagée et d’une communauté d’appartenance symbolique.
Le mouvement alterglobaliste a eu en ligne de mire, dans sa phase la plus élevée, les institutions internationales, OMC, BM, FMI et les multinationales. Ensuite, avec le déclenchement de la « guerre globale contre le terrorisme » lancée par Bush junior, la critique de la guerre et de la domination impérialiste ont acquis une forte centralité. Le mouvement actuel, par contre, axe sa critique contre la caste politique nationale, dont la complicité et la servilité face aux pouvoirs économiques ont été plus que jamais mises à nu avec la crise. « Nous ne sommes pas une marchandise aux mains des politiciens et des banquiers » proclamait l’un des principaux slogans du 15 mai. On relie ainsi la critique frontale de la caste politique, de la politique professionnelle, avec la critique, pas toujours bien articulée ou cohérente, du modèle économique actuel et des pouvoirs financiers. « Capitalism ? Game over ».

Vers l’avenir

L’avenir du mouvement initié le 15 mai est imprévisible. A court terme, le premier défi est de continuer à élargir les occupations en cours, à mettre en marche les villes qui ne sont pas encore touchées et à les maintenir, au moins, jusqu’au dimanche 22 mai. Il n’échappe à personne le fait que les journées du 21, « jour de réflexion » pré-électoral, et du 22, jour des élections, vont être décisifs. Le caractère massif des occupations sera alors fondamental.
Il est également nécessaire de mettre en avant de nouvelles dates de mobilisation, dans la suite directe de celle du 15 mai, afin de maintenir le rythme. Le défi principal est de préserver la dynamique simultanée d’expansion et de radicalisation de la protestation que nous avons connues ces derniers jours. Et, dans le cas spécifique de la Catalogne, de chercher des synergies entre la radicalité et la soif de changement du système, exprimés le 15 mai et dans les occupations, avec les luttes contre l’austérité, en particulier dans les secteurs de la santé et de l’enseignement. L’occupation de la Plaza Catalunya (rebaptisée « Plaza Tahrir » par les occupant-e-s, NdT) est devenue un point de rencontre, un puissant aimant, attirant de nombreux secteurs animant les luttes les plus dynamiques. Il s’agit d’amplifier son caractère de point de rencontre des résistances et des luttes qui permette de jeter des ponts, de faciliter le dialogue et de propulser avec force les mobilisations à venir. Établir des alliances entre les protestations en cours, entre les activistes non organisés, le syndicalisme alternatif et de combat, le mouvement des voisins, les collectifs de quartiers, tel est le grand défi des prochains jours.
« La révolution commence ici » chantions nous hier sur la Plaza Catalunya. Au moins, ce qui commence, c’est un nouveau cycle de luttes de masses. Ce qui ne fait pas de doute par contre, c’est que plus de dix ans après l’émergence du mouvement alterglobaliste et deux ans après l’éclatement de la crise, la révolte sociale est de nouveau à l’ordre du jour.

Voir en ligne : http://esthervivas.wordpress.com/fr...

P.-S.
Josep Maria Antentas est professeur de sociologie à l’Universitat Autónoma de Barcelona (UAB).
Esther Vivas participe au Centre d’études sur les mouvements sociaux (CEMS) de l’Universitat Pompeu Fabra (UPF).
Tous deux sont membres de la Gauche Anticapitaliste (Izquierda Anticapitalista – Revolta Global, en Catalogne) et auteurs de « Resistencias Globales. De Seattle a la Crisis de Wall Street » (Editorial Popular, 2009) et participent à l’occupation de la Plaza Catalunya de Barcelone.

http://www.cadtm.org/La-revolte-des-indigne-e-s-Notes http://www.cadtm.org/La-revolte-des-indigne-e-s-Notes


Source: http://www.alterinfo.net/La-revolte-des-indigne-e-s-Notes-depuis-la-Plaza-Tahrir-de-Barcelone_a59002.html

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The day has come
We have taken the streets for a true democracy now
The day ,when the citizens have decided to meet and join their voices
The day ,when we have covered the streets with a clear message
WE ARE NOT SAFE IN POLITICIANS AND BANKERS HANDS
And the message took the streets across the whole country
And the streets celebrated that day as the first day that we have taken a true change.

A change depends on YOU,on ME, on ALL OF US:young people,elder people,workers,unmployed people.

The Media won't silence our voices any more because we have seen we are REAL people, just as the DEMOCRACY we are demanding.

There is no excuse
HISTORY is looking at us and it is our turn to make a movement

We are ready to CHANGE:
Change Injustice into justice
Change Corruption into responsability and dignity
Change Outrage into action

Today, May the 15th, 2011 has been of something unstoppable
The true Democracy of people who consciously choose their path
True democracy who chose consciusly the way
We are demanding a true democracy ,now
Are you thinking that you can´t do anything?
To accept your responsability is to take the challenge
Be a part of the necessary change for a world which will be as you want it to be
Democracy is your choice. Use it.